mardi 16 août 2022

L’obsolescence lumineuse déprogrammée


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Incontestablement, j’aime la lumière. Ce n’est pas pour rien qu’en 2006, j’ai choisi d’appeler ce blog fourre-tout « Réverbères », en écho à ma chanson Allumeur de réverbères. Allez savoir pourquoi, dans cette quête de lumières, j’ai toujours été subjugué par ces boules qui s’éclairent la nuit grâce à l’énergie qu’elles ont reçues du soleil pendant la journée. Cette transmission technico-naturelle est magique.
 
Tant que ça fonctionne. À certains moments, comme toute chose, ça rend l’âme sans qu’on sache exactement pourquoi. Ce ne sont bien sûr que quelques leds assortis de cellules photovoltaïques et d’un mini-circuit qui permet de gérer tout ça. Pas de la haute technologie. Ces lampes ne se vendent d’ailleurs la plupart du temps que dans des supermarchés à prix réduits. Pas de raison d’espérer l’éternité !
 
Celle qui apparaît dans le montage photographique ci-dessus est relativement récente, environ 5 années durant lesquelles elle a bien fait le job pour mon plus grand plaisir. Puis, du jour au lendemain, elle a refusé de se rallumer. J’avoue que ça m’a donné un coup de cafard. Une lumière de plus qui se faisait la malle, fût-elle électronique, c’était dur. Je n’ai d’ailleurs pas tardé à remplacer la boule défaillante par deux demi-boules en pleine jeunesse. Mais j’étais vexé. Pourquoi refusait-elle de s’allumer ? Et surtout pourquoi le faire du jour au lendemain ?
 
Je n’aimais pas ça et je voulais donc en savoir plus : il me fallait ouvrir la boule pour vérifier le dispositif. Sauf que c’est là que l’obsolescence programmée devient vicieuse : visiblement, cette lampe n’était pas destinée à être démontée ! Quand on veut, on peut. Une fois ouverte, je découvris l’ampleur du désastre : le fond de la boule était inondé. Tout le monde sait qu’électricité et eau ne font jamais bon ménage. Il était plus que vraisemblable que la pile rechargeable avait grillé lors d’un court-circuit fatidique. Il me suffisait de remplacer cette batterie, d’un format peu répandu évidemment. Quand on cherche, on trouve. Même s’il m’a fallu deux essais. Là, je relance tout et… rien !
 
Vexé, je l’étais. J’ai testé la batterie, elle était chargée ! Bref, je m’apprêtais à abandonner. Quand j’ai eu une réminiscence de mes cours d’électricité lors de mes latin-sciences, il y a plus de 50 ans ! Quand le fer est confronté à un milieu humide, il se transforme, en trois étapes, en oxyde de fer(III) hydraté, plus communément appelé de la rouille. Et celle-ci, comme tous les oxydes métalliques, est un très mauvais conducteur. Bref, j’ai gratté la rouille avec un bête couteau de cuisine, j’ai remis la pile et – miracle ! – le courant passait. Test dans l’obscurité : tout fonctionne. Il me reste à voir si la pile se recharge bien en vrai… et aussi à vérifier si la première pile a vraiment grillé.
 
Peu importe, ça semble fonctionner. Comme quoi, avec un peu de volonté et de patience, on y arrive. Ces appareils peuvent avoir une vie plus longue que ce qu’on imagine. C’est aussi le cas de mon amplificateur, qui – après avoir montré quelques signes de faiblesse – a retrouvé une deuxième jeunesse à la suite d’un simple nettoyage avec du « WD-40 Specialist » et qui s’apprête à fêter ses 50 ans de bons et loyaux services.
 
Ne jamais croire que tout est foutu, même quand tout l’indique. Il est (quasiment) toujours possible de déprogrammer l’obsolescence. Quand on veut, on peut. Quand on cherche, on trouve.

jeudi 11 août 2022

(In)visible

  

Lorsque je lis, il ne m’arrive pas souvent de me dire « Ah, voilà un passage à retenir ». Au contraire de mon meilleur ami, je n’ai d’ailleurs la plupart du temps aucun crayon, stylo à bille ou surligneur à côté de moi tant il est inconcevable pour moi de laisser des marques dans un livre qui aura – je l’espère toujours – une autre vie après celle que je lui accorde. Pourtant, hier, en lisant Sept jours pour une éternité de Marc Lévy, j’ai été interpellé par cette phrase « Au contraire du mal, le bien est invisible » !

Cela m’a fait directement penser aux réseaux sociaux (surtout dans les groupes locaux) où les gens passent plus de temps à se plaindre qu’à parler de bonnes nouvelles. Aussi aux informations qui semblent n’intéresser les lecteurs ou auditeurs que si elles annoncent de mauvaises nouvelles. Bref, je trouvais cette notion d’invisibilité du bien assez intéressante, tout en ne retenant pas les mots qui suivaient le dit extrait.

Ce matin, voulant retrouver ces mots sans avoir le courage de monter dans ma chambre pour me plonger dans le livre, j’ai googlelisé « le bien est invisible ». J’ai directement trouvé une citation : « Contrairement au mal, le bien est invisible. Le bien ne peut s'exprimer sans être galvaudé, perdre de son élégance ou de son sens ». Ça m’allait, sauf que la citation n’était pas attribuée à l’auteur bien connu. J’ai continué mes recherches et ai vite retrouvé le texte de Lévy : « Au contraire du mal, le bien est invisible. Il ne se calcule ni ne se raconte sans perdre de son élégance et de son sens ».

J’étais étonné et me suis demandé qui avait repris l’idée de l’autre. Sept jours pour une éternité date de 2003 alors que l’autre ouvrage a été publié, par auto-édition, en 2019. J’en ai conclu un peu rapidement qu’il y avait là un emprunt un peu léger.

Je me trompais. En réalité, cette notion du bien invisible au contraire du mal est issue d’une longue tradition religieuse, que celle-ci soit d’origine juive pour Lévy, musulmane pour l’autre auteur ou encore chrétienne où il est inutile de se vanter du bien qu’on fait (même si beaucoup ne l'ont pas vraiment compris).

Ma première réaction subodorant une forme de plagiat était totalement infondée. Pourtant, je me suis un peu enflammé. En réalité, j’ai vu le mal partout et trop rapidement.

C’est ça le problème : le bien est invisible !

mercredi 10 août 2022

Petit éloge de la chanson française

 

Didier Tronchet est décidément un auteur étonnant, prolifique et éclectique. Au départ, c’est un auteur de bandes dessinées, dans les années 1980. Raymond Calbuth et Jean-Claude Tergal. Vous ne connaissez pas ? C’est normal, mais c’est un tort. Et le tort tue. Ces BD, c’est de l’humour noir, mais surtout social. Tronchet met en scène (il le fera au cinéma aussi) des personnages dont la banalité de leur quotidien n’a d’égale que l’absurdité de la société qui la permet.

Bon, je ne vais pas raconter ici toute la vie et l’œuvre de Tronchet. La page Wikipédia qui lui est consacrée fait ça bien mieux que moi (quoique). Et d’ailleurs, j’en ai déjà parlé ici, pour présenter son merveilleux roman graphique relatant sa quête du chanteur perdu, Rémy Bé (alias Jean-Claude Rémy).

Si j’en reparle aujourd’hui, c’est justement grâce à la chanson française. Didier Tronchet est l’excellent auteur d’un ouvrage qui m’a profondément marqué : Petit éloge de la chanson française. Il m’a marqué parce que… j’aurais pu l’écrire moi-même (avec bien moins de talent). Toutes les émotions que l’auteur nous partage dans sa découverte de la chanson française sont quasiment les mêmes que j’ai vécues. Et d’abord, si pas avant tout, ce sentiment permanent d’être un peu en dehors du monde normal. Pensez donc, aimer à en devenir dingue des gens comme Jacques Brel, Maxime Le Forestier, Georges Moustaki, Hugues Aufray, Jean-Michel Caradec, Graeme Allwright, Georges Brassens, Julos Beaucarne, Philippe Chatel, Christophe, Léo Ferré… et bien sûr Jean-Claude Rémy ou bien d’autres encore, ce n’est pas le sort de tout le monde. Mais c’est celui de Tronchet… et le mien. Nous sommes au moins deux !

Vous aurez peut-être remarqué qu’il n’y a pas de femme dans cette liste. Ce n’est pas que Tronchet les ignore. Il parle de certaines d’elles (Jeanne Cherhal, Barbara, Anne Sylvestre…). Mais il lui fallait faire des choix et il les a faits. Si j’étais son éditeur, je me dépêcherais de lui demander un deuxième tome : Petit éloge de la chanson française féminine. Je suis convaincu qu’il ferait cela très bien.

Bref, ce petit livre est un régal. Si vous allez sur le site de l’auteur, vous pourrez découvrir des "playlists" qui permettent de (re)découvrir toutes ces chansons (y compris avec des voix de femmes). Personnellement, j’aurais parlé de listes de lecture, ou listes de jeu ou encore listes de plaisir… mais le monde de la chanson n’est plus tout à fait francophone. Ça ne change rien à la qualité de toutes ces chansons et encore moins à celle de cet ouvrage que je vous conseille vivement, surtout si vous êtes né·e dans les années 1950-60. Ou avant ou après d’ailleurs. La chanson française qui émeut n’a pas d’âge.