samedi 26 novembre 2011

Juste à Luxembourg

FMG © 2011

Les aléas de la vie professionnelle m’ont ramené dans ce restaurant « Pinocchio », à Luxembourg, qui m’avait émerveillé en 2009 ! J’y ai mangé deux soirs avec, à peu de choses près, les mêmes menus qu’il y a deux ans. C’était bon, mais sans plus. La magie avait disparu. Je n’étais plus à Beyrouth, mais seulement à Luxembourg.

La vie est ainsi faite. On s’émerveille devant un paysage, face à un événement, en compagnie d’un ami. Puis, on y revient, on le revit ou on le retrouve. Et on déchante. On se rend compte que la réalité n’est pas tout à fait la même que celle qu’on s’était construite.

Ce n’est jamais un moment facile. Sans doute, fait-on alors tout pour garder l’image du fantasme. Mine de rien, ce n’est jamais évident d’accepter que l’on s’est trompé, qu’on a pu voir la beauté là où il n’y avait que la banalité.

Pourtant, la véritable beauté n’est-elle pas dans la banalité ? La magie de Pinocchio n’était plus là. Mais il restait l’artisanat de Geppetto, ce pauvre menuisier italien créateur d’une vie artificielle qui parle tellement de la vraie vie.

Dans l’inconscient collectif d’aujourd’hui, Pinocchio est définitivement associé au mensonge et aux nez qui s’allongent. Ils sont plus fréquents qu’on ne veut bien le croire, ou l’espérer. Les menteurs font partie de la banalité de la vie. Quand ils prennent la forme de ce qu’on a cru un ami, leur nez s’allonge d’autant plus, et cela fait mal.

J’étais ainsi perdu dans mes rêves. Mais j’étais simplement en train de manger une friture de fruits de mer, juste à Luxembourg.

vendredi 18 novembre 2011

Intouchables, mais touché

Comme tous ceux qui l’ont vu – et ils sont de plus en plus nombreux – j’ai pris beaucoup de plaisir à regarder le film « Intouchables ». C’est plein d’humour et de justesse.

L’histoire est belle et les acteurs l’interprètent avec une grande qualité. Derrière l’apparente simplicité, il y a même de vraies questions qui sont posées et développées dans le respect de leur complexité. Quelle relation avoir avec l’handicap, qu’il soit physique ou social ? Quelle place pour les handicapés dans notre société ? Comment rebondir lorsqu’on se retrouve en situation d’handicap ? Peut-on s’aliéner à un autre pour l’aider à rebondir ? Des univers différents, liés à des référents culturels fondamentalement opposés, peuvent-ils se rencontrer pour sortir de l’impasse ? Peut-on sortir de l’assistanat pour se prendre pleinement en charge ? …

J’avoue que je n’ai pas été obsédé par ces questions importantes lors de la découverte du film. J’ai surtout ri, pris par le plaisir de voir ces deux handicapés à leur manière devenir intouchables par la construction d’un univers propre fondé sur la bonne humeur et le détachement de soi. Le film est vraiment bien construit. C’est du très bon cinéma… et c’est à ce niveau que je le situais.

Seulement voilà, pour moi, quelque part, ce n’était pas tout à fait du cinéma. Mon frère a passé plus de la moitié de sa vie dans sa chaise roulante de tétraplégique. Alors, quand à la fin du film, sont apparus à l’écran les vrais personnages, ceux dont l’histoire a inspiré cette comédie, l’émotion m’a submergé. Ce n’était plus du cinéma, mais la vraie réalité du handicap, du frein brutal de la vie « normale ».

Les larmes m’ont alors envahi. Et j’ai revécu ces moments où nous avons ensemble essayé de faire comme si la vie n’était pas changée. Partir en vacances en montagne, dans un chalet dont le seul accès par un escalier étroit et raide ne permettait pas d’utiliser la chaise roulante… et sur lequel j’ai trébuché un jour en portant mon frère. Partir aussi en vacances aux USA voir notre sœur en évacuant tous les petits problèmes que cela allait nous poser pour ne vivre que le plaisir du défi que cela représentait. Puis, tous ces autres petits moments quotidiens, moins spectaculaires, où nous essayions ensemble, toute la famille et tous les amis, de faire comme si… comme si – bien que fondamentalement touchés – on était effectivement intouchables !

vendredi 11 novembre 2011

Se remettre en question

Il m’arrive de former des demandeurs d’emploi. Une bonne partie de ceux-ci – souvent des ingénieurs – ont une carrière professionnelle plus ou moins longue derrière eux, parfois à des postes de responsabilité ou comme chefs de projet. Ils ont néanmoins perdu leur travail et viennent suivre des formations pour se recycler et espérer trouver un nouvel emploi dans un secteur émergent et technique.

N’intervenant dans leur processus de formation qu’à raison de 4 journées, autour de la gestion de projets, il ne m’est pas possible de connaître dans les détails la vie de chacun et les raisons qui l’ont amené à se retrouver demandeur d’emploi. La conjoncture socioéconomique explique sans doute certains licenciements, si pas la plupart d’entre eux. Néanmoins, certains ingénieurs travaillaient dans une entreprise qui n’était pas en situation critique et il est permis de penser que s’ils ont été licenciés, c’est parce qu’ils ne correspondaient pas parfaitement à ce que leur société attendait d’eux.

Un bon chef de projet est quelqu’un qui a des compétences techniques dans le domaine concerné par le projet, mais aussi des compétences en matière de gestion et de planification ainsi que des compétences relationnelles. Paradoxalement, ce sont sans doute les compétences techniques qui sont les moins importantes pour être un bon chef de projet. À l’opposé, les compétences relationnelles sont fondamentales : le chef de projet doit être leader, négociateur, psychologue, vendeur… Il faut bien l’avouer : les ingénieurs ne sont pas vraiment formés à ces compétences. Et certains ne les ont que très peu développées !

Ce qui me frappe, c’est la difficulté de certains à accepter qu’on peut faire autrement que ce qu’ils ont toujours fait ! Leur discours est clair : « ce que vous proposez ne correspond pas à la réalité où ça se passe comme ça… ». Ils ont sans doute raison : c’est « comme ça » qu’ils ont toujours agi… et c’est peut-être pour ça qu’ils ont été remerciés !

Qu’on me comprenne bien : j’admire fondamentalement ces personnes qui, dans une phase difficile de leur vie professionnelle, viennent se recycler alors qu’elles ont près de 50 ans, voire même 60 ans pour certains. Elles sont vraiment en projet, bien loin de l’idée qu’on se fait parfois des « chômeurs ». Mais je suis quand même toujours étonné par la difficulté qu’ont certaines d’entre elles à se remettre en question, à se dire qu’on peut agir autrement que de la manière dont elles ont toujours agi, à modifier des démarches qui ne se situent pas sur le plan strictement technique…

samedi 5 novembre 2011

Paul et Mick

Dans une série d’échanges électroniques, Monsieur A. – que quasiment personne ne connaît, et c’est très bien comme ça – m’avait traité de « polémiste », me signifiant ainsi que je n’étais que quelqu’un qui cherchait la polémique et donc la petite bête qu’on peut titiller pour le simple plaisir de le faire !

J’avoue que je n’accordais pas beaucoup de crédit aux impressions bellicistes de Monsieur A. (et je ne l’accorde toujours pas), mais j’avais quand même été interpellé. C’est assez normal : quand on vous traite de quelque chose d’inattendu, vous pouvez bien sûr laisser cela glisser sur la carapace de votre indifférence, mais vous pouvez aussi vous demander s’il n’y a pas quelque chose de vrai dans ces assertions gratuites. Je relève plutôt de cette seconde option.

J’y reviens parce que – plus d’une fois – je suis amené à réagir à certains statuts ou partages dans le cadre de cet extraordinaire outil social qu’est Facebook. Il y a à boire et à manger dans cet outil, des choses à défendre et d’autres à critiquer. En attendant, il y a des gens – des « amis » - proches ou non qui publient des informations. Celles-ci m’intéressent toujours, me plaisent souvent, m’interpellent parfois et ne me laissent jamais indifférent (sinon, ce ne seraient pas des « amis »). Lorsqu’elles m’interpellent – pour de multiples raisons – j’ai du mal à résister et je réagis plus souvent qu’à mon tour. Je polémique. Ça me plaît bien, je dois l’avouer. Mais j’ai toujours des doutes néanmoins : ai-je raison de polémiquer ? Ai-je seulement raison dans les arguments que j’avance ? Comment mon « ami(e) » va-t-il (elle) ressentir cet avis critique ou contraire ? Cela vaut-il vraiment la peine ?

En réalité, je ne cherche pas à avoir raison. J’exprime simplement mon avis face à une idée qui a été exprimée. Je reconnais avoir un certain plaisir à débattre ainsi, non pas pour l’ivresse de la bataille, mais pour la plénitude de la recherche d’une vérité à construire. J’aime donc polémiquer, c’est un fait. Mais cela ne signifie nullement que je pinaille sur des détails. En réalité, cela ne me semble qu’une quête d’une vérité commune, sans concession ni compromission. Pas sûr, pourtant, que cela apparaisse comme tel à mes interlocuteurs.

Faut-il se taire ou dire ce que l’on a à dire ?

mercredi 2 novembre 2011

Pas de quoi en faire un plat

FMG © 2011

Voyez la Mer du Nord. Elle s'est enfuie de Bruges. Il y en a d’autres qui s’y rendent. À vélo qui plus est. Faut dire qu’entre Sluis et Bruges, c’est tout plat et quasiment tout droit. Mais il y a quand même du vent, contraire à l’aller… et quasiment contraire au retour. Pas de chance.

La route était belle, le soleil généreux, les amis gentils et agréables, le temps sans aucune obligation. Que demander de plus ? Rien. Le bonheur presque parfait. Sauf que moi, il y avait longtemps que je n’avais plus vraiment roulé à vélo. La dernière fois, c’était pour faire le tour du Lac de Vransko Jezero, en Croatie, en juillet 2010. Et ça avait été bien dur. Tout en étant un très beau souvenir.

Ce sera la même chose pour cette fois-ci. Une belle balade ensoleillée dans un air pur et avec des paysages magnifiques. Un peu de dépassement de soi. Un peu seulement : 3 heures de vélo pour faire 50 kilomètres aussi plats que le plat pays qui est le mien. Bref, pas de quoi en faire un plat !

Alors, juste la satisfaction de l’avoir fait et… c’est très bien ainsi !