vendredi 27 juillet 2012

Mais où est la crise portugaise ?

FMG © 2012

Depuis que je suis au Portugal, je dois bien avouer que je n’ai pas vraiment vu « la crise ». À part quelques graffitis par-ci par-là appelant à la « greve geral », le pays semble vivre au rythme de la douceur du soleil et du tourisme. J’ai bien conscience de n’avoir vu là que le vernis doré d’une réalité toute autre. On n’en parle moins, mais le Portugal est confronté à la même crise que la Grèce, que l’Espagne, que l’Italie, que l’Irlande…

Cette crise est complexe et – une fois de plus – je ne prétendrai pas en détenir les clés, ni pour l’expliquer, ni pour la solutionner. Sans doute, est-ce la crise de « ceux qui ont cru pouvoir vivre au-dessus de leurs moyens »… et les premiers coupables sont à ce niveau les banquiers qui continuent à croire et à faire croire que c’est possible ! Nous séjournons dans un « village » construit de toutes pièces ces dernières années, avec des maisons plus ou moins luxueuses et architecturalement originales. À vue de nez, un tiers de ces somptueuses demeures sont abandonnées à leur triste sort. Elles ont sans doute été achetées à un moment donné, mais « l’heureux propriétaire » n’a plus pu payer par la suite…

Comme partout, la seule réponse apportée à cette crise est « l’austérité » : réductions de salaires dans le secteur public et coupes pour les retraités dans les domaines de la santé, de l'enseignement et du social ; TVA augmentée à 23 % ; augmentation de la taxe sur le carburant avec un litre d'essence qui coûte plus qu'en Belgique ; primes de vacances et de Noël réduites dans le secteur public et pour les retraités (mesure jugée inconstitutionnelle, car elle viole le principe d'égalité de traitement) ; quatre jours fériés nationaux annulés en 2013 (ils en avaient beaucoup !) ; la plupart des autoroutes désormais payantes ; soins de santé plus coûteux en raison de l'introduction d'une nouvelle taxe… Et pendant tout ce temps, le taux de chômage tourne autour de 15%, pour les jeunes 30% !

La crise portugaise existe et est bien là. Si je ne l’ai pas vue, c’est évidemment parce que je ne suis qu’un touriste à qui on ne montre que ce qu’on veut bien lui montrer. Au-delà de ce truisme, il me semble qu’il y a aussi une certaine fierté portugaise, consistant à dire « nous allons nous en sortir ». Les Portugais sont loin d’être les seuls à avoir cette fierté. Mais elle existe néanmoins et est sans doute le meilleur moteur vers la sortie hypothétique d’une crise bien plus mondiale qu’on ne veut bien le croire.

En éducation – un domaine que je connais mieux – lorsqu’un apprenant rencontre des difficultés, la phase la plus importante est qu’il se dise : « OK, j’ai des problèmes, je comprends plus ou moins pourquoi, et grâce à cette compréhension, je sais que je peux m’en sortir ! » (c’est ce que Sophie Courau a joliment appelé la phase d’« incompétence consciente »).

Peut-être qu’en termes de crise socioéconomique, c’est la même chose. Mais je n’oserais pas le jurer !

mercredi 25 juillet 2012

Cromlech des Almendres

BH © 2012

Au bout de 5 km de piste, il reste 200 m à parcourir à pied. Il fait beau. La journée a été pleine de découvertes et on n’en espère plus rien de plus. Tout convie à la sérénité et à la bonne humeur. Et nous voilà soudain face à un site extraordinaire, tout en étant d’une simplicité désarmante : le Cromlech des Almendres.

Un cromlech est un monument mégalithique préhistorique constitué par un alignement de monolithes verticaux (menhirs), formant une enceinte de pierres levées, généralement circulaire. Celui des Almendres est exceptionnel : c'est le plus important de toute la péninsule ibérique, non seulement en raison de sa taille, mais aussi pour son état de conservation. C'est aussi l'un des plus importants d'Europe.

Face à ces morceaux de pierre taillés et disposés en pleine nature, j’ai vécu un moment assez étonnant. J’étais là dans un lieu plein d’histoire, plein d’humanité : ces pierres et leur agencement datent de la Préhistoire, il y a 5000 ans environ. Des hommes ont construit ce type de monument un peu partout en Europe, dont le plus connu est celui de Stonehenge, en Angleterre. Mais nous sommes ici au Portugal, bien loin de l’Angleterre. Le seul fait que des mêmes types de monuments ont été construits éloignés les uns des autres par d’aussi longues distances est déjà interpellant.

Que voulaient-ils faire ou signifier par ces constructions ? Il n’y a nulle certitude à ce niveau, mais les idées de lieu de rassemblement culturel ou de lieu d'observation des astres ou de la Lune semblent les plus solides. Toujours est-il que – comme beaucoup d’autres personnes sans doute – en parcourant ces quelques pierres, je me suis senti embarqué dans une atmosphère particulière. Qui transcende l’homme. Je ne veux pas dire quelque chose de divin, tant on est ici ancré dans ce qu’est fondamentalement l’homme. Il n’empêche, en tournant autour de ces pierres, je me sentais un peu comme dans l’atmosphère feutrée et mystérieuse d’une cathédrale. Derrière toutes ces pierres, il y a la recherche ou la reconnaissance d’une réalité transcendantale et pourtant parfaitement humaine et matérielle. Le poids de ces pierres nous le rappelle fondamentalement.

Vraiment, un moment magique et étonnant. (Une fois de plus, gratuit de surcroît… ça ajoute au mystère !).

mardi 24 juillet 2012

Le site touristique idéal

FMG © 2012

Aujourd’hui, nous avons visité le site touristique idéal. Jugez-en !
  1. C’est un site historique. Un château comme il y en a des milliers un peu partout dans le monde. Mais celui-ci est beau, ouvert et particulièrement bien conservé. Il contient quelques musées. Nous n’en avons visité qu’un : celui sur les « télécommunications » durant la guerre (sans doute la 2e guerre mondiale). Visite rapide. D’autres musées sans doute plus intéressants étaient fermés : il y a une tournante dans les jours d’ouverture.
  2. Le château est placé au-dessus d’une colline, ce qui n’a rien d’extraordinaire en soi. Mais il permet de découvrir une vue à 360° absolument fabuleuse, notamment sur la mer qui se trouve à 6 ou 7 km de là. Les autres flancs permettent de contempler des paysages mirifiques, surtout avec le ciel définitivement bleu qui nous accompagne.
  3. C’est un site varié. Il y a bien sûr ce qu’on trouve dans un château fortifié, mais on voit aussi des recherches archéologiques, une ou deux églises charmantes et intéressantes, des « personnages historiques pour photographier son visage à travers un trou », etc. Vraiment, on ne s’embête pas pendant plus d’une heure.
  4. Pendant cette heure, nous avons dû croiser en tout et pour tout une douzaine d’autres touristes ! Autant dire qu’il n’y a vraiment personne dans ce superbe endroit et que cela lui ajoute un charme absolument adorable. Rien que pour cela, on y retournerait bien.
  5. Enfin – et cela pourrait paraître paradoxal avec le point précédent, mais finalement ce ne l’est pas du tout – ce site merveilleux est absolument gratuit. Il n’y a donc nulle barrière nulle part (sauf pour des raisons de sécurité), nulle entrave, nulle recherche de faire de l’argent à tout prix. La paix financière. Comme nous sommes toujours en pleine chaleur, nous nous sommes permis une petite folie à la sortie de la visite : nous avons bu un verre sur la terrasse du petit café bien sympathique situé au bas du château. Pour deux, nous avons payé la somme astronomique d’1,85 EUR !
Bref, vraiment, c’est un lieu à visiter ! Je sais qu’en écrivant ce billet, je cours un risque. Car les milliers de lecteurs de Réverbères vont sûrement se précipiter sur ce lieu béni. Mais que voulez-vous, il est des moments où on ne peut se taire ! Et puis, assez égoïstement, je ne serai plus là pour voir cette populace débarquer !

Mais où se trouve donc ce paradis touristique : à Palmela. Et si vous cliquez, vous pourrez voir une vue à 360° (il y en a d’autres, sur le même site, en cliquant par ci par là).

lundi 23 juillet 2012

Azur

FMG © 2012

Maintenant que le soleil semble revenu en Belgique, en Lorraine ou dans les Vosges, j’ose l’avouer : depuis que nous sommes arrivés dans ce pays, nous n’avons pas encore vu un seul nuage. Le ciel est d’un bleu azurin en permanence (sauf la nuit évidemment) et qui dit ciel bleu, dit soleil en abondance !

À vrai dire – je sens qu’on va me taper dessus – durant ce mois de juillet, je n’ai vu de la pluie que lors d’un court passage à la maison, juste à la moitié du mois. Et encore, si je me souviens bien, elle est tombée durant la nuit et je n’ai donc pas dû sortir le parapluie.

Croyez-moi, c’est vrai : ça fait du bien ! Moi qui ai un léger penchant à voir d’abord ce qui ne va pas, je dois bien reconnaître que se laisser dorer au soleil, c’est bon pour le moral. Notez bien que je trouverai encore des failles dans le système, mais j’essaie en tout cas de ne pas les laisser (trop) apparaître.

Que tous ceux qui peuvent donc profiter de ce soleil resplendissant en jouissent pleinement. Que tous ceux qui ne peuvent pas vraiment en profiter pour l’une ou l’autre raison regardent quand même par la fenêtre et se disent que le charme est certain. Que le soleil réchauffe les cœurs et les corps de chacun !

Ça fait un peu lyrique comme ça, mais il faut parfois se laisser aller, non ?

dimanche 22 juillet 2012

Au loup

FMG © 2012

Dans ce pays, il n’est vraiment pas difficile de trouver où manger : les restaurants pullulent et offrent des poissons grillés délicieux pour presque rien. Visitant aujourd’hui une charmante cité balnéaire, avec des tas de sardines humaines en train de se faire griller sur la plage, nous nous réjouissions de combler nos papilles et nos estomacs.

C’est sans difficulté que nous nous sommes mis d’accord sur l’établissement qui nous sustenterait : les prix affichés sur l’ardoise étaient tout à fait concurrentiels, le poisson exposé semblait frais et appétissant, la terrasse était propre et accueillante. De plus, on nous proposait un menu en français. Le serveur nous signala aussi les noms des poissons du jour. Les poissons écrits sur l’ardoise ne figuraient pas sur la carte, nous supposions donc que c’étaient ceux du jour ! Nous nous laissâmes tenter par un « loup de mer », sans doute d’ailleurs plutôt un bar !

Le poisson arriva bientôt, il avait fière allure. Nous le mangeâmes avec appétit, même si pour moi il y en avait trop. Il était accompagné de légumes frais divers. Tout allait bien.

Jusqu’au moment où nous avons demandé l’addition : il y avait un loup ! Ce n’était pas le prix auquel nous nous attendions, mais au moins le triple ! Autant dire que les arêtes étaient soudainement dures à faire passer et que ce loup laissait un goût amer dans la bouche.

Ma tendre et chère a bien sûr essayé de négocier, mais – à part le fait de ne pas devoir payer une salade commandée, mais jamais servie – elle n’obtint rien. On lui montra cependant qu’il était bien écrit quelque part dans le restaurant que le poisson du jour était payé au kilo et on lui expliqua que la préparation n’était pas la même que les poissons grillés pour le commun des mortels.

Je ne vais pas en faire un plat, rassurez-vous. Mais je me demande quand même ce que gagne à long terme ce restaurateur. À court terme, je comprends bien. Mais il est clair que je ne retournerai pas de sitôt dans cette foutue auberge et que je déconseillerai à quiconque d’y aller ! C’est là que l’illustration ci-dessus intervient. Dans notre mauvaise humeur, nous n’avons même pas noté le nom de ce restaurant. Alors, si un jour, vous voyez l’horrible céramique en illustration de ce billet, méfiez-vous : n’allez surtout pas dans le restaurant qui se trouve juste en face. Ou bien vérifiez à deux fois ce que vous commandez !

Ce billet aura-t-il une quelconque efficacité ? Il faut l’espérer : les loups ne se mangent pas entre eux !

samedi 21 juillet 2012

Louez une voiture, qu’ils disaient…

Arrivant au soleil en avion, il nous fallait bien un moyen de déplacement quelconque, d’autant plus que les transports en commun n’ont pas l’air des plus disponibles. Bref, nous avons loué une voiture. Je vous passe le temps d’attente à l’aéroport pour enfin disposer dudit véhicule, car ce n’est qu’en en prenant possession que nous avons découvert un léger problème : la climatisation ne fonctionnait pas, pour un véhicule qui n’avait même pas 20 000 km au compteur.

Il devait être passé 20 heures lorsque nous roulions vers notre lieu de villégiature et il faisait étouffant ! Bref, nous avons vite compris que circuler avec ce véhicule serait suicidaire, surtout pour des ceusses qui comme nous ne sont pas habitués aux fortes chaleurs. Nous avons donc pris contact avec le loueur de voitures qui n’a pas hésité une seconde : une autre voiture était à notre disposition. Il fallait simplement faire une quinzaine de kilomètres pour en prendre possession. Ne nous plaignons pas : cela nous a permis de découvrir le quartier historique d’une agréable petite ville et d’y manger du poisson grillé dont on se souviendra longtemps.

Équipé de notre nouveau véhicule, nous n’avons pas hésité pour partir découvrir la capitale de ce pays chaud, accordant – sans doute à tort – toute notre confiance géographique à mon GPS importé de Belgique. Nous sentions se rapprocher la capitale lorsque ledit GPS nous indiqua qu’il préférait être rechargé si nous souhaitions bénéficier encore de ses services ! Nous appréciâmes cette marque d’attention, mais nous dûmes aussi nous rendre compte que cet appareil courtois était bel et bien connecté à la précieuse prise, appelée encore « allume-cigare » alors que plus personne n’allume de cigares en voiture. Enfin, je l’espère !

Un peu d’énervement, il faut bien l’avouer, surtout lorsque – sans plus prévenir cette fois – l’appareil géolocalisateur s’éteignit définitivement alors que nous étions entrés dans la ville dont nous ne connaissions rien.

Je vous rassure tout de suite : nous avons passé une très belle journée, à pied et en voiture, découvrant de superbes endroits. La grande question était celle du retour : comment allions-nous faire pour retrouver notre lieu d’hébergement sans avoir aucune carte ni indication quelconque ? Et bien, cela fut d’une facilité désarmante, à part les quelques embouteillages bien compréhensibles quand on quitte une grande ville à l’heure de pointe.

Arrivé « chez nous », je pus enfin vérifier mon hypothèse : le fusible de « l’allume-cigares » était hors d’usage ! Ça ne servait donc à rien de retourner chez le loueur de voitures qui n’aurait certainement pas eu un fusible en ordre de marche et qui n’allait quand même pas nous donner encore une autre voiture pour ce « petit » problème. Il suffisait de se mettre en recherche d’un nouveau fusible.

Bien vu ! Mais vous ne pouvez pas imaginer le nombre de formats différents de fusibles qu’il existe. Nous, nous avons besoin d’un « mini-fusible » (celui qui est tout à fait à gauche sur l’image).
Croyez-moi : c’est (quasi) impossible à trouver, surtout un samedi où tous les garages sont fermés ! J’ai fini par écouter ma femme – c’est ce que j’aurais dû faire depuis le début évidemment ! – et comme il y avait un autre fusible du même ampérage apparemment destiné au « chauffage » (dont nous n’avons pas vraiment besoin pour le moment), j’ai interverti les deux fusibles. La prise pour le GPS fonctionne… et nous verrons demain si la voiture ne s’arrête pas toute seule dès qu’il fera trop chaud. En route pour de nouvelles aventures !

jeudi 19 juillet 2012

Ultra

Courir pour le plaisir ou plus, il y en a des tas qui le font. Personnellement, je n’ai jamais été plus loin qu’un 20 km. En fait, j’en ai même fait trois : Bruxelles, Forêt de Soignes et Paris (avec là-bas un temps honorable pour moi… mais peu importe). Si j’ai chaque fois – il y a longtemps – souffert pour arriver au bout, je sais qu’il y a des gens pour qui un 20 km n’est qu’une promenade. Eux, ce qui les intéresse, c’est l’ultra : 6 heures, 12 heures, 24 heures, 6 jours, ultra-trail, raids par étapes, 100 km, 50 km, courses sur routes par étapes, etc.

Ce sont des fêlés. Mais de doux fêlés. Leur truc, c’est courir, courir et courir. Sans qu’ils sachent vraiment pourquoi, sans qu’ils sachent ce que cela leur apporte vraiment, à part bien sûr la souffrance, le dépassement de soi, l’abnégation. Il ne faudrait cependant pas les prendre pour des masochistes : même si lorsqu’ils courent, ils sont seuls face à eux-mêmes, ils forment une confrérie à part et sont toujours heureux de se retrouver, de vivre ensemble un nouveau défi. À leur niveau, la compétition n’est jamais le combat contre l’autre, mais toujours contre soi-même. Continuer à courir malgré la douleur, malgré la vacuité de la démarche, malgré la solitude éternelle.

Ne croyez pas que j’invente. Un gars ultra, j’en connais un. C’est un doux fêlé, mais il est ultra. Il a cette folie de courir, d’aller au-delà de ses limites… et de prendre son plaisir dans ces tas de petites choses de la vie qu’il avale sans retenue.

Non content de courir, il écrit. Au départ, ce n’est pas trop son truc, mais il nous délivre quand même des récits passionnants. N’hésitez pas à découvrir ses comptes-rendus des 6 jours d’Antibes 2012, de l’Ultr’Ardèche, des 100 km de Belvès et d’autres encore… Sur son blog « Manu Ultra Runner », mon ami Manu ne se contente pas de parler – avec modestie – de ses propres exploits : il partage sa passion de l’Ultra, nous fait découvrir des courses et des coureurs ou coureuses, il donne ses conseils de coach, il déménage comme on dit !

Avant de le connaître, je n’aurais même jamais imaginé que de telles courses fussent possibles. Maintenant que je sais, j’admire. L’Ultra, c’est vraiment ultra !