dimanche 23 janvier 2011

Honte aux critiqueurs

Environ 30 000 personnes sont en train de manifester à Bruxelles pour dénoncer l’absence de nouveau gouvernement fédéral belge. Je n’en suis pas, pour différentes raisons qui ne concernent que moi. Sans être entièrement d’accord avec les objectifs de cette manifestation, je suis cependant éberlué par les réactions négatives qu’elle suscite !

On est bien d’accord que cette manifestation n’est pas la baguette magique qui nous donnera un gouvernement. On est bien d’accord que ce qui compte avant tout, c’est ce que cet éventuel gouvernement souhaitera mettre en œuvre comme politique dans le respect de tous et de chacun. On est bien d’accord que la situation est complexe et qu’il est normal – dans le cadre institutionnel belge – que toutes ces discussions et négociations prennent du temps.

Comment cependant les soi-disant démocrates qui expriment leur hargne peuvent-ils justifier leur opposition à un mouvement populaire, à une expression de ras-le-bol d’une part de la population ? On peut ne pas être d’accord avec les objectifs, voire même avec le procédé. Mais peut-on postuler pour autant que quelque 30 000 personnes sont stupides, inaptes, ignorantes, vides de sens politique ?

Le plus étonnant (quoique) est le fait que la majorité de ces grincheux qui pratiquent la critique systématique, peu argumentée et parfois injurieuse, ne proposent rien d'autre ! Il y a de quoi se demander de quel côté se trouve la vacuité !

vendredi 21 janvier 2011

La langue est la mère, non la fille, de la pensée

Pensée © Eveline Gallet

« La langue est la mère, non la fille, de la pensée ». Ainsi s’exprimait Karl Kraus, polémiste autrichien du début du XXe siècle. Sans doute, voulait-il dire autre chose que ce que ce billet soutient. Ce paradoxe ne rend la réflexion que plus intéressante. Je ne sais plus trop comment, dernièrement, nous étions arrivés à nous demander si la pensée préexistait au langage. En d’autres termes, peut-on penser en dehors du langage ?

La discussion est apparemment d’ordre philosophique et plus d’un s’y est déjà coltiné (J’adore cet accord paradoxalement singulier avec « plus d’un », alors qu’il est pluriel avec « moins de deux » !). On peut montrer que ce qui caractérise la pensée humaine (la conscience, la réflexion, l'imagination, le maniement des abstractions) dépend fondamentalement de l'acquisition du langage. Il n'y a ainsi pas de pensée consciente en dehors du langage. Cependant, on ne peut nier que les mots ne permettent pas toujours de formaliser la pensée et qu’il nous arrive de penser sans pouvoir traduire par exemple nos sentiments par des mots. Au bout du compte, les philosophes s’accordent à penser et à exprimer que si la pensée, en sa totalité excède bien le langage, la pensée consciente, quant à elle, n'existe que grâce au langage.

Au-delà de la question philosophique, il y a bien sûr la dimension physiologique ou neuropsychologique. Plusieurs études ont été menées, notamment auprès d’aphasiques qui ont perdu le langage, sans pour autant perdre la pensée, ce qui postulerait l’existence d’une pensée non verbale. Au bout du compte (que je n’essaie pas d’atteindre ici), il semble cependant que toute pensée se réfère d’une manière ou d'une autre à un langage.

Une étude récente me semble à cet égard assez subjuguante (Voir Le Soir, 21 janvier 2011, p. 31). Maude Beauchemin et Maryse Lassonde (Hôpital Sainte-Justine, Montréal) ont placé quelque 126 électrodes sur la tête de nouveaux-nés (est-ce de la torture d’enfants ?) afin d’analyser les réactions du cerveau face à différentes paroles, dont celles de la mère. L’étude montre ainsi qu’un nouveau-né interprète d’emblée la voix de sa maman comme une ébauche de communication, traitée par l’hémisphère gauche du cerveau, alors que la même parole prononcée par une autre personne est traitée d’abord par l’hémisphère droit, puis gauche, puis à nouveau droit.

Lorsque ces nouveaux-nés entendent la voix de leur mère, l’information est non seulement traitée comme une ébauche de langage, mais suscite aussi un début de réponse : la partie centrale du cortex, zone motrice de la parole, finit aussi par « s’allumer ».

Au-delà du rôle fondamental de la mère dans la construction du langage et de la pensée, cette étude met en évidence que, dès les premiers instants de sa vie, l’enfant pense en interaction avec le langage et communique grâce à la pensée. C’est un peu l’histoire de l’œuf et de la poule. Sans œuf, pas de poule. Sans poule, pas d’œuf. Sans pensée, pas de langage. Sans langage, pas de pensée.

vendredi 14 janvier 2011

Incroyable Tunisie

L’incroyable est arrivé. Ben Ali s’est enfin décidé à quitter la Tunisie, poussé par ce peuple – surtout ses jeunes – qui n’en pouvaient plus.

Ayant réalisé, depuis 1992, plus de cinquante missions en Tunisie, j’avoue que cette éventualité ne m’a jamais semblé pouvoir devenir réelle. Avec mes amis tunisiens, nous rigolions – rire jaune – à chaque nouvelle réélection devant ces résultats faramineux. En 2009, il y avait cependant de quoi s’inquiéter pour lui : il n’avait obtenu que 89,62% des voix ! Tout cela était tourné en plaisanterie parce que nous savions qu’il n’était malheureusement pas possible de faire autrement. Oser critiquer ouvertement ces résultats aurait pu se retourner contre nous.

Ben Ali était un dictateur. C’est évident. Je n’ai cependant jamais eu la sensation de me rendre dans une dictature. À part bien sûr le fait que je ne parlais jamais de Ben Ali qu’avec ceux dont j’étais sûr des convictions et que la seule manière d’en parler était ironique. Pour le reste, j’ai toujours trouvé la Tunisie un pays très ouvert. Je me souviens avoir assisté à un colloque où les acteurs du système éducatif critiquaient ouvertement certaines actions du Ministère de l’Éducation, en présence de représentants officiels. Ceux-ci me semblaient particulièrement à l’écoute, prêts à améliorer le système en fonction des échos du terrain. La Tunisie est d’ailleurs un des seuls pays que je connais qui a pris des mesures drastiques pour passer d’un système éducatif fondé sur la sélection et l’élimination à un vrai système d’éducation pour tous. Cette réelle ouverture ne changeait cependant rien à la vérité du régime.

Les jeunes Tunisiens ont fini par braver la police et à dire tout haut ce qu’ils voulaient. Plusieurs d’entre eux y ont laissé leur vie. Cette souffrance est insupportable. Mais au moins elle aura servi à quelque chose.

Il s’agit maintenant de dépasser cette première victoire. Ce n’est pas gagné. Alors que le Premier ministre, Mohammed Gannouchi, s’est autoproclamé Président ad interim, on entend déjà des cris « Gannouchi, dégage ! ». Ces cris sont sans doute légitimes : comment le Premier ministre d’un dictateur pourrait-il se transformer soudainement en démocrate ?

Il y a donc peu de chance que le mouvement s’arrête comme si tout était désormais pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les manifestations continueront. Espérons qu’elles ne seront pas suivies de bruits de bottes nauséabondes. L’armée ne semble pas encore avoir tout à fait choisi son camp. Pourra-t-elle garder le bon cap, celui du peuple ? Qu’en sera-t-il, d’autre part, des intégristes ? Ne vont-ils pas profiter de l’occasion pour chercher à s’imposer, à s’immiscer au pouvoir ? C’était un des grands arguments de Ben Ali : il était le dernier rempart contre les intégristes ! Il n’avait sans doute pas tout à fait tort (sans que cela puisse justifier d’une quelconque manière sa dictature). Maintenant que le régime vacille, que se passera-t-il ?

Bien malin celui qui aurait les réponses à ces questions. Le peuple tunisien est face à son destin. L’espoir existe. Qu’il se concrétise. Ce qui paraissait impensable il y a encore quelques jours est désormais arrivé. Alors, tous les espoirs sont permis !

jeudi 13 janvier 2011

Les « imbéciles » qui pleurent

La Belgique en est à plus de 200 jours sans gouvernement. Record d’Europe. Le record du monde n’est plus trop loin (289 jours, en Irak). Il n’est donc pas étonnant de voir surgir pour l’instant divers mouvements citoyens et virtuels qui exigent que cela cesse. Face à ces revendications, Claude Semal – artiste typiquement belge et de haute qualité – a estimé bon d’écrire sur son statut Facebook, avec un succès certain d’ailleurs : « Les imbéciles qui pleurent pour avoir un gouvernement sont les mêmes que ceux qui pleureront quand ils en auront un ».

Plus de 100 personnes ont « aimé » cette phrase sans appel… et c’est affligeant. Claude a sans doute raison de penser que beaucoup de ceux qui pleurent maintenant pleureront demain. Est-ce une raison pour les traiter d’imbéciles et ainsi de les injurier ? Ma maman m’a toujours appris que, lorsqu’on parle de personnes, derrière le verbe « être », il faudrait toujours des mots gentils ! On peut ne pas être d’accord avec certains, mais ce n’est pas une raison pour les rabaisser. Claude l’a sans doute d’ailleurs compris. Dans un commentaire, il a ensuite écrit : « Ce qui me semble imbécile, c'est revendiquer « un gouvernement » sans jamais poser la question de la politique que ce gouvernement appliquera ». Quelle différence entre ce commentaire portant sur une action et sa première formulation portant sur des personnes, à la limite du poujadisme (aïe, il ne va pas aimer ça) !

Cela dit, je crois qu’il a tout faux, même dans ce commentaire. Ce n’est pas parce qu’on revendique que nos politiciens arrivent enfin à se mettre d’accord et à constituer un gouvernement qu’on ne s’intéresse pas à la politique qui sera mise en œuvre et qu’on est prêt à accepter tout et n’importe quoi. La Belgique est un État démocratique et il y a eu des élections – entièrement libres, il faut le souligner – où chacun a pu exprimer ses attentes politiques. Il ressort de ces élections que les flamands et les francophones n’ont plus tout à fait la même vision. Le vote flamand est majoritairement à droite, même parfois à l’extrême. Le vote francophone est majoritairement à gauche, ou plutôt vers le centre. À côté de ce clivage classique, on sait que la « logique du sol » reste prédominante chez les flamands – ce qui explique le vote massif pour des partis relativement nationalistes – alors que les francophones restent dans une « logique de la personne ».

Le fait que les différents partis qui négocient n’arrivent pas à se mettre d’accord est donc relativement compréhensible, car – au-delà des personnes et des partis – il y a vraiment des oppositions fondamentales sur un certain nombre de valeurs. Les problèmes concrets qui en découlent ne manquent pas et l’immobilisme dans lequel on se retrouve n’est somme toute qu’assez cohérent. Cela, cependant, tout le monde le sait, y compris les hommes et les femmes politiques qui sont à la table de négociation. Aucun d’entre eux ne parviendra à imposer sa conception. L’accord ne sera inévitablement qu’un compromis, insatisfaisant pour tout le monde. C’est cette audace-là qu’il faut avoir. Oser dire qu’on est d’accord avec une solution qui n’est satisfaisante qu’en partie. Comme disait l’autre (on ne sait plus qui… tout le monde l’a dit), il suffit de cinq minutes de courage politique.

Quand certains citoyens réagissent – enfin – devant l’absence de ce courage, ils ne pleurent pas nécessairement. Ils disent qu’ils en ont marre, avec sagesse et humour. J’avoue que je fais partie des quelques 78 000 campeurs qui ont dressé, en 3 jours, leur tente virtuelle devant le 16, rue de la Loi (Cabinet du Premier ministre belge) afin d’exiger que nos politiciens débouchent sur un gouvernement. Des campings sauvages de ce type, j’en ai connu d’autres, notamment au Liban et en Moldavie. Là, les gens étaient vraiment dans leur tente et risquaient leur vie. Nous sommes en Belgique et nous n’avons droit qu’à un camping « virtuel », ou devrais-je écrire « surréaliste » ? Je ne crois vraiment pas que tous ces campeurs sont des « imbéciles » qui pleurent. Ce sont seulement des citoyens qui expriment leur ras-le-bol, avec dignité et humour.

Parmi eux, il doit sans doute y avoir toutes les opinions politiques. La question fondamentale est bien sûr de savoir quel gouvernement se mettra en place et quelle politique celui-ci mènera. Celle-ci ne sera à nouveau que la résultante d’un compromis, lié au système proportionnel belge. En France, une situation comme celle que la Belgique vit actuellement est impensable. Leur système majoritaire entraîne inévitablement une majorité qui impose ses vues tant qu’elle est au pouvoir. Est-ce mieux ? J’avoue ne pas en être persuadé. La notion belge de « compromis » me semble diantrement intéressante, réellement démocratique. Au bout du compte, chacun devrait pouvoir un peu s’y retrouver. On n’est pas encore « au bout du compte ». Mais il faut y arriver. C’est cela que tous ces « imbéciles » revendiquent aujourd’hui. Et ils ont bien raison.

vendredi 7 janvier 2011

Assez !

Entre les « oui mais » des uns et les « non mais » des autres, la Belgique doit bien se rendre à l’évidence : il n’y a plus de place pour la négociation. Et donc, pas de solution.

La note du conciliateur Vande Lanotte était inévitablement un texte de compromis. Après tant de temps, il fallait bien déboucher sur un document qui ne prend en compte qu’imparfaitement les positions de chacun. Si tout le monde était du même avis, il y aurait évidemment un gouvernement depuis longtemps. Cela, tout le monde le sait et tout le monde sait aussi que pour s’en sortir, il n’y a qu’une seule vraie issue : négocier et accepter que les choses ne soient pas tout à fait comme on le voudrait.

Ceux qui ont dit « non mais » sont évidemment montrés du doigt, mais leur attitude est-elle réellement différente de ceux qui ont dit « oui mais » ? En avançant le fait qu’il faut des amendements, des éclaircissements, des préalables, etc., le discours est le même : « Nos obsessions ne sont pas suffisamment présentes et il faut qu’elles le soient ! ». D’un texte de compromis, ils ne veulent en faire qu’un texte qui leur ressemble et donc où les autres se retrouvent de moins en moins. Comment pourrait-on avoir la moindre solution au bout du compte ?

Certains avancent maintenant un changement de partenaires et de méthodes. Peu de chance que cela débouche sur une meilleure situation quand on sait que les positions sont encore plus tranchées chez les dits partenaires.

Bref, est-on ailleurs que dans l’impasse ? Le lion, menaçant, grogne et le coq, altier, chante ! Si seulement on pouvait encore boire une bonne gueuze ensemble !

mercredi 5 janvier 2011

La traversée

FMG © 2011

À l’embouchure de l’Escaut, il y a d’un côté Breskens et de l’autre Vlissingen, deux petites villes hollandaises non dépourvues de charme. La distance qui les sépare est d’environ 6 kilomètres. Pendant des années, un ferry reliait les deux villes, transportant voitures et camions (pour un prix modique), mais aussi vélos et piétons (gratuitement).

Depuis 2003, cette liaison a été supprimée et remplacée par le Westerscheldetunnel. Les 6 kilomètres en sont devenus 60, avec droit de péage pour le tunnel. Lorsqu’on se contente d’être à pied ou à vélo, il est néanmoins toujours possible de faire la traversée dans un ferry plus chic et plus rapide. Ça n’a pas le même charme sauvage qu’avant, mais quand il fait aussi lumineux (quoique froid) qu’aujourd’hui, ce n’est pas désagréable. Si ce n’est que de gratuite, la traversée aller-retour coûte désormais 4,60 EUR par personne, ce qui n’est quand même pas donné.

Qu’importe… cette traversée donne toujours autant de plaisir. Pendant une petite vingtaine de minutes, on se sent dans un autre monde, un autre rythme, une autre vérité. Les rites de passage – avec toutes leurs contraintes dont le sens n’apparaît pas toujours très clairement – ne m’ont jamais trop intéressé. Ils devraient être aussi simples que cette traversée : on marche un peu, on monte quelques marches, on s’assied et on se laisse aller à la lente cadence du traversier qui lui-même se laisse doucement bercer par la houle soyeuse. Sans s’en rendre compte vraiment, on se retrouve de l’autre côté : on se lève comme si de rien n’était, on descend quelques marches, et puis on marche le temps qu’il faut.

Si toutes les traversées et tous les passages étaient aussi simples, ça faciliterait pas mal de choses. Ici, pas besoin de résolutions, de fêtes forcées ou autres défis. Juste le plaisir de passer de l’autre côté ! Et même d’en revenir, par le même chemin. Mais au retour, on se sent autre : on a pu y aller et en revenir, dans la simplicité de la traversée.

dimanche 2 janvier 2011

L’espace bleu entre les nuages

FMG © 2011

Finalement, il ne faut pas grand chose pour que le soleil se montre. En réalité, il suffit que les nuages se laissent aller quelque peu pour créer l’espace… l’espace bleu entre les nuages !

À partir de ce moment, tout est permis. Ou plutôt, il est permis de croire à tout. Même de croire que les méandres de la vie ne sont qu’un fleuve tranquille tourné vers la mer.

Peu importe où ils se dirigent finalement. L’important, c’est d’y croire. Croire que tout est permis. Croire que tout est encore possible. Croire qu’au bout de la nuit, il y a quand même la lumière. Croire que celle-ci est éternelle.

Il ne suffit pas – évidemment – que naisse l’espace. Encore faut-il le voir et le regarder ! Chercher à scruter ce bleu qui s’y dégage. Lui donner les couleurs qu’il mérite. Faire de ce mince interstice une lueur d’espoir.

Surtout, profiter du moindre rayon salvateur. S’y lover, voire même s’y étendre. Et jouir. Savourer chaque signe de reconnaissance. Le prendre pour ce qu’il est, sans gamberger. S’y prélasser.

samedi 1 janvier 2011

Contraste

FMG © 2011

Dans l’obscurité surgissent parfois des étincelles de vie. Tel un éclat ontologique, elles alimentent la nuit tout en contraste. Grâce à la lumière soudaine, la nuit paraît pourtant plus noire encore. Elle gagne une densité unique et profonde qui invite à s’y plonger en lâchant toute retenue.

Les étincelles sont éphémères. La nuit dure. Elles virevoltent de cœur en cœur, illuminent les rêves, feignent de croire qu’elles pourraient persister dans une éternité dynamique. Même quand – altières – elles brillent de leurs mille flammes, elles ne parviennent cependant pas à briser la force noire de la nuit. Celle-ci ne fait que tolérer ces poussières d’étoile. Elle sait qu’elle seule persiste et qu’une fois éteintes, elle règnera à nouveau seule et majestueuse.

Les escarbilles ne vivent d’ailleurs que parce que la nuit étale son manteau. Dans la clarté du jour, elles ne trouvent pas leur place et semblent ne pas exister. C’est parce que l’obscurité enveloppe l’univers et s’infiltre dans le moindre des recoins que les étincelles brillent par leur contradiction aléatoire.

La nuit finit – du moins le prétend-on – par disparaître. Elle garde alors avec elle les quelques flammes qui ont pu faire croire qu’elle pourrait être vaincue. Le jour venu, il ne reste que des flammèches vacillantes et des débris sournois.

Bientôt, la nuit revient, sans même qu’elle soit encore percée par ces inutiles étoiles qui ont compris leur futilité. Certaines, parfois, osent revenir danser quelques instants secrets et artificiels. Puis elles s’éteignent. Il ne reste que la nuit.