samedi 31 octobre 2015

Petits plaisirs

FMG©2015

Il est de ces petits plaisirs qui n’ont l’air de rien. En réalité, ils n’ont parfois pas la moindre importance. Si ce n’est le plaisir qu’ils apportent. Pouvoir tondre un 31 octobre (record battu), simplement vêtu d’un pull léger, fait partie de ceux-là.

Il en est de plus merveilleux encore, bien sûr. J’avoue avoir pleuré d’émotion hier en découvrant une vidéo épurée : on y voit deux personnes parler de ce que serait pour eux leur plus grand plaisir. Seulement, l’une des personnes est atteinte d’un cancer ou proche d’une personne dans cette situation. On découvre là l’abîme qui existe entre les rêves « matériels » des personnes « normales » et ceux des personnes qui savent le prix de la vie et des petits plaisirs. Bouleversant.


Si je suis très sensible au vécu des personnes souffrant d’un cancer, je ne suis pas directement concerné parmi mes proches proches. J’ai beaucoup de chance. Celle qui fait qu’il m’arrive rarement de devoir tourner en rond pour trouver une place pour garer ma voiture : celle-ci s’offre à moi la plupart du temps assez rapidement. Celle aussi qui fait que j’habite là où j’habite. Il est clair qu’il y a beaucoup d’endroits plus sinistres pour vivre. Les circonstances de la vie ont fait que – depuis exactement 29 années – je me retrouve, avec ma famille, dans un endroit un peu idyllique. Tant mieux pour nous ! L’endroit est paradisiaque, mais cela ne veut pas dire que c’est le paradis. Nous sommes en quelque sorte dans une cuvette, entourée d’arbres. Tous les matins de l’année, l’herbe est humide. Que dire sur ce qu’il en est en cette fin d’octobre. C’est là que le plaisir de tondre trouve son sens, une fois de plus. Oui, ce plaisir est vain, dérisoire, insignifiant. Mais qu’est-ce qu’il est bon !

C’était ma minute de plaisir du mois. Elle est merveilleuse, étonnante, magique…

vendredi 23 octobre 2015

Première violence

Deux personnes sont mortes. Si une manifestation n’avait pas bloqué l’autoroute, il est possible que ces deux personnes soient toujours en vie. La presse en fait grand cas, condamnant de facto la dite manifestation. Et par là, tous les mouvements syndicaux. La mort de ces personnes est dramatique. Peut-être la responsabilité des grévistes manifestants est-elle engagée. Mais s’arrêter à celle-ci serait plus qu’un peu court.

Finalement, ce qui est regrettable, c’est l’attitude des syndicats qui – surtout dans un premier temps – ont cherché avant tout à minimiser l’impact possible du blocage de l’autoroute et surtout à reporter la « faute » sur l’hôpital qui n’aurait même pas été capable de prévoir une doublure au chirurgien. C’est dans ce déni de responsabilité que les syndicats perdent surtout leurs plumes. Manque d’empathie et de prise de recul. Dommage.

Pour le reste, il est évident qu’il faudrait avant tout se poser la question sur les raisons qui amènent des travailleurs à manifester de manière violente leur colère face à ce que les patrons et les politiques leur font subir. Que ce soit dans ce blocage d’autoroute, mais aussi dans la destruction d’une chemise d’un responsable des ressources humaines français ou encore dans le chemin inéluctable qui conduit un père de famille à tuer ses trois enfants, sa femme et lui-même… Tous ces événements ne sont pas anodins. Ce ne sont pas des faits divers. Ils témoignent, chacun à leur manière, de la détresse dans laquelle se trouvent des milliers de personnes qui se sentent ignorées, jetées, refoulées par le système et ses décideurs.

La violence est – pour moi – toujours inacceptable. Comme Isaac Asimov l’a écrit dans le Cycle de Fondation, « la violence est le dernier refuge de l’incompétence ». Réduire la violence aux actes de travailleurs exacerbés et méprisés serait cependant une erreur fondamentale et, à vrai dire, elle-même violente. La première violence est celle de ceux qui décident – en raison de leur seul profit - d’exiger toujours plus des travailleurs en offrant à ceux-ci de moins en moins de moyens pour s’épanouir. La première violence est celle de ceux qui décident – en raison d’impératifs théoriques et idéologiques – de priver des citoyens des maigres moyens de subsistance dont ils disposent en ne leur offrant comme seule perspective d’avenir que la rue. La première violence est celle de ce monde qui ne connaît que quelques mots : croissance, individualisme, repli sur soi, mépris, productivité, libéralisme…

La mort de ces deux personnes est dramatique, comme toute mort. La mort sociale et économique de millions de sous-citoyens, même si elle se fait à petit feu, l’est bien plus encore. On ne peut l’oublier, même si les médias n’en feront pas leur Une. Malheureusement.

mardi 13 octobre 2015

Premiers

Ainsi donc, voici la Belgique première au classement mondial de la FIFA (c’est en football, pour ceux qui ne le sauraient pas). Quoi qu’on en pense, c’est un exploit historique dont on a toutes les raisons de se réjouir.

Ce n’est bien sûr qu’un classement basé sur une moyenne de points attribués lors des matchs internationaux, officiels ou amicaux. Inévitablement, la méthodologie est discutable. Les Belges se retrouvent premiers sans avoir jamais battu les neuf suivants ! Bien plus, j’ai appris aujourd’hui que si le match amical gagné contre le Luxembourg n’avait pas été invalidé (étant donné le nombre trop élevé de changements de joueurs), le peu de points qui auraient été gagnés par cette victoire contre une « petite équipe » aurait en réalité fait « baisser la moyenne », ce qui ne nous aurait pas permis d’occuper aujourd’hui la première place ! À quoi donc peut tenir un tel classement !

N’empêche, on y est et il faut se réjouir qu’un « petit pays » puisse atteindre un tel niveau. Cela montre qu’il faut toujours y croire ! Je me souviens, lors de la médaille en or de Fred Deburghgraeve sur l'épreuve du 100 m brasse aux Jeux olympiques d'Atlanta en 1996, avoir entendu je ne sais plus quel autre « grand » sportif avoir déclaré qu’il n’était pas possible que Deburghgraeve soit le vainqueur, car il venait d’un trop petit pays ! Absurde, n’est-il pas ?

Bref, comme beaucoup d’autres Belges aujourd’hui, amateurs ou non de football (je ne le suis pas trop), je me sens un peu fier de ma belgitude. À quoi donc peut tenir un tel sentiment ! Et il n’y a vraiment pas de quoi bouder son plaisir !

vendredi 9 octobre 2015

Paix à la société civile tunisienne

L’attribution du Prix Nobel de la Paix au dialogue national en Tunisie me fait particulièrement plaisir. Non seulement parce que j’ai beaucoup travaillé dans ce pays – j’y ai effectué plus de 50 missions – et qu’inévitablement j’y ai rencontré des amis, mais aussi et surtout parce que ce Nobel est la reconnaissance d’un véritable mouvement démocratique et pacifique.

Comment ne pas oublier que la Tunisie est à l’origine du « Printemps arabe », à partir de décembre 2010 ? Par un slogan clair « Dégage », ils ont réussi – quasiment sans effusion de sang – à faire fuir le « président » Zine el-Abidine Ben Ali, toujours élu – depuis 1987 – avec au moins 98% des voix ! En quelques semaines, les Tunisiens ont réussi la « Révolution de la Dignité ». Un exemple quasiment unique dans l’histoire des révolutions !

Il ne suffisait évidemment pas de faire partir ce dictateur de salon pour résoudre tous les problèmes de la société tunisienne. Ceux-ci sont d’ailleurs loin d’être résolus : pas plus tard qu’hier, jeudi 8 octobre 2015, le député Ridha Charfeddine a été visé par une tentative d'assassinat par balles. Et on ne peut évidemment pas oublier les attentats meurtriers du Bardo et de Sousse.

Malgré ces violences innommables, la Tunisie poursuit son chemin vers une démocratie civilisée, basée sur le respect de toutes les parties de la société civile. Le quartette aujourd’hui primé – l'UGTT, syndicat historique en Tunisie et fer de lance pour son indépendance, le patronat (UTICA), la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH) et l'Ordre des avocats – s’est constitué durant l'été 2013, « à un moment où le processus de démocratisation était en danger en raison d'assassinats politiques et de vastes troubles sociaux ». Il a organisé un long et difficile « dialogue national » entre les islamistes et leurs opposants, les obligeant à s'entendre pour sortir d'une paralysie institutionnelle.

Ce Prix Nobel de la Paix récompense bien entendu avant tout tous ces Tunisiens qui ont tout fait et qui continuent à tout faire pour que la transition soit vraiment démocratique et pacifique. Mais il encourage aussi tous les peuples partout dans le monde à s’inscrire dans la voie du dialogue avec la participation active de la société civile, de tous les citoyens qui ne désirent qu’une chose : « vivre en paix » !

samedi 3 octobre 2015

Sui caedere : se tuer soi-même


Voilà longtemps que je voulais écrire un billet sur le suicide. C’est difficile. Comment mettre des mots sur un geste qui – par définition – supprime volontairement tous les mots ? Se suicider, c’est clamer qu’il n’y a plus de place pour le dialogue, que discuter ne servira plus à rien, que seul le silence peut encore apporter une réponse. Parler du suicide, c’est quelque part en nier la réalité !

Et pourtant, il y en a tant. Non seulement autour de moi, mais dans le monde entier. Environ un million de suicides par an, pour dix à vingt fois plus de tentatives. Un suicide toutes les 30 secondes. Une tentative environ toutes les 2 secondes. Réalité difficile à nier.

Chaque histoire est différente, dans toute sa complexité, sa singularité, ses sentiers égarés et tordus. Vu de l’extérieur, on peut comprendre certaines choses. Mais on ne peut jamais se mettre réellement à la place de celui ou de celle qui n’en peut plus, qui ne voit plus d’issue, dont le tourment est tel qu’il est insupportable et n’offre plus comme seule piste que la disparition.

Il me semblerait vain et méprisant de chercher à juger quiconque se suicide. On peut bien sûr se dire qu’il aurait pu agir autrement, que cela ne sert à rien, mais pour le suicidé, s’il est passé à l’acte, c’est qu’il n’y avait pas d’autre solution.

Il n’empêche, quelque part, le suicide est le sommet de l’orgueil, même quand il est le fait de personnes n’en ayant aucune once. Se suicider, c’est croire qu’on est à la fois le problème et la solution. C’est penser que tout ce qui ne va pas ne tient qu’à soi-même et qu’en se supprimant il n’y aura plus de problème. C’est évidemment illusoire. Les problèmes ne disparaissent pas par le suicide. Ils sont simplement déposés dans les bras de ceux qui restent. Cadeau empoisonné, parfois impossible à gérer ou à assimiler. Celui qui est parti ne s’est pas vraiment posé la question de ce qu’il laissait derrière lui. Le fardeau était si lourd pour lui qu’il a fini par s’imaginer qu’il était le fardeau lui-même et qu’il fallait donc disparaître. Si le problème était vraiment son existence, on pourrait penser que le problème disparaît par son départ. C’est sans doute ce que le suicidé pense. C’est rarement ce que ses proches vivront, même dans le respect de sa décision.

Je l’ai dit, aborder le suicide est difficile. Le faisant, je n’ai aucune prétention. Ce billet ne changera rien : si une personne suicidaire le lisait, je doute fort qu’il influence sa décision. Et pour ceux qui restent, après un suicide d’un proche, il n’apportera vraisemblablement aucun réconfort. Mais il est quand même étonnant de constater que ce sujet qui concerne tellement de personnes n’est que peu traité sur la toile, du moins en français.

Il se fait qu’il y a longtemps, en pleine jeunesse, je suis passé par là. Si je suis aujourd’hui en vie, c’est par un curieux concours de circonstances. J’ai finalement été sauvé par ceux qui m’avaient – à mes yeux – condamné. Sans savoir ni trop comment ni trop pourquoi, ils ont fait les actes qu’il fallait faire dans l’urgence. Après, au-delà de l’aspect purement physique, j’ai pu poser mon fardeau auprès d’amis qui m’ont aidé à retrouver le sens de la vie. Les deux personnes les plus impliquées dans cet événement de ma vie – le problème et la solution – sont malheureusement parties trop tôt, emportées chacune par la maladie. Mais je sais aujourd’hui pourquoi et comment je suis encore en vie. Heureux de l’être, grâce à ces autres personnes – mes proches – qui me construisent au quotidien.

La vie est la réalité la plus précieuse que nous avons. Elle n’est pas toujours facile. Loin de là. Mais elle est toujours un cadeau. Le suicide, lui, n’est jamais qu’une sortie de secours. La vie – aussi tortueuse soit-elle – est le chemin. Puisse chacun et chacune trouver le sien.

jeudi 1 octobre 2015

Mauvaise piste

Pas de chance : j’aime jouer ! Notamment à l’ordinateur, avec quelques jeux accessibles par Facebook. J’essaie de me limiter, mais la vérité est là : je joue ! Notamment, un jeu du style Trivial Pursuit. Je viens de devoir répondre à la question : « Combien y a-t-il de pistes dans un stade d’athlétisme ? ».

La réponse me paraissait évidente : 8 ! Dans toutes les grandes compétitions, il y a en finale 8 finalistes… et il faut donc au moins 8 pistes ! Mais le petit ingénu qui a proposé cette question n’est visiblement pas un connaisseur. Pour lui, la bonne réponse n’est autre que 6, oui j’écris bien six pistes ! C’était vrai il y a longtemps, c’est vrai dans un petit stade provincial ! Mais quand même, un vrai stade d’athlétisme a inévitablement au moins 8 pistes !

Si en athlétisme, on peut contester certaines victoires, que ce soit pour dopage ou non-respect des lignes ou je ne sais quoi encore, dans mon bête jeu, impossible de contester quoi que ce soit ! J’ai répondu 8 (= la bonne réponse). Mais il fallait répondre 6 (= la réponse attendue par un ignare). J’ai donc raté et j’ai perdu mon tour sur une question qui était pourtant tellement évidente !

Rassurez-vous : cela n’a aucune espèce d’importance ! J’attendrai simplement mon tour pour – sans doute – gagner la partie au bout du compte ! Et même si je la perdais – hypothèse peu probable – je continuerais à exister et à m’extasier de cette vie qui nous réserve toujours tellement de surprises !

N’empêche, je râle ! D’autant plus que jouant sur la version « ordinateur », il ne m’était même pas possible de signaler que cette question était vraiment mal foutue ! Quand je joue sur une tablette, c’est possible. Mais là, je n’avais qu’à constater l’étendue de l’ignorance humaine !

Ça la fout mal, non ?