dimanche 23 septembre 2018

Campagne compagne

Vivre ensemble
Tout vient à point à qui sait attendre. Je vis actuellement ma première campagne électorale. Cela se passe au sein du parti ECOLO dont le projet et les actions correspondent le mieux à mes aspirations pour le présent et le futur de mes enfants, de mes concitoyens, des humains. Je n’oblige personne à partager cette conviction, mais je la partage. En tout cas, cette campagne est ma compagne pour cette campagne que j’ai choisie – avec quel bonheur – pour compagne de la troisième tranche de ma vie.

Mon objectif ici n’est ni de présenter ni de défendre nos idées politiques pour le développement de notre belle commune de Grez-Doiceau. Je veux juste parler de deux plaisirs. Le premier – et sans doute le plus important – est de partager cette campagne avec des compagnons dans un dialogue et un respect constants, sans que personne ne cherche à se mettre en avant. La seule priorité est de développer et de promouvoir les idées qui nous semblent essentielles, non pas pour nous, mais pour le bien vivre présent et futur de nos concitoyens. En écrivant cela, je tiens surtout à mettre en avant la qualité des échanges entre colistiers, bien au-delà des idées que nous défendons.

Bouger ensemble
Le deuxième plaisir est plus public et plus directement lié à la campagne que nous menons. Elle exclut les affiches qui polluent nos jolies campagnes en se contentant de présenter aux électeurs une tête tout sourire. Nous avons choisi de promouvoir nos idées par trois affiches fondées sur le contenu et non pas sur l’apparence. Trois axes, trois affiches : vivre, bouger et agir ensemble. Ce ne sont pas seulement des slogans, mais de vraies préoccupations que les illustrations (réalisées par Wauter Manaert et Olivia Sautreuil) approfondissent avec talent, humour et justesse. D’aucuns nous ont dit que c’était impossible de faire ce type de campagne. Raison de plus de le faire.

Ce choix de campagne portera-t-il ses fruits ? Je n’en sais rien. Je l’espère, mais l’électeur est seul à décider ce qu’est son choix. Au moins, il m’aura donné le plaisir, non dédaignable, d’être en cohérence avec mes convictions les plus profondes : notre présent et notre avenir ne peuvent être construits qu’ensemble !

Agir ensemble
Pour autant, je ne veux pas me montrer plus naïf que je ne le suis. Si la politique au sens premier est une activité noble puisqu’elle a pour objectif premier de veiller au bien commun, il est clair que la réalité est plus féroce et que les querelles d’ego prennent parfois le dessus. J’ignore de quoi mon avenir politique est fait et ce n’est pas le plus important. Mais en quelques mois, je sens que ma manière d’aborder les questions et les personnes a évolué. À la fois dans un sens positif – j’essaie d’être plus à l’écoute – mais aussi dans un sens négatif – une sorte de blindage m’entoure, limitant certaines émotions dont la réactivité trop intense pourrait nuire à la relation. Bref, comme je dis toujours, on verra !

jeudi 6 septembre 2018

Le risque

Le débat fait rage à propos de l’accord du participe passé utilisé avec avoir depuis que certains – notamment l’excellent spectacle « La convivialité » – ont proposé de se contenter de l’invariabilité. Cette proposition me semble la meilleure voie, même si je continue à avoir des doutes sur la faisabilité de toute simplification orthographique. Ce qui m’étonne le plus, c’est que ceux qui ne veulent surtout rien changer mettent avant tout le risque pour la langue française de… disparaître !

Ah, le « risque », le bel argument. Dans de nombreux domaines, l’argument principal pour refuser tout changement – voire tout immobilisme ! – est qu’il y a un risque à ne pas courir ! Personne ne sait si ce risque est réel ou non, si sa probabilité de survenance est élevée ou non, si l’impact qu’il pourrait avoir en cas de survenance est élevé ou non… Mais il y a un risque, donc surtout, ne faisons rien (ou ne laissons surtout pas la situation telle qu’elle est) !

Pour cette histoire (peu importante, selon moi) du participe passé, j’ai lu aujourd’hui qu’il y avait un « risque d'altération fondamentale du sens en langage écrit - dans ce cas de figure, l'accord du participe est un signe diacritique auquel il est périlleux de toucher ». J’ai demandé de me présenter des exemples concrets et réels du risque encouru et de ses conséquences. L'exemple massue qui me fut proposé : « Intervenez-vous en qualité d'assureur, pour les chiens de ce monsieur que j'ai écrasé / écrasés ? ». J’ai eu beau rétorquer que si j'étais l'assureur, je commencerais par lui demander qui il a écrasé, sans compter que je serais étonné que le « coupable » m'écrive comme ça sans autre explication. Bref, on crée un problème sur la base d’un « risque » qui en réalité n’existe pas vraiment.

J’ai connu ce genre de problème dans ma carrière professionnelle, en tant que spécialiste de l’évaluation des acquis scolaires, notamment des « compétences ». Dans ce cadre, on a élaboré différents systèmes de notation. Et j’ai assisté, voire même participé, à de nombreux débats sur les « risques » qu’il y avait à utiliser l’une ou l’autre manière de coter. Je ne vais pas rentrer dans les détails, car ce sont des questions éminemment techniques, mais j’ai pu constater qu’on discutait souvent sur des situations qui – sur un plan théorique – avaient du sens, car elles pouvaient exister, alors que – sur un plan pratique – elles n’en avaient aucune, car elles n’existaient pas.

Conclusion : on passe souvent son temps à discuter d’un risque catastrophique qui en réalité n’en est pas un parce que sa probabilité d’existence est quasi nulle. Son aspect catastrophique est alors utilisé pour justifier le fait qu’il ne faut surtout pas le courir – et donc changer ou évoluer. En oubliant que le risque dénoncé n’existe pas vraiment, on empêche alors tout changement ou toute évolution.

L’inverse est vrai aussi : l’être humain est ainsi fait qu’il lui arrive de nier l’existence d’un risque évident avec des conséquences dramatiques. C’est le cas par exemple aujourd’hui du risque de dérèglement climatique. Avec l’été que nous connaissons au niveau mondial où les pires risques se concrétisent – sécheresse, inondations, ouragans… –, il se trouve encore de nombreux décideurs pour dire que tout va bien, qu’il ne faut rien faire, que l’homme n’y est pour rien et surtout ne peut rien y faire. Nous sommes au bord du gouffre, et cela ne semble pas inquiéter les décideurs politiques majeurs. Ce n’est plus un risque hypothétique. C’est la réalité.

Mais voilà, le risque de la disparition de la langue française par la suppression de la règle de l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir semble bien plus important que celui de la disparition de l’humanité…