jeudi 25 septembre 2014

Sans façon


Les relations humaines ne sont décidément pas faciles. Pour la deuxième fois de ma vie, je me suis fait « jeter » dernièrement tout simplement parce que je n’avais pas eu l’attitude et/ou le comportement attendus par la personne qui déclarait me faire confiance. Il est possible, dans les deux cas, que je n’aie pas été à la hauteur de la situation et que je me sois comporté comme un goujat. Je n’exclus pas cette possibilité, même si je n’y crois pas trop. Finalement, j’ai simplement été moi-même.

De manière très explicite, dans les deux cas, le seul vrai reproche qui m’était fait était de ne pas avoir été celui qui était espéré. En d’autres mots, on ne me reprochait pas vraiment d’être ce que je suis, mais surtout de ne pas être ce que je ne suis pas. Et qu’on voudrait que je sois ! Il y a là une logique que j’avoue ne pas trop comprendre. Pourquoi devrais-je correspondre à l’image idyllique que l’autre estime bonne pour moi ? Comment peut-on me reprocher de ne pas être le modèle attendu, façonné par l’autre ?

Lorsque je me suis marié, le célébrant qui me connaissait bien a dit à celle qui allait devenir ma femme : « Surtout, n’essaie pas de le changer tel que tu le voudrais. D’autres s’y sont essayé, sans succès ». Plus de trente ans plus tard, je n’ai jamais senti le moindre essai de la part de ma femme de me transformer pour que je corresponde à une image virtuelle qu’elle se serait faite de moi. Elle m’a simplement accepté tel que je suis, tout comme je l’ai acceptée telle qu’elle est. Nous sommes toujours ensemble, heureux de l’être et sans doute plus amoureux aujourd’hui que nous ne l’étions lorsque nous avons décidé ensemble d’aller plus loin. N’est-ce pas là la recette miracle de l’amour qui perdure ?

Bien sûr, il est logique qu’on se détache d’un ami avec lequel on n’aurait plus rien à partager. Ni l’amitié ni l’amour ne sont éternels. Et quand il n’y a plus de partage possible, les liens s’estompent. Si en matière d’amour, cela passe sans doute par des ruptures, est-ce également le cas en ce qui concerne l’amitié ? Est-il nécessaire – comme dans un bac à sable – de dire « Tu n’es plus mon ami ! » ? Ne peut-on pas laisser la relation se déliter par elle-même ? En ne fermant pas toutes les portes à venir. Mais en s’effaçant progressivement, peut-être parce que simplement on ne détient pas nécessairement la vraie vérité de la relation.

À vrai dire, je n’ai pas la réponse à ces questions. Toute relation est complexe. Et la complexité ne peut pas se modéliser dans une apparence artificielle de simplicité. Il n’empêche que je suis convaincu que vouloir que l’autre corresponde exactement à l’image que l’on s’en fait est une démarche aberrante et fondamentalement égocentrique. Si je prends un peu de recul, je me dis que n’avoir été confronté qu’à deux situations de ce style est finalement une chance : il est fort possible que la plupart d’entre nous rencontre bien plus souvent ce type de conception de l’amitié ! Et en subisse les conséquences. Car si celui ou celle qui « jette » l’autre parce qu’il n’est pas le rêve espéré doit certainement en souffrir, imagine-t-il/elle une seule seconde la souffrance de celui qui se fait jeter simplement parce qu’il est ce qu’il est, un être humain, en toute sincérité ?

Si seulement nous pouvions nous accepter, tous et toutes, tels que nous sommes, sans vouloir façonner l’autre à notre image…

mercredi 24 septembre 2014

Pour une poignée de connards

Une nouvelle fois, la planète entière semble entrer en guerre. Il faut tuer, anéantir, montrer qu’on est les plus forts. L’État islamique – Daesh – n’a qu’à bien se tenir : la puissance internationale – sous le leadership des USA ? – a décidé d’exterminer ces djihadistes décérébrés, avec la bénédiction de l’ONU.

Je hais les guerres. Je hais la violence. Comme Salvor Hardin l’a dit, sous la plume d’Isaac Asimov, « La violence est le dernier refuge de l’incompétence ». Utiliser la violence n’est jamais que l’aveu de sa propre faiblesse, de son incapacité d’avoir pu trouver d’autres solutions.

Mais en attendant, que faire ? Que faire d’autre ? Face à ce groupement terroriste qui – tout le monde s’accorde sur ce point – n’est ni un État ni islamique, quelle réponse peut-on vraiment apporter, autre que cette guerre détestable ?

Même la Belgique s’y engage, avec la quasi unanimité politique. Alors que tous les citoyens vont devoir serrer encore un peu plus fort leur ceinture, notre pays – comme d’autres – ne va pas hésiter à dépenser quelques millions d’euros pour faire voler ses F16 et faire éclater quelques bombes laserées de haute technologie. Sans état d’âme. Boum !

Tout ça pourquoi ? Parce qu’une poignée de connards se sentent investis d’une mission pseudo-salvatrice au nom d’un dieu qui n’en demande sans doute pas autant. D’où viennent-ils ? Qu’est-ce qui fait qu’ils émergent comme ça, avec toute leur barbarie ? Il ne fait pas de doute que ceux qui vont essayer de les anéantir – nous – y sont pour quelque chose. Mais ce n’est pas nous qui décidons de leur folie, de leur connerie. Ils doivent l’assumer.

J’ai vraiment envie de vomir. Mais je ne sais plus ce qui me dégoûte le plus. Je déteste la violence hégémonique du monde entier qui écrase tout ce qui ne va pas en son sens. Je déteste sans doute encore plus cette violence aveugle créée par quelques personnes – ils sont quand même quelques milliers – qui décident que pour construire le monde la seule solution est de le détruire.

Tout ça, oui, pour une poignée de connards…

dimanche 7 septembre 2014

Un noyer sauvé par les eaux

FMG©2014

Depuis des années, un noyer occupe une petite place de notre espace. Il ne paie pas de mine ayant dû se développer à l’ombre d’un chêne majestueux, aujourd’hui disparu, et ayant dû affronter depuis quelques temps la poussée intempestive d’épicéas plantés là par un voisin qui apparemment voulait surtout nous boucher la vue.

Depuis que nous sommes ici, je guette chaque année la période des noix, car j’adore les noix fraîches, non seulement pour leur goût mais aussi pour l’impression formelle (et illusoire) de nourrir un peu mon cerveau tout en étant d’une valeur nutritive assez exceptionnelle. Ce ne fut jamais la gloire : les bonnes années, nous avions droit tout au plus à une dizaine de noix annuelles. Pas de quoi s’esbaudir !

Cette année, je ramasse une bonne douzaine de noix… quotidiennes ! Une véritable abondance. Elles sont de plus bien plus grosses que les années précédentes et particulièrement délicieuses. Est-ce dû aux pluies abondantes de ce mois d’août ? Ou à quelque autre phénomène impossible à isoler ? Ou simplement à un cycle qui fait que l’arbre se sent bien cette année pour produire de nombreux fruits ? Allez savoir.

À vrai dire, je ne cherche d’ailleurs pas vraiment à savoir ! Je me contente de ramasser les noix quotidiennes – en étant conscient que je dois en rater plus d’une – et de déguster ce fruit délicieux.

Néanmoins, je m’émerveille de cette productivité quelque peu miraculeuse. Il est peu probable que j’y sois pour quoi que ce soit, mais je ne peux quand même m’empêcher de penser que pendant des années, j’ai continué à y croire. À chaque mois de septembre – en sachant que la saison des noix s’étale de septembre à novembre – je suis allé observer ce que l’arbre produisait. Pour constater la plupart du temps que le récolte était « à la noix », sans aucune valeur ! Mais j’y revenais, chaque année, me disant qu’une saison n’est pas une autre et qu’on peut toujours espérer.

Comme quoi, il suffit parfois dans la vie d’y croire et d’être patient !

jeudi 4 septembre 2014

Le négativisme

Il est troublant de constater – dans la planète internet – combien règne le négativisme. Parmi les millions d’avis qui sont émis ici et là chaque jour, de nombreux sont clairement négatifs, cherchant plus le problème que la solution. On ne devrait sans doute pas s’en étonner dans les nombreux « forums » où chaque quidam peut énoncer sans crainte toute sa frustration. Il est plus étonnant que ce soit aussi – souvent, pas toujours – le cas pour les « faiseurs d’opinion ».

Je ne prendrai qu’un exemple : ce fameux « Ice buckett challenge » qui a marqué cet été 2014. En soi, il faut bien reconnaître que s’il est assez sain de se verser un seau d’eau glacée sur la tête quand il fait chaud (ce qui est théoriquement le cas en été), il est assez futile de le faire même s’il ne fait pas chaud et dans l’unique but de le partager sur Internet en réponse à un quelconque défi. C’est clair que ce n’est pas le sommet de l’intelligence, mais il faut bien avouer que c’est amusant, non seulement pour celui qui accepte de se mouiller – je l’ai fait ! – mais aussi pour ceux qui regardent les dites vidéos dont certaines – pas la mienne – sont vraiment désopilantes. Futile, oui, mais amusant !

Cela n’empêche pas certains de maugréer dans leur petit espace virtuel. Leur premier reproche serait que bien peu de gens contribuent réellement à financer d’une manière ou d’une autre les associations qui s’occupent de la Maladie de Charcot, d’autant plus qu’on aurait soi-disant le choix entre se mouiller ou donner. Personnellement, j’ai toujours entendu qu’on pouvait aussi faire les deux, mais de toute façon, l’important n’est pas là. L’important est que ce défi a de toute façon permis de sensibiliser des millions de personnes ne fut-ce qu’à l’existence de cette maladie particulièrement invasive. Que beaucoup de personnes volontairement aspergées n’aient pas donné le moindre sou pour les associations, c’est vraisemblable. Et alors ? En attendant, la Ligue SLA Belgique a récolté entre le 12 et le 31 août – soit en trois semaines – la somme de 123 000 EUR, alors qu’elle bénéficie d’habitude d’environ 8000 EUR annuels. Faites vos comptes…

Cela n’empêche pas certains de voir le mal là où il n’y a que bien. Il y aurait ainsi une indécence fondamentale à « gaspiller de l’eau » alors qu’il y a certaines régions du monde qui en manquent cruellement. C’est vrai que l’eau est un enjeu essentiel du 21e siècle. Il suffit d’analyser les guerres pour s’en rendre compte. Mais en quoi est-il indécent de se déverser un seau d’eau sur la tête dans une région qui ne manque pas d’eau ? Ce malheureux seau d’eau aurait-il dû être transféré par avion dans un petit sac pour – peut-être – arriver dans des régions souffrant atrocement d’un déficit aquatique ? Finalement, l’indécence ne consiste-t-elle pas à voir de l’indécence là où il n’y en a pas ?

La critique ultime est que ce geste humide ne témoignerait que de la volonté de s’afficher sur Facebook ou autres réseaux virtuels. C’est possible. Mais en quoi cela dénigre-t-il à la fois l’aspect ludique du challenge et son côté social ? On vit dans un monde où l’image – surtout celle qui n’est que virtuelle – occupe une place importante. C’est une réalité, et on peut effectivement regretter cette réalité. Elle est dangereuse et absconde quand des terroristes se mettent en scène pour décapiter d’innocentes victimes. Elle est juste une petite crise d’ego quand de parfaits anonymes ont ainsi l’impression non seulement d’exister, mais aussi d’être utiles.

Quoi qu’on puisse en penser, mon propos ne porte pas tant sur le Ice bucket challenge que sur le besoin apparemment irrépressible qu’ont certains à voir avant tout ce qui ne va pas dans le moindre événement, comme si penser correctement aujourd’hui était surtout d’être négativiste plutôt que créateur de lumière. On me dira – non sans raison – que c’est ce que je suis en train de faire… Il est temps de me taire ! Promis, mon prochain billet sera plus lumineux !