samedi 20 octobre 2018

La force de la résilience

Or donc, dimanche dernier, j’étais candidat aux élections communales. Je n’ai pas été élu, mais cela n’a aucune espèce d’importance : notre liste a, à son niveau, gagné les élections. Non seulement, elle a obtenu le meilleur score de son existence, mais de plus c’est elle qui pouvait décider quelle serait la majorité pour les six années qui viennent. Le choix ne fut pas facile. Il s’est réalisé au terme d’un processus on ne peut plus démocratique. Il faut bien reconnaître cependant qu’à leur réveil une bonne partie de nos électeurs ne l’a pas compris.

Peu importe ici la pertinence de ce choix et les réactions aussi légitimes que trop émotionnelles et immédiates. La semaine qui s’est écoulée ne fut pas facile. Il fallut d’abord encaisser, sans réagir à fleur de peau. Il fallut – et c’est bien naturel – écouter, expliquer, écouter à nouveau, comprendre, écouter encore, apporter quelques compléments d’information, écouter avec empathie… tout en continuant à croire que nous ne nous étions pas trompés. Ce ne fut pas facile. Et nous n’avons sans doute pas (encore) réussi à convaincre tous ceux qui, croyant en nous, ne se sont pas retrouvés dans notre décision.

Dans cette tempête, un élément m’a particulièrement marqué : le resserrement de ceux qui croient vraiment en nos valeurs. En écrivant cela, je ne porte aucun jugement sur ceux qui y croient moins ou qui ne se sont pas resserrés. Je salue avant tout la résilience de toutes celles et de tous ceux qui ont encaissé le choc inattendu quoique prévisible et qui – malgré leur émotion vive – ont cherché d’abord à comprendre, puis à transformer cette difficulté en essai gagnant. Rien n’est encore joué ni gagné. Mais il y a une telle énergie et une telle solidarité qui se dégagent en interne que c’en est assez merveilleux.

Cette expérience est par ailleurs pleine d’apprentissages, à tout niveau. L’univers politique est bien complexe, même lorsqu’on est nourri par les meilleures intentions du monde. Ce que l’on croit évident à un moment ne l’est plus vraiment quelques instants plus tard. Le soutien réel que d’aucuns accordent à des valeurs fondamentales est facilement mis à mal au fil de cheminements dont les méandres sont peu ou mal connus, quand ils ne sont pas détournés par un des maux de notre siècle : les fausses informations et les rumeurs… Mais surtout, oui surtout, c’est quand on croit que tout est perdu que les liens se resserrent, que les regards redécouvrent la complicité, que les engagements se réitèrent plus profonds que jamais.

Le monde politique n’a aujourd’hui pas bonne presse (au sens propre comme figuré). Pourtant, celles et ceux qui le font vivre sont des êtres humains, comme vous et moi. Aujourd’hui, j’ai vu une personne écrasée soudainement par le poids de la vie réelle et s’effondrer, pour ensuite se reprendre. Respect. Je ne croyais pas pouvoir vivre encore de tels moments de vérité humaine. Bien au-delà du jeu politique. La presse n’en parlera pas. Mais la véritable lumière est là, dans toute son authenticité.

jeudi 11 octobre 2018

Les châtaignes d'aujourd'hui

Nous sommes le 11 octobre 2018. Il est 21h30 et je viens de déguster, dehors, des châtaignes cuites à la poêle. Un délice. Mais un désastre ! Les châtaignes grillées, normalement, ça se déguste pour se réchauffer les doigts, ou à côté d’un feu. Là, je suis dehors, comme en plein été. C’est bien agréable, bien sûr. Mais qu’en sera-t-il demain ? Enfin, je veux dire après-demain…

Il n’y a que M. Trump pour nier encore qu’il y a un dérèglement climatique, même s’il doit se rendre demain en Floride constater les dégâts de l’ouragan Michael. C’est bien sûr très malheureux, mais ce n’est que le destin… Trump, au moins, avoue qu’il ne croit pas que cet ouragan soit lié d’une quelconque manière à l’action de l’homme. D’autres dirigeants sont plus nuancés, mais ils ne font rien.

Le récent rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) est pourtant sans appel : si nous ne faisons rien, nous courons à notre perte.

Et nous ne faisons rien. Ou pas grand chose.

En attendant, je mange mes châtaignes d’aujourd’hui, sur la terrasse. Elles sont meilleures que celles d’antan. Mais leur goût délicieux me laisse comme une amertume insupportable… Qu’en sera-t-il des châtaignes du futur ?

vendredi 5 octobre 2018

L'immédiateté

Il y a trois jours, la presse annonçait : « Cette fois, c’est décidé. La clinique Saint-Pierre va quitter Ottignies-LLN pour s’établir à Wavre, entre le Domaine du Blé et l’E411 ». Apparemment, plus un effet d’annonce qu’un réel projet, rien n’étant vraiment décidé. Ce qui m’a le plus étonné est justement de lire les réactions des « gens », non seulement comme si c’était fait, mais aussi comme si l’hôpital lui-même était déjà fait !

Plutôt que de se réjouir de la présence d’un hôpital moderne, ce fut plutôt la litanie des jérémiades : Comment peut-on installer un hôpital là où il n’y a pas de transport en commun ? On a déjà plein de problèmes de mobilité, avec l’hôpital à cet endroit, ça va être l’enfer ! Sans compter le bruit pour les patients coincés entre deux autoroutes, ni le laser de la boîte de nuit juste à côté ! etc.

Tout ça pour un hôpital qui – si le projet se concrétise – ouvrirait ses portes, si tout va bien, aux alentours de 2028 ! Qu’on me comprenne bien : les impacts d’un tel projet sur la mobilité, sur l’environnement, sur la santé… sont évidents, tant positivement que négativement. Dans le contexte d’une Région wallonne et d’une « ville » de Wavre qui visent avant tout à étendre leur potentiel purement économique en réduisant drastiquement leur potentiel social et environnemental, il est indispensable d’être particulièrement attentif au développement de ce projet.

Mais mon propos n’est pas là (ce qui me permettra peut-être de voir qui lit vraiment mes billets) ! Où allons-nous si les « gens » ne sont plus capables de prendre le recul nécessaire par rapport à une information ? Les réseaux sociaux ont introduit la possibilité de réagir immédiatement, sans trop réfléchir. Quelque part, c’est un bien parce que cela donne à tout un chacun l’opportunité de s’exprimer et de participer aux débats sociétaux. Mais si c’est pour dire tout et n’importe quoi, pas sûr que ce soit une avancée démocratique.

Que peut-on faire pour qu’il en soit autrement ? La question est importante, mais si la réponse l’est tout autant, il n’est pas évident de pouvoir l’apporter. Il faudrait pouvoir « éduquer » tout internaute qui se risque sur les réseaux sociaux. Mais comment faire ? Personnellement, je lutte par exemple contre toutes les « infox » (fake news) et autres canulars (hoax) que je vois fleurir chez mes « amis » facebookiens. J’ai souvent l’impression d’être alors perçu comme l’emmerdeur de service, mais bon, on ne se refait pas !

Si vous lisez ce billet et que vous avez de bonnes idées, n’hésitez pas à commenter, que ce soit ici-même ou sur Facebook… Comment quitter le monde de l’immédiateté ?

jeudi 4 octobre 2018

Toqué

Aujourd’hui, j’ai assisté à la remise de diplôme de mon dernier fils. Je ne suis pas sûr que ce soit la dernière fois qu’un de mes enfants obtient un diplôme, mais en tout cas, celui-là s’est fait attendre et oui, c’était pour moi une réelle fierté de voir les compétences de mon fils reconnues de facto par cette cérémonie. J’étais d’autant plus fier qu’avant d’y assister, il avait passé la journée à son travail au sein d’une banque internationale. Je n’ai pas trop d’affinités avec les banques et leurs métiers. Mais y creuser son chemin professionnel est digne de respect.

Je ne suis pas sûr que la cérémonie à laquelle j’ai assisté soit aussi digne de respect. Elle commença par une série d’interventions dont – selon moi – la nullité ne rivalisait qu’avec leur inutilité. Il y eut ensuite la « proclamation » qui m’a ramené des dizaines d’années auparavant, à vrai dire lorsque j’étais enfant ou jeune adolescent. Je ne savais pas – sublime naïveté – qu’on pouvait encore décerner des prix et proclamer le nom des « lauréats » en fonction du grade qu’ils ont obtenu. Bravo pour les meilleurs… mais quid pour ceux ou celles qui n’ont pas correspondu au moule académique ?

Mon questionnement se situe bien à ce niveau. Moi qui ai accompagné de nombreux projets d’évaluation dans l’enseignement – du niveau primaire au supérieur universitaire – j’ai pu souvent me rendre compte qu’une réussite ou un échec est plus souvent lié aux exigences académiques qu’aux compétences des élèves ou des étudiants. En d’autres termes, plus souvent qu’il ne le faudrait, un étudiant réussit ou échoue non pas sur la base de ses compétences, mais parce qu’il correspond ou non aux critères édictés – parfois de manière inconsciente et invisible – par l’institution de formation (et aussi de certification). Dans un tel contexte, quand on voit un jeune laissé à lui-même pour devoir démontrer de manière aveugle des compétences peu définies, on peut se poser des questions.

Ce soir pourtant, le plus important n’est pas là. L’important est que mon fils a reçu ce soir ce fameux papier. L’important est qu’il est inséré dans un projet professionnel qui l’intéresse et qui lui permet d’apprendre des tas de choses. L’important est qu’il a invité ses parents a assisté à cette remise de diplômes et que ceux-ci en étaient bien contents.