mercredi 29 novembre 2017

Plateforme citoyenne

Depuis quelques semaines, des citoyens et citoyennes s’organisent pour héberger le temps d’une ou de plusieurs nuit(s) des exilés réunis au Parc Maximilien, à Bruxelles. Là où les responsables politiques sont incapables d’apporter une réponse concrète et humaine à ces jeunes en recherche d’un monde meilleur, la Plateforme citoyenne permet de leur apporter un peu de chaleur, un peu de douceur et surtout beaucoup d’humanité.

Disons-le tout de suite : pour diverses raisons personnelles, je ne participe pas pour le moment à cet accueil. Je ne m’en sens pas culpabilisé. Néanmoins, je soutiens pleinement ce mouvement citoyen et je fais partie des 21 297 membres de la Plateforme sur Facebook, principal outil de gestion et de partage.

Le principe est simple : chacun peut signaler qu’il peut inviter un ou plusieurs hébergés. Soit l’hôte va le(s) chercher au Parc Maximilien, soit d’autres personnes agissent comme chauffeurs. Ensuite, c’est de l’ordre de la rencontre individuelle sans d’autres exigences que le respect de l’autre et la richesse de l’accueil. Le lendemain, l’hébergé retourne vivre sa vie d’exilé. Parfois, des accueils se font à plus long terme, sans jamais aucune obligation.

À lire les témoignages, il se passe dans ces accueils des moments extraordinaires, tant pour les hébergés que pour les hébergeurs, et – au-delà – dans les contacts entre les citoyens qui se découvrent solidaires dans le partage et la découverte.

Depuis que cette plateforme citoyenne agit, il n’y a pas plus d’exilés qui arrivent au Parc Maximilien. Pas d’appel d’air, comme le prétendrait M. Francken, Secrétaire d'État belge à l'Asile et à la Migration chargé de la Simplification administrative, dont le seul objectif est de limiter de manière drastique l’asile et la migration (et de préparer sa réélection comme député). C’est en réalité lui, et les autres responsables politiques, qui devraient mettre en place un processus d’accueil, certes strict mais humain. On peut le regretter, mais j’ai plus envie de me réjouir de l’action, tant individuelle que collective, de ces citoyens qui simplement mettent en pratique la seule valeur universelle : la fraternité !

Dans les nombreux témoignages publiés, tout n’est pas toujours rose. Bien sûr, il y a parfois des difficultés. Mais l’expression qui revient le plus souvent – telle un constat – est « un autre monde, meilleur, est donc possible » !

lundi 20 novembre 2017

Défi noir et blanc


C’est par cette photo que j’ai été invité par ma sœur préférée à participer au « Défi noir et blanc ». Seven days. Seven B&W photos of your life. No people. No pets. No explanation. Challenge someone every day. Today I challenge FMG. Elle avait bien choisi la photo : depuis 1958, j’ai toujours prétendu être le concepteur génial de l’Atomium.  Je me suis donc laissé inviter et j’ai relevé le défi.

J’ai commencé par le traduire : Sept jours. Sept photos noir et blanc de votre vie. Pas de personnes. Pas d'animaux. Aucune explication. Défier quelqu'un tous les jours, avec toute liberté. Aujourd'hui, j'invite ##. Les plus subtils auront constaté que le « défi (challenge) » s’est transformé en « invitation avec toute liberté ». Comme beaucoup, je déteste ces chaînes où l’on vous défie de publier un message sous peine de ne plus être amis ou encore de menacer la Terre entière des pires maux pour des mots non partagés. J’étais séduit par l’idée de partager des photos en noir et blanc, témoins de ma vie, sans personnes ni explication. Mais je ne me sentais aucune envie de défier qui que ce soit à en faire de même. J’ai donc « invité avec toute liberté » quelques amis. Merci à ceux qui ont accepté l’invitation, mais aussi aux autres qui m’ont remercié tout en m’expliquant leurs difficultés d’y répondre.

J’ai donc publié sept photos. Sans explication. Je voudrais les reprendre ici, avec un peu d’explication cette fois. Je précise d’abord que je suis l’auteur de toutes ces photos (©FMG). Ce n’était pas demandé. Mais, pour moi qui aime photographier la lumière, cela me semblait aller de soi.

Jour 1
Gratte, 1974. Il y a des personnages, mais ce sont les pierres qui m’importent. Ce village d’Ardèche m’a permis de me construire. J’y ai fait des séjours chaque année de 1969 à 1983. Pour rénover les pierres, mais aussi partager avec les gens, dont des handicapés mentaux adultes. J’ai tout découvert à Gratte. Aussi, j’ai invité celle qui, ces dix dernières années, a énormément contribué à ma construction de senior épanoui.

Jour 2
Du carabouya ! Un peu ma madeleine de Proust. Souvenirs d’une enfance heureuse, avec un attachement indéfectible à la ville de Namur, annonciateurs de mes nombreux séjours professionnels en Afrique. J’ai invité un ami qui court derrière ses rêves tout en les réalisant.

Jour 3
La Tour du Millénaire, à Louette-St-Pierre, près de Bouillon. Une véritable prouesse architecturale. Souvenir d’une prouesse personnelle de celle que j’aime, lors d’un de ces moments familiaux qui permettent de toujours se construire et se projeter. Invitation naturelle pour mon architecte préférée.

Jour 4

Randonnée en Brabant flamand alors que nous étions enfin en Brabant wallon. J’y ai appris les plaisirs de la balade tout en continuant à lui préférer ceux des ballades. Tout naturellement, j’ai invité une amie canadienne – jamais rencontrée ! – qui sait ce que photographier la nature veut dire ! In piena libertà.

Jour 5
Un instant figé mais ô combien libérateur, à Durbuy, où les nuages sont en bas et où la platitude crée le relief. Évidence d’inviter un ami de rhétorique – quoique ! – seul à même de décider s’il faut écrire nénuphar ou nénufar

Jour 6
Elle est là, dans notre jardin. Désuète. Obsolète. Sublime. La fleur est venue toute seule pour l’embrasser et m’embraser. Belle occasion d’inviter un ami qui va et vient dans ma vie, sans trop savoir s’il doit se poser ou se pauser. Qu’importe d’ailleurs. Seule la fleur importe.

Jour 7
Symbole de notre nouvelle vie. Dans la lumière et l’ombre. Tournée vers l’essentiel, en pleine nudité et simplicité. Les mains ouvertes pour créer. Invitation à toute personne qui veut aussi profiter de la vie !

Comme il serait vain de se priver des plaisirs de la vie, j’ai publié – juste pour le plaisir des yeux, et aussi pour ne pas faire comme tout le monde – un huitième jour.
Je me baladais. Le soleil était lumineux. Soudain, cette vue me fut offerte. Elle était encore bien plus belle en vrai que sur la photo. Elle s’imposait. Elle représentait tout ce qu’est ma vie aujourd’hui. Un jour, peut-être, je vous expliquerai pourquoi et comment. Aujourd’hui, seul le plaisir compte… Et je me dis que ce périple noir et blanc m’a vraiment permis de revoir toutes les merveilleuses couleurs de ma vie.