vendredi 29 août 2014

Procréé et plus…


Semaine de reprise professionnelle pour nous. Semaine de vacances pour notre fille. Semaine d’accueil de notre petit-fils, un peu plus d’un an au compteur. Il faut s’organiser, mais au bout du compte : que du bonheur. Pas de chance, il est malade ! Forte fièvre, avec tout ce qui va avec, comme on dit chez nous.

Ce matin, j’étais seul avec lui. Lui qui est un « bébé Duracell », les piles étaient bien plates. Alors qu’il est plein d’énergie en temps normal, là, il avait surtout besoin de calme, de tendresse, de douceur, d’affection.

Quand il s’est blotti contre moi, en montrant clairement que c’était cela qu’il voulait, je l’ai serré avec toute l’affection que je pouvais. Il n’a plus bougé pendant 45 minutes. Je sentais sa chaleur abandonnée, pleinement confiante dans cette tendresse que je lui prodiguais. Quelque part, il était pleinement en moi. J’avoue que je ne savais pas trop quoi faire, mais que d’un autre côté ce moment magique me transcendait au-delà de ce qu’on peut imaginer.

Il est loin le temps où mes enfants se blottissaient contre moi, mais je ne sais pas si j’ai réellement oublié. En tout cas, ce matin, c’était une osmose totale, au-delà ce qu’on peut réellement imaginer.

Sentir un être de vie vous confier pleinement la sienne, en toute connivence, malgré la maladie, c’est un bonheur incommensurable. Comme si on commençait soi-même à exister ! Ce n’est bien sûr qu’une illusion : j’ai déjà vécu tout ça, avec quelle émotion, à travers mes enfants. La chanson Procréés que je publie ci-dessous leur rend hommage ! Mais il faut le reconnaître : la confiance de mon petit-fils m’émeut plus que ce que je ne m’y attendais !

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Je vous ai procréés

C’est vous qui vous créez

Je vous ai éduqués

C’est vous qui m’indiquez

Le chemin de la vie

Qui fait naître l’envie

D’aller toujours plus loin

Là où tout se rejoint

Toi ma lumière joyeuse

Ma fille mystérieuse

Tu vas là où tu veux

Sans te prendre au sérieux

Derrière ton silence

Ta vie est une danse

Où l’organisation

Côtoie les émotions

Toi mon feu chaleureux

Mon volcan impétueux

Tu ne peux nous cacher

Ta sensibilité

Tous ceux qui te connaissent

Apprécient ta richesse

Même s’il faut la chercher

Dans ton coeur écorché

Toi mon soleil paisible

Mon joueur impassible

Tu décides du temps

Autant que tu l’entends

À chercher ton chemin

Tu le trouveras demain

Sans que soit affectée

Ta serviabilité

François-Marie GERARD - FMG © 2004

vendredi 22 août 2014

Les décisions de notre enfance

Il n’est jamais facile de prendre une décision importante. Tant de facteurs entrent en ligne de compte. Se marier, se démarier, ou entrer en relation – stable ou momentanée – avec l’une ou l’autre. Opter pour tel ou tel métier. Se réorienter professionnellement ou émotionnellement, à l’encontre de ce que les autres, proches, pensent.  Se lancer dans une aventure, professionnelle, sentimentale, sportive. Déménager, au sens propre comme figuré. Décider de ce que sera notre vie.

Mais est-ce bien nous qui décidons ? Et sommes-nous à même de prendre en toute autonomie les décisions que nous sommes supposés prendre ? Une décision n’est-elle pas jamais que la résultante d’une série de facteurs, tant internes qu’externes, qui nous conditionnent ? Sommes-nous véritablement maîtres de nous-mêmes ?

J’entends souvent cette phrase : « Il n’y a pas de hasard ! ». Il n’ y aurait ainsi jamais que des chemins qui se croisent, toujours pour des raisons beaucoup plus importantes et construites qu’on ne le suppose. Chaque chose, chaque rencontre, chaque décision aurait une raison d’être, là-même où elle se trouve, et son existence serait en quelque sorte forcée par on ne sait quel destin, quel mouvement transcendant, quelle inévitabilité.

Ce déterminisme, heureux ou malheureux, est sans doute – dans la plupart des cas – bien présent. La question est dès lors de savoir quelle est sa source. À quel moment les choses se déterminent-elles ? Et se déterminent-elles par elles-mêmes ou ne résultent-elles pas elles-mêmes d’autres choix, d’autres orientations, d’autres visions ?

Ma réponse pourrait paraître surprenante. Cependant, elle me semble éminemment logique. Oui, nos décisions d’adultes sont clairement déterminées. Elles le sont par les décisions que nous avons prises préalablement, au moment où nous ne pouvions être influencés parce que nous jouissions d’une liberté totale. Ce moment, c’est l’enfance. Nos décisions d’adultes ne sont jamais que la résultante des décisions que nous avons prises lorsque nous étions enfants.

C’est enfant que l’on décide d’être ou non quelqu’un qui va suivre les autres, d’être ou non quelqu’un qui va se conformer à ce qu’on attend strictement de lui, de tester ou non des voies nouvelles non conseillées ni recommandées par l’environnement… Toutes ces décisions, l’enfant les fait en connaissance de cause. Il sait très bien – très tôt – que s’il prend une voie non reconnue par son entourage, cela va se retourner contre lui. Mais, si c’est son choix, il va assumer cette décision en voyant bien où cela le mène. Et en en acceptant les conséquences. Quand l’enfant fait une « bêtise », il le sait et il accepte l’éventuelle sanction.

C’est à travers ces différentes micro-décisions que l’enfant se construit et devient petit à petit lui-même, avec son identité propre. Celle-ci sera la sienne jusqu’à la fin de sa vie. La plupart des décisions qu’il prendra par la suite, y compris dans sa vie adulte, ne seront jamais que la résultante des décisions qu’il aura prises quand il était enfant, en absolue liberté, parce qu’à ce moment il prenait la décision qui lui semblait bonne pour lui, sans la filtrer dans une analyse rigoureuse, critique, envahissante et annihilante.

En d’autres mots, nous ne sommes jamais que le produit de ce que nous avons décidé lorsque nous étions enfants. Loin d’être un « être en devenir », juste capable de réaliser ce que les adultes décident pour lui, l’enfant est un « être qui se fait pour la vie », en totale liberté et sous son entière responsabilité. C’est enivrant, non ?

samedi 9 août 2014

Plénitude usurpée


FMG©2014

Le ciel est, par-dessus la mer, si doux, si calme. Un rayon, par-dessus la mer, berce sa lame. Dans cette douceur vespérale, si douce, si prude, un profond sentiment s’installe : la plénitude.

Elle vous prend au fond de votre être. On ne peut rien faire contre elle. La beauté du monde est telle qu’elle s’infiltre dans la moindre parcelle de votre corps, de votre cœur, de votre âme.

Et pourtant ! Comment peut-on se laisser aller à cette zénitude, alors que notre monde vit de guerres un peu partout. Ukraine, Irak, Syrie, Libye, Soudan, Nigéria, Gaza… ? Et d’autres encore. Il faudrait plus que trois petits points !

Qu’est-ce qui justifie ces guerres ? Certains diront « les religions ». Mais celles-ci ne sont-elles pas qu’un prétexte, un moyen – puissant s’il en est – de mobiliser les foules ? En réalité, toutes les guerres – et singulièrement celles de 2014 – ne sont-elles pas économiques ? On est là dans une complexité extrême, dans laquelle il est vain de faire ressortir la vérité parce que, par définition, celle-ci ne peut être que cachée. On peut faire des hypothèses, toujours invérifiables, mais qui toujours aussi deviennent pour beaucoup des convictions profondes.

De ces guerres, c’est un des dégâts collatéraux des plus dévastateurs. Chacun se sent quasi obligé de choisir son camp. Et la haine commence à naître. Dans notre univers virtuel, elle se transforme en guerre des mots, sans beaucoup de retenue. Mais cette haine virtuelle enfante aussi des relents de racisme ou d’ostracisme qui non seulement attisent des feux incendiaires, mais de plus ferment la porte à tout dialogue. Et chacun, sans même le vouloir, finit par être ennemi à détruire, sans état d’âme.

La vie continue au-delà de ces guerres. Heureusement. Mais elle a comme un goût amer, qu’on voudrait pouvoir oublier, mais qu’on ne peut pas. Même si…

Le ciel est, par-dessus la mer, si doux, si calme. Un rayon, par-dessus la mer, berce sa lame. Dans cette douceur vespérale, si douce, si prude, un profond sentiment s’installe : la plénitude.

mardi 5 août 2014

Papyllon

FMG©2014

Mine de rien, être grand-père, ce n’est pas n’importe quoi.

Biologiquement parlant, c’est un peu avoir accompli son rôle de perpétuation de l’espèce. On n’a pas seulement participé à la génération suivante, mais voilà qu’on contribue à une vision plus lointaine, susceptible de participer pleinement au prolongement biologique. En quelque sorte, on a fait ce qu’on devait faire. D’un strict point de vue biologique. (Ce qui ne veut pas dire d’ailleurs que celui qui ne se retrouve pas grand-père n’a pas fait ce qu’il devait faire ! Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas !).

Affectivement parlant, c’est plus mystérieux et plus fantastique. La relation avec le petit se construit sur une toute autre base que celle créée entre père et fils/fille. Il y a une liberté en plus, tout en ayant un recul plus important. La responsabilité est de toute évidence différente, même si elle existe tout autant. La différence rejoint la dimension biologique : les grands-parents ne sont pas là pour « nourrir » leur petit-enfant. Ils n’ont justement plus de responsabilité biologique. Leur seule responsabilité est désormais affective : participer, en deuxième ligne, au développement de cette vie en quête d’autonomie. L’enfant ne s’y trompe pas : il découvre dans cette relation une distance bienveillante qui l’aide à progresser.

Je suppose que tout grand-père trouve son petit-fils extraordinaire. C’est mon cas. J’ai rarement vu un enfant aussi souriant, aussi enthousiaste de retrouver quelqu’un qui l’aime, aussi attentif à tout ce qui se passe autour de lui, aussi fin dans les gestes, aussi volontaire quand il s’agit d’obtenir ce qu’il sait qui lui sera donné, aussi confiant dans le vol d’un papyllon. Sans doute suis-je un peu subjectif ! Mais que c’est bon !