lundi 29 décembre 2008

Petits riens

FMG © 2008
Une année se termine. Semblable et différente. Semblable à toutes les autres, parce que finalement ce n’est qu’une suite de jours où il se passe des choses essentiellement marquées par la régularité. Différente, parce qu’évidemment, il y a des moments uniques. Ils le sont d’ailleurs peut-être tous. Une année, c’est fait de petits riens qui rendent la vie unique.

C’est une évidence, mais un jour, j’ai reçu un courriel qui me le redisait avec des mots qui me parlaient. Ces mots étaient faits pour être chantés. Alors, j’ai chanté. Une mélodie est née et s’est transformée petit à petit en chanson. Une chanson sauvage : ces mots qui m’étaient partagés n’étaient pas destinés à trouver chez moi une musique. Mais voilà, on ne contrôle pas toujours son destin.

C’était il y a plus de trois mois. Les mots de Cath ont eu une autre existence. Voici qu’ils prennent vie une deuxième fois, pour dire les choses de la vie, ces petits riens qui font tout !

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Tu sais, on n'est que c'qu'on est
La vie passe la vie nous fait
Des quidams au quotidien
Inquiets, agacés d'un rien,
Colère et papier de verre
Pour un p'tit grain de travers
Du sable entre les rouages
Qui nous mine et nous enrage
C'est une broutille un caillou
Des instants de rien du tout
Mais qui sont un peu de nous
Ces petits riens qui sont tout.

Tu sais, on n'est que c'qu'on est
La vie glisse et nous défait
Nous démet nos certitudes
Lors des grandes solitudes
Cataclysme, raz-de-marée
La douleur dans la durée
Trie le bon grain de l'ivraie
Une main, une parole vraie
C'est une broutille un caillou
Des instants de rien du tout
Mais qui sont un peu de nous
Ces petits riens qui sont tout.

Tu sais, on est ce qu'on est
La vie va et nous remet
Debout, sereins et lucides
Nus et humbles mais solides
Prêts à s'étonner d'un rien,
À saisir la joie qui vient
D'un matin clair, d'une lumière
D'un plaisir qui nous est cher
C'est une broutille un caillou
Des instants de rien du tout
Mais qui sont un peu de nous
Ces petits riens qui sont tout.

Tu vois, on est ce qu'on est
La vie rit, la vie nous met
Un éclat dans le regard
Pour une rencontre, un hasard
Un autre humain qui t'émeut
Qui te touche te rend heureux
Des grains d'ambre et de lumière
Rires complices et joie claire
C'est une broutille un caillou
Des instants de rien du tout
Mais qui sont un peu de nous
Ces petits riens qui sont tout.


Paroles : Catherine GINEFRI-PORET
Musique et interprétation : François-Marie GERARD
09 2008

dimanche 28 décembre 2008

Soleil froid

FMG © 2008

Les Africains qui viennent en Europe durant l’hiver ont toujours beaucoup de mal à comprendre que le soleil peut briller de toute sa force sans réchauffer la Terre. Nous vivons ces journées lumineuses, où l’air ne paraît jamais aussi pur, où le bleu du ciel rivalise avec le rose de la nuit naissante et où il fait si froid qu’on se sent vivre dès qu’on met le pied dehors.

Ce sont des journées splendides, surtout quand on peut les vivre à la mer où le ciel se marie à l’eau, au sable et au soleil. Le vent est glacial, mais il peine quand même à pénétrer les quelques couches avec lesquelles on s’équipe pour affronter la rigueur.

Je ne sais pourquoi, j’ai l’impression que cette année qui se termine est un peu à l’image de cette froidure lumineuse. Beaucoup de lumières bien sûr. Elles étaient souvent faites de petites étincelles, mais elles ont illuminé mon chemin et je suis heureux d’avoir – je l’espère du moins – participé à les réverbérer. Beaucoup de froid aussi. Celui qui vous gèle et vous empêche d’être aussi énergique qu’on le souhaiterait. En y réfléchissant, je ne parle pas des lumières et du froid du monde. Je laisse à d’autres les bilans annuels. Mais je pense à ces lumières intérieures et ce froid qui vient parfois glacer ma chaleur interne. Je n’en discours pas trop souvent, ça n’en vaut pas la peine. Mais les nuits sont longues parfois à force d’être froides.

La vie est ainsi faite. Ce n’est pas parce qu’une année nouvelle s’annonce à l’horizon que j’aurais l’outrecuidance de penser qu’il pourrait en être ou en aller autrement. La lumière et la froidure continueront à m’accompagner, et c’est très bien ainsi. C’est dans le froid de la lumière qu’on croit à la chaleur de la nuit.

lundi 22 décembre 2008

Nouvel Hymne International Belge

Une fois de plus, la Belgique est en crise. Par les temps qui courent, cela n’a rien d’extraordinaire : le monde entier est en crise… Mais chez nous, on ne fait rien comme les autres : non seulement on participe largement à la crise financière et économique, mais aussi on n’oublie pas notre crise linguistique et on y ajoute une petite crise politique fondée sur un non-respect par le premier ministre lui-même (ou son entourage) de la sacro-sainte séparation des pouvoirs.

On se retrouve ainsi une fois de plus sans gouvernement au moment où il faut gouverner. Tout le monde (politique) s’accorde pour dire qu’il faut une résolution rapide de la crise, et tout le monde (politique) fait tout pour que la crise ne soit pas rapidement résolue. C’est le jeu évidemment, d’autant plus que des élections régionales et européennes auront de toute façon lieu dans 6 mois. Il semble donc plus important de spéculer sur ces élections que de trouver une solution.

Nous, le peuple, on en a marre de ce cirque. Mais comme les belges ont la réputation d’être bon public, on regarde en comptant les coups, en pissant un bon coup et en faisant les emplettes de Noël. C’est quand même plus important.

Dans cette grisaille, j’ai pu assister pas plus tard qu’hier, en pleine crise, à un spectacle revigorant de Raphy Rafaël. Zahori est un spectacle qui parle de la vie, dans ses joies et ses peines, ses plaisirs et ses douleurs, ses coups et ses caresses. Spectacle à voir et à déguster, de toute évidence. Et lorsque Raphy Rafaël nous propose son Nouvel hymne international belge, on se dit que décidément nos politiciens feraient bien de l’entendre !

(Mettez le lecteur audio sur Pause avant de lire la vidéo.)

J’suis à moitié Espagnol
Comme la moitié de la Belgique
Et à moitié Marocain
Comme la moitié de mes copains
J’suis à moitié des Marolles
Comme la moitié de la Belgique
Et à moitié Africain
Comme mon cousin Germain

Comme la moitié de la Belgique
De Bruxelles à Monaco
En passant par les Amériques
Et le Kilimandjaro
Comme la moitié de la Belgique
De Bruxelles à Tombouctou
En passant par les Amériques
Du Pôle nord jusqu’au Pérou…

J’suis à moitié Hollandais
Comme la moitié de la Belgique
Et à moitié Irlandais
Comme la moitié des Anglais
J’suis à moitié Portugais
Comme la moitié de la Belgique
Et moitié Sénégalais
Comme la plupart des Français !

Comme la moitié de la Belgique
De Bruxelles à Monaco
En passant par les Amériques
Et aussi le Kosovo
Comme la moitié de la Belgique
De Bruxelles à Perpignan
En passant par les Amériques
Et le barrage d’Assouan…

Moi qui suis moitié Flamand
Comme la moitié de la Belgique
Et Wallon l’autre mi-temps
Comme la plupart des gens
Et Bruxellois entre-temps
Comme la moitié de la Belgique
Je trouve ça très amusant
Et je rigole à plein temps.

Comme la moitié de la Belgique
De Bruxelles à Monaco
En passant par les Amériques
Et surtout Sarajevo
Comme la moitié de la Belgique
De Bruxelles à Calcutta
En passant par les Amériques
Et le lac Tanganyika
Et les falaises d’Etretat
Et les chutes du Niagara
Et les bras de Natacha
Avec le Kama-Sutra…

Moi qui suis un chaud latin
Comme la moitié de la Belgique
Avec du sang argentin
Comme tous les Napolitains
Je viens d’un pays lointain
Comme la moitié de la Belgique
Le pays des vrais Humains
Qui se tiennent tous les mains.

Comme la moitié de la Belgique
De Bruxelles à Monaco
En passant par les Amériques
Et le lion de Waterloo
Comme la moitié de la Belgique
Qui n’a plus qu’un seul souhait
Une devise magnifique:
Avec tout votre respect…
“Foutez-nous un jour la Paix!”

© Raphy Rafaël | Muzaïka Productions | Sabam

samedi 20 décembre 2008

Être cool sur Facebook

Il faut vraiment que je n’ai pas grand chose à raconter pour parler de Facebook et de l’application « Is cool », mais que voulez-vous, c’est la crise !

Bref, ceux qui sont sur Facebook peuvent participer à une application « Is cool » qui consiste théoriquement à être cool et pratiquement à cumuler des points qui prouveraient qu’on l’est ! C’est bien sûr une vaste supercherie : ceux qui ont beaucoup de points – des centaines de milliers même – ne sont pas plus cools que ceux qui n’en ont qu’une petite centaine, voire pas du tout.

Il suffit de lire les réactions des cooleurs lorsque l’application déconne un peu et leur fait perdre – apparemment – tous leurs points. Ouh là, ils ne sont plus du tout cools dans ce cas, mais expriment toute leur rage.

Cela dit, la manière d’obtenir des points est en soi assez astucieuse : vous êtes un jour « invité » par un « ami », et ça vous vaut déjà un premier point. Encore faut-il « accepter » ce point. Si vous l’acceptez, l’ami qui vous l’a envoyé peut automatiquement vous envoyer un nouveau point, si du moins il en a l’envie. Il en aura certainement plus l’envie si au moment où vous acceptez son point, vous lui en envoyez un vous-même. Donc, il y a deux « boutons » à cliquer : l’un pour accepter les points qu’on vous envoie, l’autre pour en envoyer à ceux qui vous en envoient. Le retour d’ascenseur, quoi !

L’attitude cool me semble à l’évidence de cliquer à tous les coups sur les deux boutons : je reçois, donc j’envoie ! C’est non seulement l’attitude cool, mais c’est aussi le moyen le plus efficace pour augmenter son nombre de points : puisque tu es gentil avec moi, je suis gentil aussi… Bien sûr, si je te donne un point au moment où j’en reçois un de ta part, l’écart qui nous sépare n’augmente pas et ne diminue pas. Mais si j’envoie un point à 4 amis et qu’ils m’en renvoient chacun un, cela me fait 4 points de gagnés pendant que chacun de mes amis n’en a eu qu’un ! Par contre, si je n'en envoie pas à l'un d'entre eux, il risque de ne pas m'en envoyer non plus et je n'aurai donc que 3 points au lieu de 4 !

Vous m’avez suivi ? Fort vraisemblablement, non ! C’est d’ailleurs pourquoi pas mal de cooleurs n’ont pas tellement la couleur cool et se contentent d’accepter les points que je leur envoie en oubliant de m’en envoyer. Ça me fait râler – enfin, tout est relatif, parce que s’il fallait râler pour ça, où irions-nous ? – mais surtout ça me surprend de me rendre compte qu’autant de personnes ne comprennent pas que le meilleur moyen d’avoir des points qui prouvent soi-disant qu’on est cool est d’être cool vraiment, c’est-à-dire de donner et de recevoir avec le même enthousiasme.

Finalement, cette application un peu stupide (mais on s’y accroche) est peut-être très révélatrice de la nature humaine. Et c’est bien ça qui est inquiétant !

dimanche 14 décembre 2008

Inexorable vieillesse

Inexorablement, on finit par vieillir. Je ne parle pas de la vieillesse qu’on atteint durant la cinquantaine ou la soixantaine. Là, on est encore jeune ! Je parle de celle qui nous rattrape quand on dépasse les quatre-vingts ans. Et encore, certains sont encore en pleine forme à cet âge.

Finalement, ce n’est même pas une question d’âge (enfin, tout est relatif). Je parle de la vieillesse qui nous ronge les os, qui nous vole notre autonomie, qui nous ramène vers la dépendance. Tout le monde n’y arrive pas. Heureusement. Mais certains, quel que soit leur âge, connaissent cet hiver de la vie.

Ce n’est pas simple d’être vieux. Les maisons de repos ou les maisons de soins sont là pour nous les rappeler. On y voit beaucoup de solitude ou de désœuvrement. Parfois même, quand la tête ne suit plus tout à fait, on y croise beaucoup de vide et d’oubli. C’est dur, tant pour les vieux eux-mêmes que pour les jeunes et moins jeunes qui viennent les voir, quand il y a des jeunes et des moins jeunes qui viennent.

Pourtant, au-delà de ce qui est souvent de la détresse, il y a aussi un autre rapport à la vie. Les vieux savent mieux que nous qu’ils vont mourir. La mort est à côté d’eux. Elle n’attend qu’un petit signal ou qu’un léger signe de faiblesse. À force de côtoyer cette mort, ils en font leur compagne. Et ils goûtent pleinement à chaque instant de vie, à chaque petite richesse qu’elle peut apporter. Il y a alors une insouciance qui permet un regard neuf sur le monde et ses petites misères.

Inexorablement, on finit par vieillir. Est-ce un mal ?

dimanche 7 décembre 2008

Une question de regard

FMG © 2008

C’est juste une question de regard. D'un regard en duo.

Des chansons, j’en ai créé beaucoup. La plupart n’ont que peu d’intérêt, mais enfin, je les ai faites. Le plus souvent, j’ai conçu le texte et la musique ensemble. Mais il m’est arrivé aussi d’écrire d’abord le texte ou de commencer par la musique. Finalement, ça ne change pas grand chose.

J’ai aussi mis en musique, et parfois interprété, quelques textes écrits par d’autres. Une seule fois, je crois, une de mes musiques a été mise en texte par quelqu’un d’autre : Les trois ardéchois, chanson écrite et interprétée dans la version originale par Robert.

Ces derniers temps, j’ai mis en musique certains textes d’une amie, Cath. C’était une mise en musique quelque peu sauvage : j’avais reçu des textes que je sentais particulièrement bien. En les lisant, une musique venait spontanément. C’est juste une question de regard. J’ai formalisé ces musiques… mais ces textes étaient en réalité déjà mis en musique et interprétés par Yves Borredon. C’est lui qui avait eu la bonne idée de convaincre Cath de ce qu’elle pouvait écrire des chansons. Elle l’a fait avec brio. Moi, je me suis juste permis de détourner un peu ces textes et d’en faire des chansons sauvages. Juste pour le plaisir. Juste une question de regard, en fait.

Puis, Cath m’a envoyé un texte inachevé. Pas même destiné à devenir une chanson. Je l’ai lu et j’ai senti que, décidément, Cath écrivait des mots qui me parlaient. Juste une question de regard. Et j’ai fait quelque chose que je n’avais jamais fait. Tout en créant une musique, j’ai modifié quelques mots, quelques phrases. J’en ai même ajouté. J’ai transmis ces changements à Cath. Elle a réagi en me disant qu’elle verrait mieux tel mot, telle phrase, telle idée. Petit à petit, le texte a évolué. J’ai fait un premier enregistrement, jugé – avec raison – trop lent par Cath. Nous avons continué à modifier l’un ou l’autre mot. Au bout du compte, on ne sait plus très bien qui a fait quoi… Juste une question de regard.

Pour moi, il n’y a aucun doute : c’est le texte de Cath, grain de sel. Je n’ai fait qu’y contribuer. Cette première expérience d’écriture à deux, malgré les 350 km qui nous séparent, est assez troublante. Mais ô combien enrichissante. Et de toute façon, c’est juste une question de regard. D'un regard en duo.

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C'est une question de regard
Juste une question de regard
Le tien garde son silence
Mais il est plein de confiance
Alors je sais qu'il est tard
Je m'en remets au hasard
Entre tes bras en corbeille
Je laisse venir le sommeil
J'y réfléchirai demain
J'aurai le jour dans les mains
Et les idées bien plus claires
Au matin dans la lumière

C'est une question de patience
Juste une question de patience
Tu m'écoutes et tu attends
Il me faut un peu de temps
Mais tout sortira de l'ombre
Les mots et les idées sombres
Là où le cerveau s'embrume
Dans la colère ou l'écume
Où tout ce qu'on ne dit pas
Viendra peut-être pas à pas
Et le fil se déliera
L'écheveau se dénouera

C'est une question de présence
Juste une question de présence
Et je vais beaucoup plus loin
Ton regard me tient la main
Il me porte et me soutient
C'est un vent de trois fois rien
C'est un souffle de confiance
Qui me fait libre et j'avance
J’hésite, mais je crois en toi
Je sens que je deviens moi
Juste par un regard clair
Qui me rend le ciel ouvert

Paroles : Catherine GINEFRI-PORET et François-Marie GERARD
Musique et interprétation : François-Marie GERARD
Tous droits réservés 11/12 2008

samedi 6 décembre 2008

Sommets, reflets et lumières

FMG © 2008

La vie est souvent faite de lumières dans la nuit. On ne sait plus trop où on va et beaucoup de choses semblent aussi sombres que la nuit. C’est alors que des lumières surgissent, dans l’éclat ou le prolongement, et qu’elles viennent nous guider en nous redonnant confiance. Merci d’être ces lumières.

La vie est souvent faite de reflets. On s’imagine être seul, perdu avec nos convictions, nos doutes, notre manque de confiance en nous. C’est alors que des reflets surgissent pour nous faire voir la vie autrement. Les aspérités y deviennent plus floues et plus douces. Les lucioles s’y étalent pour créer un fond de clarté. On finit par s’y voir soi-même. Merci d’être ces reflets.

La vie est souvent faite de hauts et de bas. On se croit pris dans une banalité consternante où tout est pareil. C’est alors que des bas surgissent pour nous accrocher, nous déstabiliser. On craint de s’y perdre définitivement. C’est alors que des hauts surgissent, nous montrant qu’il est encore possible de relever le défi. Celui de toujours aller plus loin. Merci d’être ces hauts et ces bas.

La vie est souvent faite de chaleur. Le froid de l’hiver nous assaille. La pluie tombe drue et glaciale. On croit qu’il n’y a plus de caresse possible. C’est alors que la chaleur surgit, ravivant tous nos sens, libérant un flot de tendresse et nous conduisant à l’extase absolue. Cet abandon total nécessite tant de confiance réciproque qu’il nous mène au creux de nous-mêmes. Merci d’être cette chaleur.

vendredi 5 décembre 2008

A-fric sans intérêt…

Cette caricature de Kroll parue dans Le Soir de ce 5 décembre 2008 n’est bien sûr qu’une caricature. Par définition, elle simplifie les traits. La réalité est évidemment bien plus complexe.

N’empêche… Pourquoi les Européens iraient-ils s’occuper de ce qui se passe en Afrique alors qu’ils ont tant à faire pour sauver leur économie ? À quoi bon dépenser de l’argent pour sauver des vies humaines qui ne rapporteront rien ?

L’Afrique porte malheureusement bien son nom. A-fric, avec un alpha privatif lourd de sens… Absence d’argent. L’Afrique se meurt de ne pas en avoir, de ne pas en produire, de ne pas en dépenser. Pas d’argent. Autant dire, pas de vie, pas d’existence, pas d’intérêt. Rien que des bouches à nourrir, rien que des santés à soigner, rien que de fausses démocraties à dériver…

Pourquoi nous en occuperions-nous ? Nous avons mieux à faire… Nous avons à cultiver nos petits sous, à goinfrer nos estomacs, à couvrir nos bambins de saintnicolaseries, à produire de la croissance…

Qu’on s’entretue au Congo en déplaçant des milliers de civils abandonnés à eux-mêmes, qu’on laisse une population au Zimbabwe s’éteindre de cholera pour ne pas troubler un dictateur… tout cela n’a pas d’importance. De toute façon, on n’a rien à gagner là-bas.

Mais n’a-t-on pas déjà tout perdu ? En commençant par notre dignité ?