dimanche 28 novembre 2010

Bye Bye Banques

Ce brave Éric Cantona commence à rivaliser avec Jean-Claude Van Damme : il se met à penser ! Sa dernière idée, relayée en Belgique par Géraldine Feuillien, est d’inciter tout un chacun à retirer tout son argent de sa banque afin de créer le chaos bancaire. Connerie !

Que les choses soient claires, cependant. Personnellement, il y a longtemps que j’ai quitté la grande banque belge dans laquelle j’avais placé mes maigres économies. Je l’ai fait pour deux raisons : d’une part, cette banque me coûtait de l’argent alors que je lui prêtais le mien ! Faut quand même pas pousser, alors qu’il y a sur la place des tas de banques qui ne coûtent rien et qui se contentent de faire fructifier l’argent qu’on leur prête.

D’autre part, et sans doute plus fondamentalement, j’en avais marre de prêter de l’argent à une banque qui soutenait l’apartheid en Afrique du Sud (vous voyez, ça fait longtemps). Cela dit, aujourd’hui, la même banque soutient l’occupation israélienne de la Palestine et c’est tout autant dramatique.

Bref, les grandes banques belges – et la nationalité ne doit pas changer grand chose à cet égard – ne sont certainement pas des anges et je ne peux que soutenir ceux et celles qui pensent qu’il serait bon de les quitter !

Que tout le monde le fasse le même jour – le 7 décembre en l’occurrence – me semble un acte de terrorisme aussi condamnable que n’importe quelle bombe qui explose pour le simple plaisir de créer le chaos.

Il faut changer le système bancaire et y remettre un peu (beaucoup) d’éthique ! Mais ce n’est pas en faisant sauter la banque qu’on y arrivera. Que gagnerait-on à se retrouver avec des institutions bancaires exsangues, incapables de gérer les flux financiers, alors même que – l’Irlande est là pour nous le rappeler – la situation financière internationale est plus que fragile ? Le chaos bancaire ne pourrait qu’entraîner la déroute sociale, avec des tas de personnes qui perdraient leur travail, des tas de petits épargnants qui perdraient leurs petits bas de laine. Est-ce vraiment cela que veulent ces chasseurs de moulins ?

Notre monde est à réformer. Il y a des tas de choses à changer, de toute évidence. Mais ce changement ne devrait pas, selon moi, se faire n’importe comment, pour le simple plaisir de foutre la pagaille. Il faut bouger pour faire évoluer les choses, non pas pour ruer bêtement dans les brancards. La violence, quelle qu’elle soit, d’où qu’elle vienne, est toujours le dernier recours de l’incompétence.

Je rêve d’un monde où chacun serait compétent (y compris les banquiers !)…

samedi 27 novembre 2010

Choisir

Le plus difficile quand on blogue n’est pas d’écrire, mais de savoir à quel propos on va écrire, surtout quand on tient un blog généraliste. Le tout est de trouver un sujet qui à la fois va intéresser les autres et parler un peu de soi, ou du moins partager quelques fragments de ce qu’on est.

Ce n’est pas évident. On peut suivre l’actualité et y trouver l’inspiration recherchée. Il y aurait bien sûr l’imbroglio belge qui continue à nager en plein surréalisme. Que pourrait-on en dire de plus ? La Belgique ne sait pas très bien où elle va. Elle risque donc de mettre du temps pour y arriver, mais elle y arrivera sans doute. En attendant, il vaut sans doute mieux se taire. En parler, ce serait risquer de dire plus de bêtises qu’autre chose. Alors, je me tais.

Il y a d’autres sujets qui m’ont paru un moment intéressants à traiter. Par exemple, ce vieux mais toujours actuel débat – en France notamment – sur l’intérêt de donner ou non des « notes » dans le cadre scolaire. De plus, je suis censé être un spécialiste de cette question. Mais est-ce que cela intéresse vraiment les gens ?

Il y a aussi ce jugement – toujours en France – où une mère d’une handicapée a réussi à obtenir une indemnisation parce que les médecins ont réanimé à sa naissance cette enfant qui aurait dû mourir et qui depuis ne fait que végéter. Quelle problématique compliquée, sur laquelle on ne peut avoir de réponse définitive ! Dans le doute, il m’a semblé plus sage de m’abstenir.

Il y en a d’autres… On peut trouver des nouvelles, bonnes ou mauvaises, étonnantes ou quelconques, stimulant plus ou moins la réflexion. Ce n’est pas ça qui manque.

Ces derniers temps, je ne me suis jamais résolu à en épingler une et à en faire un billet. C’est qu’au-delà du fait ou de la question, il faut encore pouvoir s’y retrouver soi-même et en dire quelque chose qui apporterait – ne fut-ce qu’un tout petit peu – des éléments nouveaux, personnels. Étant, pour différentes raisons, dans une période caractérisée par un certain doute, je ne m’y suis pas lancé.

Finalement, ce n’est pas si simple que ça de bloguer quand il faut choisir !

jeudi 18 novembre 2010

De défi en défi

FMG © 2005

Il y en a – j’en connais – qui ne doutent jamais de rien. Tout leur semble possible et ils se lancent avec un enthousiasme évident dans toute aventure audacieuse qui se présente à eux. Ce n’est pas mon cas. Non pas que je ne m’aventure jamais dans des terrains inconnus ou hasardeux. Mais ces défis que je relève ne se font pas sans doute, sans angoisse, sans frémissement !

Il me faut toujours me secouer un peu. Je regrette rarement par la suite de l’avoir fait. Au contraire, je sais que j’ai pu vaincre cette part de moi qui voudrait rester au calme, ne pas se mettre en danger. Ainsi, de défi en défi, j’avance. Rien d’extraordinaire. Il s’agit parfois de petits défis. Mais la crainte de le relever n’est pas toujours proportionnelle à la taille du défi.

Le goût du risque est une notion ambiguë. Certains systèmes éducatifs, comme celui de Madagascar, en font une finalité, une valeur à promouvoir auprès des élèves. Travaillant dernièrement avec certains acteurs du système éducatif malgache, l’un d’entre eux s’est soudain positionné en clamant bien haut que pour lui il ne fallait pas développer le goût du risque ! Au contraire, il estimait qu’il fallait apprendre aux jeunes à ne se lancer que dans des entreprises dont on pouvait estimer avec certitude la possibilité d’atteindre leurs objectifs. Je me suis alors entendu lui répondre que si je n’avais pas un minimum de goût du risque, je ne serais pas là en train de lui parler… Les enjeux et les modalités de notre travail étaient en effet complexes, surtout dans un pays caractérisé par une instabilité politique. Nous avons tous bien ri… et le « goût du risque » est devenu un slogan au sein du groupe !

Ce goût du risque est donc présent en moi et je suis à son écoute. Il ne correspond cependant pas à ma nature. C’est du moins l’impression que j’en ai. À moins d’être un peu masochiste, ce qui ne me semble pas être mon cas.

De défi en défi, j’avance. De défi en défi, l’humanité avance. Ce n’est pas toujours facile, mais seul oser faire le pas permet de le franchir !

dimanche 14 novembre 2010

Il pleut

FMG © 2010

Il pleut. Inexorablement. La pluie tombe et inonde la terre. Elle laisse derrière elle des gens désappointés, retrouvant leurs lieux de vie envahis par cette eau sournoise, sans pitié. La pluie s’immisce partout, frigorifiante, décourageante, salissante.

Bien sûr, la pluie a ses vertus. Bien sûr aussi, après la pluie vient le beau temps. En attendant, elle se concentre surtout sur ses ravages. L’homme, lui, ne fait que constater. Il cherche à se prémunir, mais que faire quand la pluie se décide à tomber ?

Le plan catastrophe communal a été décrété ce matin à Wavre. L’hôpital de Tubize doit être évacué. Les pompiers n’arrêtent pas d’intervenir un peu partout pour pomper, dégager, secourir… et évacuer : les habitants d’une cinquantaine de maisons de Grammont ont dû s’en aller. Il ne serait pas difficile de continuer la liste noire.

Et encore, la Belgique s’en tire à bon compte, vraisemblablement. Il suffit de penser au Pakistan où après les inondations dévastatrices de juillet et d’août, sept millions de personnes sont encore sans abri et vont devoir lutter pour survivre à l'hiver, devant la quasi-indifférence de la communauté internationale.

La pluie est la même pour tout le monde – quoique ! – mais ses conséquences ne sont pas identiques. On peut même parler d’une inégalité certaine devant la pluie. Dans le domaine, j’appartiens aux privilégiés : si la pluie faisait réellement des dégâts chez moi, cela signifierait qu’une véritable catastrophe humaine existerait en Belgique, avec des milliers de personnes non seulement inondées, mais indubitablement noyées ! On n’en est pas là et on n’y sera sans doute jamais.

Privilégié, cela ne m’empêche pas d’être sensible à tous ceux qui ce matin se demandent comment ils vont faire pour s’en sortir, qui ne comprennent pas pourquoi ils doivent une fois de plus faire face à ces intempéries incontrôlables, qui n’ont même plus trop de place au fond d’eux-mêmes pour oser croire encore qu’il fera beau demain.

Et inexorablement, la pluie continue à tomber…

samedi 13 novembre 2010

Libre (2)

Libre. Aung San Suu Kyi est libre. Après plus de sept années consécutives de résidence surveillée et après avoir passé plus de 15 des 21 dernières années privée de liberté, l’opposante politique la plus célèbre – Prix Nobel de la Paix en 1991 – est enfin libre. On l’attendait, sans trop y croire. Et pourtant, aujourd’hui, les faits sont là : Aung San Suu Kyi est apparue libre.

On peut bien sûr s’interroger sur son avenir. Avec une question lancinante : combien de temps faudra-t-il pour que la junte militaire birmane décide de la priver à nouveau de liberté ? La pression internationale sera forte, bien sûr. Mais la pression nationale risque elle aussi d’être forte, dans l’autre sens. Si Aung San Suu Kyi retrouve son aura politique (qu’elle n’a sans doute pas perdue, au contraire), si elle reprend son combat pacifique, si elle redevient une adversaire dangereuse de l’anti-démocratie, ces chers militaires trouveront rapidement une nouvelle raison de l’enfermer. Cela fait malheureusement partie du jeu… et cela ne change rien à cette vérité simple : Aung San Suu Kyi est libre.

Avec elle, aujourd’hui, ce sont un peu tous les opposants politiques emprisonnés un peu partout dans le monde qui sont un peu plus libres. La libération est possible. Le combat n’est pas perdu.

Je reprends ce que j’écrivais il y a déjà un peu plus de deux ans, lorsqu'Ingrid Betancourt avait elle aussi été libérée : un jour, tous les hommes et toutes les femmes seront inéluctablement libres. Il le faut. Il faut y croire.

« Ceux qui aperçoivent la lumière avant les autres sont condamnés à la poursuivre en dépit des autres. » Christophe Colomb

vendredi 12 novembre 2010

Un cheveu trop tard

Claude Jones n’était pas un ange. Il avait même été condamné à la prison à vie pour le meurtre d’un co-détenu. En décembre 2000, il a été exécuté en application de la décision d’une cour de justice texane, pour un autre meurtre. L’élément clé de la condamnation était un cheveu qui prouvait sa présence sur le lieu du crime commis en 1990. En 2010, des analyses ADN viennent de montrer que ce cheveu n’appartenait pas à Claude Jones, mais sans doute à la victime. Entre-temps, Claude Jones est mort !

Les analyses ADN n’innocentent pas automatiquement Claude Jones. Mais elles permettent quand même de se poser pas mal de questions. Une fois de plus, un individu a été déclaré coupable sur la base d’un indice qui se révèle obsolète quelques années plus tard. Claude Jones a eu beau clamer sans arrêt son innocence, rien n’y fit. La veille de son exécution, il avait encore déposé une requête pour que des tests ADN soient pratiqués sur ce cheveu. Le gouverneur du Texas de l'époque, un certain George W. Bush, avait refusé. Et Claude Jones est mort.

Le travail de la justice n’est jamais facile et ce serait trop simple de dire qu’une fois de plus elle a fait n’importe quoi. N’empêche, il faut se poser des questions. La plus évidente me semble celle de la peine de mort. Comment des êtres humains peuvent-ils décider légalement d’en tuer un autre ? Que cet autre soit coupable du pire des crimes ne change rien. Comme l’a si bien chanté en 1980 Julien Clerc, sur des paroles de Jean-Loup Dabadie, « Lorsque le couteau est tombé, le crime a changé de côté ! Ci-gît ce soir dans ma mémoire un assassin assassiné… ». En Europe, la peine de mort a été abolie ou n’est plus appliquée. Comment peut-on accepter que de grands États la considèrent encore comme un moyen de rendre justice ? Et Claude Jones est mort.

La société doit se protéger des criminels, c’est l’évidence même. Elle doit rendre aussi justice au nom des victimes. Souvent, la condamnation du coupable est un événement essentiel de l’indispensable résilience de la victime ou de ses proches. N’empêche, comme l’ont montré deux procès récents en Belgique, toute condamnation qui ne se fonde que sur des indices et non sur des preuves pose question. Les condamnés de ces deux procès font appel en Cassation. Au bout du processus juridique, il est possible qu’une autre vérité judiciaire émerge ! En attendant, Claude Jones est mort.

jeudi 11 novembre 2010

La tendresse

© Anne Rygaloff

vertu du monde ignorée

elle court dessous les combles

à la recherche de la lumière

elle connaît l'attente du calme

que peu connaissent mieux qu'elle

et elle jouit lorsque le vent se tait

elle brûle le vin de la terreur

pourquoi ne le chanterait-elle pas

ce sang qui ruisselle d'allégresse

elle vivra sans doute encore longtemps

mais qu'importe... puisqu'elle vit

et grignote le cœur : la tendresse

François-Marie Gerard © 1978

samedi 6 novembre 2010

La mer bleue

FMG © 2010

Normalement, la Mer du Nord est verte, sale, terne et – c’est peut-être exagéré – glauque ! Cela ne l’empêche pas d’avoir du charme de toute façon. Il lui arrive aussi d’être bleue, claire, brillante et – ce n’est que lui rendre hommage – resplendissante !

Ce n’est sans doute qu’une question de lumière. Ou d’angle de vue. Ou d’interprétation. Ou de conviction.

Qui sait comment sont réellement les choses ? On peut se croire dans le pire des mondes, mais – pour le même prix – estimer qu’on vit des choses extraordinaires. On peut être atteint par la douleur intolérable, mais découvrir – en même temps – la joie d’être soutenu. On peut s’enfermer dans des tensions inexpiables, mais se libérer soudain – sans que rien n’ait changé – et vivre des moments étonnants.

Finalement, est-ce que tout cela ne dépend pas des nuages qui se forment ou se déforment ? Il y aurait là une sorte de justice immanente. Selon les risques que l’on prendrait, on découvrirait l’aridité fondamentale ou l’exubérance vitale. Ces risques ne seraient eux-mêmes qu’une manière de voir les choses : un nuage peut sembler menaçant à un instant pour se transformer en volutes libérées.

Quoi qu’il en soit, ce matin, la Mer du Nord, du côté du Zwin, était bien bleue !

mardi 2 novembre 2010

Travailler en congé…

Quelques jours de congé pendant cette semaine de Toussaint. Ce ne sont pas vraiment des congés d’ailleurs, mais des jours de « récupération ». Cela signifie que j’ai travaillé des jours où je ne devais normalement pas le faire et que j’essaie de régulariser la situation.

« Congés » ? Ce n’est pas vraiment le cas. Je n’arrête pas pour le moment de gérer quelques projets qui ne peuvent attendre. C’est le revers de la médaille avec Internet : mon courrier électronique professionnel aboutit sur mon ordinateur professionnel, mais c’est un portable et c’est aussi lui que j’utilise dans le cadre de ma vie privée. Je pourrais bien sûr empêcher l’arrivée de ces courriels intempestifs, mais il se fait qu’effectivement, certains projets ne peuvent pas vraiment attendre.

Le travail est une réalité bien complexe. Il est de bon ton de se plaindre de son travail et de ne rêver qu’à une seule chose : ne plus travailler. À cet égard, je suis, comme les autres, « socialement correct » !

Le travail est aussi un contexte dans lequel on peut s’épanouir, participer à des projets extraordinaires, rencontrer des gens… et surtout ne pas s’enfermer sur soi-même. Une vie sans projet professionnel doit être bien morne. Quelque part, c’est là qu’on se réalise.

Le tout est de trouver le juste équilibre entre une vie professionnelle accaparante et une vie privée qui se laisse accaparer. Cet équilibre n’est pas facile à construire. Il évolue au fil du temps aussi, pas nécessairement au bon moment d’ailleurs. Aujourd’hui, j’aspire et je me sens plus à même à laisser dans ma vie une place importante à ma vie privée, au détriment de ma vie professionnelle. Plus qu’il y a une quinzaine d’années en tout cas. Alors que c’est peut-être à ce moment-là que mes enfants auraient eu le plus besoin de ma présence et de ma disponibilité. Travail et enfants sont difficiles à concilier.

Je veux aujourd’hui être plus disponible… mais le suis-je plus pour autant ? Les projets n’attendent pas. Il faut rebondir au bon moment. Bien sûr, personne n’est irremplaçable et je ne le suis certainement pas. Mais si je ne fais pas ce que je fais, qui le fera ?