samedi 28 mai 2016

La fête des gens qu'on aime

Ce message a fait un petit buzz dernièrement sur les réseaux sociaux. Il propose de remplacer la fête des mères et celle des pères par la « fête des gens que l’on aime ». Concrètement, les enfants prépareront à l’école deux objets qu’ils offriront aux personnes de leur choix.

Belle idée. Comme l’a écrit Bernard De Vos Dumont, Délégué général aux droits de l'enfant, à la Communauté française de Belgique, les familles « sont désormais pluriparentales, nucléaires, adoptantes, homoparentales, monoparentales, recomposées : les modèles familiaux ont véritablement explosé au cours de ces dernières décennies. Alors quand l'école se met au diapason de ces évolutions, il n’y a aucune raison de bouder son plaisir » !

A priori, c’est effectivement une belle idée – et elle l’est certainement dans de nombreux cas – mais peut-être est-ce aussi parfois une fausse bonne idée. L’enfant va donc devoir choisir à qui il offrira ses cadeaux. Deux cadeaux. Pas plus. Donc deux personnes. Dans une famille traditionnelle, c’est simple : Maman et Papa. Mais dans les familles d’aujourd’hui ? Si l’enfant donne, par exemple, à sa Maman et au compagnon de celle-ci, quel message donnera-t-il à son Papa : « J’aime plus mon beau-père que toi » ? Et toutes sortes d’autres situations.

L’idée de départ est généreuse, mais elle contient un biais fondamental : les problèmes des adultes sont reportés sur l’enfant ! C’est à lui à choisir qui est digne de son amour, à travers ce misérable mais si précieux bricolage à donner « aux gens que l’on aime ».

Bien sûr, il existe de multiples solutions qui permettront de résoudre la situation. La question n’est pas là. Il est évident par ailleurs qu’on ne peut pas demander aux maîtresses (de l’enfant !) de préparer 3, 4, 5… objets différents pour toutes les personnes à qui l’enfant voudrait montrer son affection. Quoique !

Il n’est pas toujours simple pour l’école de s’adapter aux réalités diverses des enfants. Je ne peux qu’applaudir l’idée de départ. Mais surtout, n’obligeons pas les enfants à faire des choix impossibles dont ils ne sont en rien responsables.