lundi 30 avril 2007

Dodo l'enfant do


Grégory Lemarchal est mort aujourd’hui. Victime de la muscoviscidose. Il allait avoir 24 ans. C’était un ange… et il est sans doute retourné chez lui !

Vainqueur de la Star Ac 2004, il m’avait séduit dès sa première apparition, mais c’est surtout le jour où il a chanté « SOS d'un Terrien en Détresse » qu’il m’a fait trembler. Ce gars-là avait du sublime dans sa voix et de l’émotion rare.

Il était bien dans sa peau, mais mal dans son corps. Dodo, l’enfant do……

Pourquoi je vis, pourquoi je meurs
Pourquoi je ris, pourquoi je pleure
Voici le S.O.S
D'un terrien en détresse
J'ai jamais eu les pieds sur Terre
J'aim'rais mieux être un oiseau
J'suis mal dans ma peau

J'voudrais voir le monde à l'envers
Si jamais c'était plus beau
Plus beau vu d'en haut
D'en haut
J'ai toujours confondu la vie
Avec les bandes dessinées
J'ai comme des envies de métamorphose
Je sens quelque chose
Qui m'attire
Qui m'attire
Qui m'attire vers le haut

Au grand loto de l'univers
J'ai pas tiré l'bon numéro
J'suis mal dans ma peau
J'ai pas envie d'être un robot
Métro boulot dodo

Pourquoi je vis, pourquoi je meurs
Pourquoi je crie, pourquoi je pleure
Je crois capter des ondes
Venues d'un autre monde
J'ai jamais eu les pieds sur Terre
J'aim'rais mieux être un oiseau
J'suis mal dans ma peau

J'voudrais voir le monde à l'envers
J'aim'rais mieux être un oiseau
Dodo l'enfant do

dimanche 29 avril 2007

Archambault

FMG © 2007

De passage en coup de vent à Montréal, je me suis retrouvé à côté d’Archambault. Il pleuvait, alors plutôt que de me laisser mouiller, je suis entré.

Je suis entré dans la caverne d’Ali-Baba de la musique ! Quatre étages consacrés à la musique. Des livres sur la musique, des instruments de musique, des partitions, mais surtout des milliers de CD : du jazz, du classique, de l’urbain, du pop, du folk… et beaucoup de chanson française ! Je n’ai jamais vu autant de disques de chanson française réunis en un seul endroit. De la chanson québecoise bien sûr, que je connais relativement mal, mais aussi de la chanson de partout dans le monde où l’on parle et chante français.

Je crois que j’aurais pu ne plus sortir avant longtemps de ce paradis, d’autant plus qu’il continuait à pleuvoir ! Mais mon dos supporte difficilement une position debout fixe, j’avais un rendez-vous, et surtout, la pile de CD qui était dans mes mains augmentait de plus en plus au fur et à mesure des découvertes. Jusqu’au moment où j’ai fait de rapides opérations de calcul mental et où je me suis rendu compte que je dépassais largement mon budget (d’autant plus qu’il faut toujours ajouter ces satanées taxes non comprises dans le prix affiché). Bref, j’ai été remettre dans les bacs quelques CD ci et là et je me suis dirigé vers la caisse, avec un doute pour un CD. Les comptes faits, je pouvais encore ajouter ce dernier en me laissant encore assez d’argent pour me nourrir pour un dernier repas.

Finalement, je n’ai rien acheté de vraiment nouveau pour moi. Je n’ai pas osé acheter des disques inconnus, même si les pochettes me plaisaient. Il faudrait plus de temps pour écouter tout cela et se laisser tenter : il y a tant à découvrir.

Archambault, c’est vraiment un lieu magique. Merci, la musique.

samedi 21 avril 2007

Le droit de ne pas être à la hauteur

FMG © 2007

La vie sociale, familiale, professionnelle, artistique… exige qu’on soit toujours à la hauteur. C’est-à-dire au sommet. Sans faille. Sans dérive. En pleine lumière.

Mais qui peut être à la hauteur à tout moment ? Et quand bien même quelqu’un le serait, ne serait-il pas qu’un mythique fantasme ignorant la réalité du monde ?

Je revendique le droit de ne pas être à la hauteur. Le droit d’avoir des faiblesses. Le droit de ne pas être parfait. Le droit de me laisser aller parfois. Le droit, sans doute tout simplement, d’être un homme !

La vérité de l’être ne sort-elle pas de la strie du paraître ? Soyons nous-mêmes. Osons le doute. Ignorons le poids du devoir. Soyons.

Plus facile à dire qu’à… être !

vendredi 13 avril 2007

Être un autre

FMG © 2003, 2007

Il est des jours où l’on a envie d’être un autre. Non pas pour usurper une identité qui ne nous appartient ni pour se cacher derrière une improbable meilleure existence. Mais simplement pour être un autre.

Être un autre, c’est peut-être pouvoir montrer d’autres vérités de soi, agir avec d’autres modes, d’autres accents qui font intimement partie de nous-même, mais qui n’ont pas d’existence réelle concrète en temps ordinaire. Notre nature est si complexe que l’image qu’on en donne n’est forcément jamais complète, jamais totalement représentative de ce qu’on est au plus profond de soi. La vie – c’est-à-dire les événements qui nous arrivent, les personnes que l’on rencontre, les partages qui se réalisent… –, la vie donc fait de nous un individu extérieur en relation avec son environnement. Notre image, celle qu’on véhicule au quotidien, est un subtil mélange entre les exigences de l’environnement et les feux intérieurs qui nous nourrissent. En réalité, être soi, c’est déjà être un autre.

Alors, il suffit que l’environnement se modifie quelque peu pour que notre image adopte une autre configuration. On reste toujours soi-même, mais telle richesse ou telle autre veine enfuies au fond de notre enveloppe s’activent ou, au contraire, se désactivent. Ces changements se vivent en fait au quotidien, et la plupart du temps, on n’en a pas conscience.

Mais il est des jours où l’on a envie d’être un autre. Consciemment. Pour modifier l’image projetée hors de nous et en activer une autre. Ces changements passent la plupart du temps inaperçus. Tout simplement, parce que personne ne sait qu’il s’agit d’une autre image tant celle-ci est déjà fondue dans l’environnement.

Plus rarement, sans que l’on sache trop pourquoi, l’image détonne dans l’environnement. Et le piège se referme. Qui est-on vraiment ? Quelle image est-elle la bonne traduction de l’identité profonde ? Comment les autres perçoivent-ils cette image forcément faussée par rapport au pattern habituel ? Et comment ensuite redevenir soi sans trahir cette image qui n’était de toute façon que fugace ?

Peut-on vraiment, parfois, être un autre ?

lundi 9 avril 2007

Hommage aux tortionnaires paramédicaux

Dans l’inconscient collectif, un(e) kiné est quelqu’un qui dispense des massages agréables et délicieux qui vous permettent de vous refaire une santé. Tout comme un ostéopathe est une personne qui d’un mouvement net et précis va faire quelque magie et vous remettre d’aplomb en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Les kinésithérapeutes et les ostéopathes sont parfois cela (heureusement !). Plus souvent, ce sont des tortionnaires. Soit qu’ils vous manipulent dans tous les sens en vous faisant sentir combien vous êtes capables de souffrir, soit qu’ils vous font travailler vos membres alors que vous n'en êtes plus capables du tout, ou si peu, et qu’ils limitent leur intervention à d’obscurs encouragements dont le sadisme n’est pardonnable que parce que vous sentez bien que cela vous fait progresser !

Hommage à tous ces tortionnaires qui savent rester patient avec leurs patients qui pourtant n’ont qu’une idée : aller les faire foutre ! Hommage à ceux-là qui savent trouver les mots pour vous faire faire un pas de plus, alors que vous ne savez plus marcher, un geste de plus, alors que vous avez perdu toute maîtrise gestuelle…

Ils ne sont pas tous des faiseurs de miracle. Loin de là. Parfois même, ils font des erreurs. J’en ai connu qui vous font faire un mouvement que votre corps n’est pas encore à même de supporter et qui vous font plus de mal que de bien. Mais ce sont avant tout des humains en rapport avec des humains. Un chirurgien orthopédiste opère une jambe, un bras, un pied… d’un corps soigneusement anesthésié. Un kiné ou un ostéo travaillent avec des personnes bien vivantes, qui souffrent, qui n’ont plus aucune confiance en eux, qui voudraient se recroqueviller pour ne plus avoir à être mal… Merci à eux pour ces actes de confiance et de lumière.

lundi 2 avril 2007

Démocratie, des mots crasses ?

Un peu partout se préparent des élections. Cette phrase est au présent. Elle est valable en permanence. Ces élections préparent-elles pour autant la démocratie ?

À vrai dire, ces élections sont indispensables. Je vis dans un pays où le vote est obligatoire. C’est très bien. Cela devrait être obligatoire partout : que celui qui n’en veut pas ait au moins quelques pas à faire pour le dire !

Mais ces élections ne sont-elles pas des chimères ? Qui accepterait de signer un chèque en blanc décidant de son avenir ? N’est-ce pas la seule chose que nous faisons quand nous votons ? Et ce n’est souvent même pas un chèque en blanc, mais un chèque en bois, qui ne veut pas dire grand chose. Et dont de toute façon la plupart des élus se moquent, une fois qu’ils sont élus…

Le fait de participer à la prise de décision par l’intermédiaire des élections n’est sans doute qu’une douce illusion. Mais cette illusion n’est-elle pas mille fois préférable au bâillonnement ? Au moins, la démocratie permet-elle de parler.

Il est vraisemblable que ce qui caractérise vraiment la démocratie n’est pas cette fausse délégation de pouvoir, mais l’alternance. Pendant un moment, le pouvoir appartient aux uns ; pendant un autre, il appartient aux autres. Mais encore faudrait-il qu’il y ait les uns et les autres ! Connaissons-nous de véritables alternances ? Certainement des alternances de façade. Les USA sont à cet égard un « modèle de démocratie »… Et pourtant, n’est-ce pas un des pays qui bafouent le plus l’idéal démocratique, en ignorant un peu partout dans le monde les choix des autres populations ? Et le changement de parti au pouvoir signifie-t-il une véritable alternance du pouvoir ? On peut en douter.

Bref, toutes ces élections servent-elles vraiment à quelque chose ?

une petite voix qui s’élève en passant
une petite fois tous les cinq ou six ans
une petite voix presque rien un avis
ça n’a pas d’poids mais ça n’a pas de prix

une petite voix dans un tas de p’tites voix
c’est inutile dérisoire je le vois
c’est ridicule illusoire et pourtant
moi c’est ma voix c’est pourquoi j’y tiens tant

une petite croix dans une case au crayon
qu’il fut optique ou bien gras c’est selon
une petite croix suffit à renverser
toutes ces vieilles croix qu’on voit se redresser

une petite voix c’est beaucoup et c’est peu
mais quelquefois une petite voix c’est précieux
une petite voix plus une autre petite voix
une autre encore ainsi de voix en voix

on finit par la donner à ceux-là
qui justement en font si peu de cas

(Une petite voix, chanson de Christian Legrève, interprétée par Christiane Stefanski)

dimanche 1 avril 2007

Chante qui veut, sauve qui peut !

FMG © 2007

Tout le monde peut chanter. Béranger avait bien raison : il n’y a pas de raison de s’en priver. C’est un de ces plaisirs qui appartient à qui veut y goûter. Ce n’est pas nocif pour sa propre santé. Alors, autant en profiter quand on est dans sa baignoire, dans sa douche, dans sa voiture, même quand on est tout seul en balade dans les bois. Rien de tel alors qu’une belle ballade.

Malheureusement, certains décident aussi de chanter sur scène, pour les autres. Ce n’est pas la même chose. Là, ça devient de l’art. Ça nécessite de la technique, de l’émotion, du travail, de la nuance, du partage.

On assiste alors parfois à des massacres. Une personne – certainement intéressante par ailleurs – se convainc qu’elle peut chanter et qu’elle est même capable d’offrir à un public des étoiles de bonheur. Aïe ! Des étoiles, j’en ai entendu, j’en ai vu. Mais elles n’étaient pas de bonheur. J’ai vu un chanteur revenir sur scène après une interruption de douze années. J’ai entendu… des cris. Un homme qui crie. Qui ne sait pas ce qu’est chanter. Qui croit qu’il faut crier pour se faire entendre. Qui emprunte à de grands auteurs-compositeurs des chansons merveilleuses et qui en fait des cataclysmes exécrables. Qui nous débite un missel de chanson en une gelée sans aucune consistance. Qui se fait accompagner par des musiciens qui connaissent le solfège et savent jouer d’un instrument, mais qui n’ont jamais découvert ce qu’était la musique. Savent-ils seulement que la musique existe ?

Des chanteurs comme ça, il faudrait les interdire de séjour !