mercredi 30 décembre 2015

L’amour du vivant

© Claude Théberge

Y a la vie de la source

Qui fait naître la mer

Y a la joie populaire

Au terme de la course

Y a la musique du temps

Qui berce le voyage

Y a tous ces témoignages

Qui parlent du printemps

Y a le cœur séducteur

Qui efface tous les doutes

Y a l’ami qui écoute

Quand on croise le malheur
Y a l’amour du vivant

Qui nous ouvre les yeux

Sans besoin d’avoir Dieu

Pour écouter le vent

Il est de ces petits moments, tout simples, tout anodins, qui – d’une manière ou d’une autre, mais surtout en s’amplifiant progressivement – créent le bonheur. Tel ce petit ruisseau qui dégouline de vie et qui se jette dans les bras de la rivière pour former un fleuve qui alimentera la mer. Comme un enfant qui finit par nourrir sa mère.

C’est parfois encore plus basique. S’extasier face aux efforts de sportifs qu’on admire et qu’on soutient, alors même que ceux-ci ne servent objectivement à rien, si ce n’est à s’extasier ! Se surprendre, dans sa voiture, à chanter à pleins poumons une chanson qui avait cru pouvoir se faire oublier, mais dont chaque mot revient tout seul, comme une évidence.

Il en est de plus subtils aussi. Écouter ces indécrottables optimistes qui, alors que tout va mal, vous parlent avec passion d’un lendemain libérateur. Sentir ce regard en train de se laisser séduire, prêt à devenir amoureux, qui vous fait croire soudain que vous avez raison d’y croire. Se confier sans mystère à l’ami qui se contente de vous écouter avec bienveillance sans savoir combien ce silence est précieux et significatif.

Il y a toute cette vie qui sourd de partout, tellement qu’elle nous emballe dans une ronde magique où l’amour devient l’unique maître mot. On voit alors l’ultime vérité, celle qui vous éblouit au plus profond de nos petites ténèbres. On se laisse alors bercer, sans avoir besoin ni d’avoir d’yeux ni d’avoir Dieu pour écouter le vent.

Qu’est-ce qui fait vivre la vie

Qui nous porte au-delà de nous

Qu’est-ce qui nous rend fou

Qui nous donne autant d’envie

mercredi 23 décembre 2015

Internet, sans coût ?

Grand utilisateur d’Internet, j’ai souvent l’impression – comme vous, je suppose – que son usage est sans coût. Bien sûr, je paie (cher) l’abonnement à mon fournisseur d’accès, mais ensuite, tout est gratuit ! Erreur monumentale ! Le coût écologique du Web est immense !

Je ne vais pas ici asséner une myriade de chiffres. Ceux-ci peuvent aisément être trouvés par ailleurs. Juste quelques éléments :
  • les technologies de l’information et de la communication (TIC) seraient responsables de deux à trois pour cent des émissions de CO2 dans le monde, soit l’équivalent de celles du transport aérien ;
  • Internet nécessite environ 1000 TWh, soit l’énergie annuelle produite par 40 centrales nucléaires ;
  • les consommateurs – vous et moi – comptent pour 47% des gaz à effet de serre émis par Internet (fabrication du matériel, consommation électrique…) ;
  • une recherche d’information coûte 20 mg de CO2, ce qui fait pour Google 7 tonnes de CO2 par jour (7 ans de chauffage pour un appartement 3 pièces) ;
  • l’envoi d’un courriel engendre entre 0,3 g et 4 g de CO2, selon le volume des pièces jointes ; avec plus de 200 milliards de courriels annuels, cela équivaut à l’empreinte environnementale de plus de 3 millions de voitures par an ;
  • chaque année, un internaute consomme l’équivalent de 350 kWh (consommation moyenne de 2 lave-vaisselle par famille) et 200 kg de gaz à effet de serre (trajet de 1000 km avec une voiture consommant 7 l/100 km)…
La question à se poser est évidemment de savoir si on peut y faire quelque chose. Selon GreenIT.fr, il y a des gestes simples à poser, même s'ils peuvent bouleverser nos habitudes :
  • allonger la durée de vie des équipements, car c’est la fabrication de ceux-ci qui a la plus grande empreinte environnementale ;
  • éteindre le modem et le boîtier TV quand ils ne sont pas utilisés, essentiellement la nuit. Allumés 24 heures sur 24, ces appareils consomment ensemble de 150 à 300 kWh par an, soit la consommation électrique annuelle de 5 à 10 ordinateurs portables 15 pouces utilisés 8 h par jour ;
  • limiter l’usage du cloud au strict nécessaire. Le stockage en ligne de ses courriels, photos, vidéos, musiques, et autres documents impose des allers-retours incessants entre le terminal de l’utilisateur et les serveurs. Or, transporter une donnée sur Internet consomme 2 fois plus d’énergie que de la stocker pendant 1 an ;
  • ne pas regarder la télévision via Internet, la vidéo en ligne représentant plus de 60% du trafic internet…
Il y a bien sûr des choix à faire aussi au niveau des fournisseurs d’accès, des concepteurs de sites, des centres de stockage des données, etc. Globalement, ceux-ci sont conscients du problème et s’efforcent d’y apporter des solutions. Ils y ont intérêt d’ailleurs. C’est moins clair pour les constructeurs de matériel dont on connaît la propension à l’obsolescence programmée. C’est pour cela qu’à un niveau individuel il convient de prolonger au maximum la vie d’un équipement, notamment en le recyclant d’une manière ou d’une autre.

Au bout du compte, l’important est d’abord d’avoir conscience de ce coût écologique. Ces gestes qui sont devenus anodins – envoyer un courriel, stocker des photos, regarder une vidéo, utiliser les réseaux sociaux… – ne le sont finalement pas tant que ça ! Il est évident qu’ils ne disparaîtront pas. Au contraire, on a toutes les raisons de croire que le numérique continuera son ascension dans nos petites vies. Mais toute petite goutte qu’on pourra économiser évitera peut-être que l’océan déborde trop vite !

jeudi 17 décembre 2015

T’es racé ou terrassé ?

FMG©2015 

Voir, un 17 décembre, à Paris et à 22 heures, des quidams comme vous et moi prendre gentiment un verre sur une terrasse, non chauffée, c’est à la fois merveilleux et effrayant.

Ce temps clément fait partie de ces petits bonheurs qu’il vaut mieux prendre plutôt que de les laisser s’envoler. Alors, prenons. De plus, par les temps qui courent, prendre un verre en terrasse à Paris, c’est aussi un acte de résistance. Et ça, ce n’est pas rien.

Le 17 décembre, ce n’est pas n’importe quelle date pour moi. Il y a 32 ans – ou était-ce il y a 33 ans ? –, il faisait froid, mais le soleil était de la partie pour m’accompagner dans le lancement de la plus belle aventure qui soit : celle de l’amour ! Aujourd’hui, pour des raisons scientifiques, je ne peux même pas fêter ça avec la proximité qui s’impose dans ces cas-là. Qu’à cela ne tienne : cela ne saurait tarder !

Mais en attendant, pour d’autres raisons scientifiques, il y a de quoi s’alarmer de la situation que nous vivons. Même si c’est agréable, ces températures exceptionnelles, alliées à un soleil lumineux et une nuit chaleureuse, ne présagent rien de bon. On peut penser, bien entendu, que nos pays occidentaux du Nord s’en sortiront. Quoique. Mais, malgré l’accord positif de la COP21, que deviendra notre Terre dans les années qui viennent ? Combien de victimes climatiques y aura-t-il, noyées par des inondations ou des typhons, écrasées par des avalanches, assoiffées par des sécheresses inéluctables, asphyxiées par les particules… ?

La terrasse que j’ai photographiée ce soir était non chauffée. Et je ne retiens que le plaisir de ces personnes qui célébraient la vie et ses plaisirs. J’en ai vu d’autres qui puisaient leur énergie non seulement dans cette joie d’être ensemble, mais aussi dans des bonbonnes de gaz qui réchauffaient ce qui n’a pas besoin de l’être. Il est possible que pour les tenanciers – que dis-je, pour les actionnaires – ces bonbonnes permettent quelque profit supplémentaire. Pour eux. Pas pour la planète. Pas pour nous.