mardi 26 décembre 2017

S.O.S. Bonheur… quel « bonheur » !

À la fin des années 1980, j’avais été subjugué par les trois tomes « S.O.S. Bonheur » de Griffo et Van Hamme. De petites fables dystopiques qui mettaient à nu les angoisses de nos sociétés. J’avais été particulièrement impressionné par l’épisode « Sécurité publique ». Joachim Robin-Dulieu est l'inventeur et le promoteur de la Carte universelle (CU), qui remplace tous les moyens de paiement et d'identification. Jusqu’au jour où sa propre carte n'est reconnue valable nulle part. Joachim Robin-Dulieu n'est tout simplement pas présent dans le Grand fichier central de la population, et il doit prouver son existence. Bref, il n’existe plus et finira là où ceux qui n’existent pas se doivent d’être : nulle part.

Trente ans plus tard, le concept et la série sont repris avec le même dessinateur, mais un nouveau scénariste tout aussi belge : Stephen Desberg. Le dessin de Griffo a fortement évolué, beaucoup plus réaliste, ce qui accentue justement le côté réaliste de la série. Ce n’est pas vraiment de la « politique-fiction ». C’est de la « politique-réalité » !

Et c’est atroce. Ou sublime. Comme on veut ! Comme on le sent. Les 10 petites histoires racontées sont d’un sinistre absolu. On est vraiment dans la merde. Et ça sent vraiment mauvais.

Desberg nous expose un monde régi par les penseurs d'extrême droite, un univers dominé par l'argent, par les valeurs morales réactionnaires, par la figure du mâle dominant ou encore par la préférence nationale. On est dans le quotidien le plus implacable. Mais ce n’est pas un futur qui risquerait un jour de devenir le nôtre : c’est clairement notre réalité, notre société, qui est mise en image et en abîme. Il suffit de suivre un peu les aventures politiques de Theo Francken pour s’en convaincre. Aujourd’hui, il suffit d’être totalement inhumain pour devenir intouchable.

Et c’est là que je m’émerveille. Cette BD est sinistre, ravageuse, destructrice. Mais peut-être, justement, pourrait-elle nous sauver ! En réalité, par sa noirceur totale, « S.O.S. Bonheur – Saison 2 » est une véritable lumière. Il suffit de la percevoir, de lui donner sens, de la saisir,  d'y croire. C’est possible, j’y crois ! Du moins, je veux y croire…

lundi 18 décembre 2017

Test-crachats !

Maintenant que mon différend avec Test-Achats est terminé, je peux en parler librement. J’avoue avoir eu peur d’en parler avant tant j’ai découvert que les pratiques de cet organisme de défense des consommateurs ne vont pas toujours dans le sens de ceux-ci une fois qu’il s’agit de leurs propres pratiques commerciales.

Ce n’est pas une histoire extraordinaire en soi, mais si elle me reste sur la gorge, c’est exclusivement parce qu’elle témoigne d’un manque de respect du client que Test-Achats serait par ailleurs le premier à dénoncer lorsque d’autres sont concernés.

Les faits :
  • Je suis abonné depuis très longtemps à Test-Achats et Budget & Droits. Globalement, je trouve leur démarche intéressante, même si j’ai toujours eu quelques doutes quant à certaines méthodes utilisées. Mais il faut sans doute ce qu’il faut.
  • Néanmoins, le 12 septembre, je les informe que je souhaite supprimer, sans délai, mes abonnements.
  • Le 25 septembre, soit après 13 jours de silence, je suis contacté par téléphone par le Service Abonnements. Plutôt que d’acter mon renoncement, mon interlocuteur me propose de bénéficier de nouvelles conditions. Je réponds que je ne suis pas intéressé. Je reçois cependant le même jour un courriel me disant « Faisant suite à notre entretien téléphonique de ce jour je réduis votre abonnement de 30% pendant une année… ». Je réponds immédiatement en confirmant ma demande de désabonnement de toutes les revues.
  • Le même jour, je reçois le message suivant « Je vous confirme la suppression de votre abonnement à la plus proche échéance, soit à partir du 1er Novembre 2017. Nos listes d'adressage étant prévues à l'avance, il est possible que nos revues vous parviennent encore durant deux mois après la suppression.  Nos envois supplémentaires restent bien sûr gratuitement à votre disposition ». Correct, même si on peut douter du professionnalisme d’un organisme qui ne parvient pas à supprimer des envois mensuels endéans deux mois.
  • Ayant quelques doutes quand même, je me dis qu’il vaut mieux suspendre ma domiciliation bancaire. Je dis bien « suspendre ». Je sais bien qu’en réalité, seul le bénéficiaire d’une domiciliation peut la supprimer. Je vais donc sur le site internet de mon compte bancaire… et je ne vois pas la dite domiciliation. Je m’en étonne, mais je me dis que Test-Achats l’a supprimée et je m’en réjouis. En réalité, elle était simplement reprise sur la deuxième page de la liste de mes domiciliations, mais comme je n’utilise pas celle-ci tous les jours, ni même tous les ans, je n’ai pas pensé au fait qu’il pouvait y avoir une deuxième page…
  • Vous me voyez venir avec mes gros sabots : le 6 novembre 2017, mon compte bancaire est débité du montant de l’abonnement, alors même celui-ci a été résilié depuis le 12 septembre.
  • J’écris immédiatement à mon interlocuteur du Service des abonnements, en demandant le remboursement immédiat. Celui-ci me téléphone assez rapidement, reconnaissant l’erreur, mais me dit qu’il ne peut rien faire, ou pas grand chose, pour le remboursement. C’est à moi de m’en occuper auprès de ma banque… qui me répond assez logiquement qu’elle ne sait rien faire !
  • S’en suit des temps de silence, surtout. J’utilise même la procédure de plainte mise en place par Test-Achats pour réclamer auprès de toutes les entreprises possibles et imaginables, sauf que cette fois, je me plains contre Test-Achats. Sans réaction.
  • Le 21 novembre, un employé de TA m’écrit faire « le nécessaire pour effectuer le remboursement dans les plus brefs délais, c'est-à-dire endéans les 15 jours ». Le 28 novembre, une autre employée de TA me « confirme la suppression de votre abonnement à partir du 01/12/2017 ». Le même jour, un troisième employé de TA m’ « informe que le remboursement a bien été versé sur votre compte bancaire le 24/11/2017 ». Ne voyant rien, TA me confirme le 6 décembre que le remboursement «  vous parviendra en début de semaine prochaine ».
  • Et puis, ce 18 décembre, plus de trois mois après ma résiliation et alors que je n’y croyais plus vraiment, le remboursement est enfin arrivé sur mon compte.
C’est une histoire sans importance qui ne concerne que quelques euros. N’empêche. Si je n’en avais pas assuré un suivi de proximité (ce que peu de personnes peuvent se permettre), je ne suis pas sûr que je les aurais jamais revus. Ce n’aurait pas été dramatique, mais bien inacceptable.  Test-Achats est soi-disant un organisme qui défend les consommateurs. Mais il s’empresse de rouler ceux-ci dans la farine dès qu’il s’agit de défendre ses propres intérêts plutôt que les leurs ! Inacceptable, je le répète !

dimanche 3 décembre 2017

D’une semaine de travail à deux nuits en prison

Ainsi donc, un professeur d’université marocain invité pour une semaine de travail par l’Université libre de Bruxelles s’est retrouvé emprisonné au Centre fermé 127bis de Steenokkerzeel. Je passe les détails que vous trouverez dans vos médias préférés. Simplement, cela aurait pu m’arriver des centaines de fois. Mais cela ne m’est jamais arrivé. Ça n’arrive en fait qu’en Belgique. Celle de MM. Francken et Michel.

J’ai parcouru le monde entier pour aller « travailler » avec simplement un « visa touristique ». Mes missions duraient en moyenne une semaine et il n’y avait donc aucune raison de déposer une demande pour un visa professionnel. Ça se passe comme ça dans tous les pays du monde, des centaines de fois par jour (voire, des milliers…).

Pour tout dire, j’avais quand même compris qu’il valait mieux respecter certaines « règles » pour se faciliter la vie. Par exemple, vivant en Flandres tout au long de ma carrière professionnelle, j’étais né à « Ukkel » alors que l’évidence était pour moi d’être né à « Uccle ». J’ai vite compris que la concordance entre mon passeport et le bout de papier que je remplissais avant d’entrer dans un pays était préférable au respect de mon évidence linguistique ! J’avais aussi compris qu’il ne servait à rien de m’escrimer à dire quel était mon vrai métier « Consultant en éducation et en formation », ce qui semblait du chinois même au Vietnam… Bien plus simple d’écrire que j’étais « Enseignant » alors que je ne l’étais plus. Ça m’évitait d’être confronté à la bêtise d’un contrôleur quelconque.

Le professeur Hakkou en a rencontré un ! Pas de chance pour lui. Il s’est retrouvé deux nuits en « prison ». Le contrôleur en question n’a rien compris à la situation, tout simplement parce que personne ne lui a jamais demandé de comprendre. Juste d’appliquer des règles, aussi stupides soient-elles.

Ce qui est à nouveau grave dans cette affaire, c’est la réaction de notre secrétaire d’État, M. Theo Francken. Dans un premier temps, il a juré que la Police des Frontières n’avait fait que ce qu’elle devait, qu’il n’y avait « aucune erreur ». Par la suite, je l’ai vu moins sûr de lui. Son discours devenait « Mais où est l’erreur ? », voulant ainsi déporter le poids de l’erreur qu’il commençait à reconnaître.

Une fois de plus, cet incident ne changera strictement rien. M. Francken continuera à mener sa politique d’exclusion et d’enfermement, avec la bénédiction du Premier ministre, M. Charles Michel, pourtant diplômé de l’Université libre de Bruxelles. Il est pour lui plus important d’obéir aux sbires de la N-VA que de respecter ses propres pensées libérales.

N’empêche, n’est-on pas tombé bien bas ? Tout en sachant que M. Hakkou, professeur d’université, vice-président de l’Université Mohamed Premier, située à Oujda, avait quand même un avantage de poids par rapport au commun des mortels…