samedi 26 janvier 2013

Cassez Desjeux

Comme d’autres, je me suis réjoui de la libération de Florence Cassez. Sa condamnation à 60 ans de geôle mexicaine était bien dure et entachée de trop d’irrégularités pour être crédible. Pour autant, est-on sûr qu’elle est innocente des actes qui l’ont amenée à être condamnée ? Et surtout, dans le doute, fallait-il l’accueillir en grandes pompes comme si elle était une héroïne des temps modernes ?

Loin de moi l’idée de dire qu’elle est coupable ou qu’elle ne l’est pas. Je n’en sais rien. Je sais seulement qu’elle a été effectivement en couple avec M. Israël Vallarta Cisneros, chef d’un gang très violent, Los Zodiaco. Je sais qu’elle a été arrêtée en 2005 dans le ranch du dit Israël et qu’on y a retrouvé armes de gros calibre et otages séquestrés ! Je sais qu’une des otages, Mme Cristina Ríos Valladares, a reconnu Florence Cassez comme étant une de ses ravisseuses. Je sais aussi que cette arrestation aurait été mise en scène et filmée par la police mexicaine, ce qui est un des vices de forme ayant finalement conduit à sa libération.

Je sais encore que les parents de la française ont toujours déclaré qu’ils ignoraient tout des activités criminelles d’Israël Vallarta Cisneros au point de ne l’avoir jamais rencontré, alors que des photos démontrent clairement le contraire.

Je sais qu’elle a donc été condamnée, en deux temps, à soixante années de prison et qu’elle a été libérée pour vices de forme dans la procédure, sans que les juges se prononcent sur le fond de l’affaire et donc sur son éventuelle culpabilité.

Tout cela est très bien relaté, avec beaucoup de discernement, à charge et à décharge, sur la page Wikipédia consacrée à l’affaire. Cette présentation ne permet évidemment aucunement de se prononcer définitivement sur la culpabilité de cette jeune femme, sans doute de toute façon embarquée dans une affaire qui l’a dépassée. Comme malheureusement beaucoup trop de femmes, victimes de l’amour qu’elles vouent à un homme qui n’en vaut pas la peine. À cet égard, la jolie Florence Cassez est sans doute de toute façon une victime. Et je continue à me réjouir de sa libération.

Fallait-il pour autant l’accueillir avec tant de fastes, tant politiques que médiatiques ? On peut en douter d’autant plus qu’au même moment, le corps de Yann Desjeux, l’otage français tué sur le site gazier d’In Amenas en Algérie, a été lui aussi rapatrié en France, dans une indifférence quasi généralisée. Pourtant, il semble que cet homme, ancien membre des forces spéciales françaises, se soit comporté en héros, en rassurant les otages, en détournant d'eux l'agressivité des ravisseurs, et en parvenant même à désamorcer le détonateur de la charge explosive de la ceinture avec laquelle les terroristes l’avait attaché. Son corps a été accueilli dans l’intimité de sa famille, avec la seule présence de la ministre déléguée des Français de l’étranger.

Deux poids, deux mesures qui posent question. Quelles sont les réponses ?

dimanche 20 janvier 2013

Mouvement social positif

« Ce monde, avec toutes les imperfections qu’il a, va vers un progrès social. Nous sommes en progrès constant en ce qui concerne la santé, l’hygiène, le regard porté aux autres, aux enfants, aux personnes âgées. Nous allons aussi vers une participation globale des gens, nous sommes plus généreux et participons plus à un mouvement social positif. Il y a moins d’égoïsme dans ce siècle. C’est évident. »*

Ces mots, c’est Jean Dufaux – scénariste de Jessica Blandy, Djinn, et autres séries BD – qui les a prononcés. Un doux rêveur ? Non, je ne crois pas. Il est d’ailleurs bien conscient de « toutes les imperfections » de notre monde. Mais il constate aussi les progrès et participe à ce mouvement social positif ! Il n’est pas fréquent de lire de telles déclarations. La tendance est plutôt au pessimisme névrotique et à la conviction que tout va mal, que tout fout le camp, qu’on n’a jamais été aussi près du gouffre et qu’il suffirait d’un pas…

Pourtant, le progrès social est là ! Il est intéressant de constater que Dufaux ne parle pas de progrès économique ni politique. À ces niveaux, on peut sans doute se poser des questions. Mais il y a progrès social (même si on peut aussi à ce niveau se poser des questions).

Ce progrès passe par une participation globale des gens accrue. Les moyens et les occasions de participation sont bien plus répandus qu’ils ne l’ont jamais été. Ils sont bien sûr encore fragiles et se cherchent. Mais Internet a permis une communication globale intense, avec la possibilité d’agir sur le concret à partir du virtuel, dans une égalité jamais égalée.

Ça fait du bien de se le rappeler de temps en temps !

* Jean DUFAUX, interviewé par Joëlle SMETS, dans Le Soir Magazine, n°4204, 16 janvier 2013, p. 48

vendredi 18 janvier 2013

Un coup de langue est pire qu’un coup de Lance

Cette fois, il l’a dit : Lance s’est dopé. Et bien dopé. Depuis quasi toujours, avant même son cancer. On avait beau le savoir, ça fout quand même un coup. Plus la moindre place désormais pour le moindre doute. C’est désolant.

En 1999, je me souviens d’une discussion avec mon ami Jean-Marc. Nous discutions du Tour de France qui arrivait. Comme je le rappelais en 2009, je lui ai dit : « Et si c’était l’année d’Armstrong ? ». À ce moment-là, cette hypothèse était bien peu crédible. Mais elle me plaisait bien. Ce fut l’année d’Armstrong. La première des sept !

Il était souverain. Le voir démarrer à la première grosse côte du Tour et planter sur place tous ses adversaires avait quelque chose de magique. Cette magie, je l’attribuais à sa force de caractère, à son entraînement rigoureux, à sa préparation calculée. Je me refusais de penser qu’au-delà de ceux-ci, il y avait aussi du pétrole artificiel.

Ou plutôt, je me refusais de penser qu’il était à cet égard différent des autres. J’ai bien l’impression qu’aujourd’hui, je me le refuse encore. Armstrong s’est dopé. Avec le même souci de perfection qu’il avait dans sa manière de courir. Il s’est dopé, comme tous les autres, plus que vraisemblablement. Comme je l’écrivais en août dernier déjà, la liste des coureurs qui figuraient sur les 7 podiums parle par elle-même : Alex Zulle, Fernando Escartin, Jan Ullrich, Joseba Beloki, Raimondas Rumsas, Alexandre Vinokourov, Andreas Klöden et Ivan Basso ! Huit coureurs qui ont tous été convaincus (ou impliqués dans des affaires) de dopage à un moment donné de leur carrière ! Sans doute, plus loin dans le classement, y avait-il des coureurs propres qui peuvent à juste titre se sentir lésés. Mais pour ceux qui jouaient la gagne, pas de doute : ils carburaient tous à autre chose que de l’eau claire.

Armstrong était-il dès lors le « mieux dopé » ? Peut-être. L’avenir nous en dira peut-être plus sur les techniques, sur les personnes impliquées… N’empêche : parmi les dopés, c’est quand même lui qui gagnait. Cela, il ne le devait pas uniquement à ses produits magiques, mais aussi à sa force de caractère, à son entraînement rigoureux, à sa préparation calculée. J’en suis convaincu, mais je sais que cela ne change rien. Tout cela est monstrueusement triste. D’autant plus que pendant tout ce temps, il a toujours nié avec arrogance et froideur, se prétendant blanc comme la neige. Je sais maintenant pourquoi je n’aime pas la neige : elle n’est jamais vraiment toute blanche.

lundi 14 janvier 2013

Où sont les vrais problèmes ?

© Yann Arthus-Bertrand

Dans notre société en crise, j’entends souvent dire qu’on cache les vrais problèmes en mettant en avant d’autres éléments qui ne seraient donc pas de vrais problèmes, mais qui n’auraient d’autres buts que de cacher ceux-ci en branchant le peuple sur ces questions passionnantes mais sans aucun intérêt. Pour parler de l’actualité, ces « faux » problèmes dont on n’arrête pas de parler seraient par exemple la dotation de la Reine Fabiola, le mariage pour tous en France, les poils sous les aisselles de Miss Belgique, le populisme supposé de Bart De Wever, les soubresauts nationaux de Gérard Depardieu, la libération conditionnelle de Michelle Martin, etc.

Ceux qui dénoncent ce processus ont bien raison : il est plus simple de discuter adossé aux comptoirs des bars de sujets qui ne changent strictement rien à la vie des gens, mais qui passionnent chacun parce qu’ils sont « ouverts » en ce sens que tout le monde peut avoir son avis qui n’engage que lui. On peut donc disserter longuement, sans que cela change quoi que ce soit, et surtout sans qu’on doive changer quoi que ce soit dans sa propre vie.

Parler des milliers d’enfants qui souffrent de malnutrition ou de ceux qui, encore aujourd’hui, sont obligés de travailler comme des esclaves, discuter sur les raisons qui entraînent des êtres humains à se retrouver dans la rue sans domicile fixe, voire simplement à frôler le seuil de pauvreté, ou sur celles qui font que des familles n’ont d’autre solution pour survivre que d’immigrer dans un pays réputé plus riche ou plus libre que le leur, réfléchir sur le rôle pas toujours très catholique des institutions financières dans l’existence de la crise sociale ou sur les logiques industrielles aveugles qui contribuent au réchauffement climatique… tout cela est certainement moins agréable et plus compromettant. On ne sort jamais indemne lorsqu’on aborde de telles discussions.

Pour autant, sont-ce ces problèmes-là les « vrais problèmes » ? Car finalement, qu’est-ce qu’un « vrai problème » ? Il y en a qui sont évidents, le plus souvent liés à une catastrophe que celle-ci soit douce ou brutale. Ce sont des problèmes « vitaux » qui trouvent leur véracité dans le fait que si on ne les résout pas, on finit par ne plus exister. Il faut cependant constater que des tas de personnes ignorent de nombreux problèmes vitaux que ce soit à une échelle individuelle ou collective.

Il y a une raison simple à cela : un problème n’en est un qu’à travers les représentations qu’une personne se fait de la situation. En soi, il n’y a pas de problèmes. Aucun. Il n’y a que des situations et le sens qu’on leur donne. Et comme la diversité est une caractéristique fondamentale de l’homme, une même situation peut être un problème pour l’un et pas du tout pour l’autre. Sans que l’un des deux soit nécessairement stupide ! Simplement, nous avons tous – et c’est une richesse – une histoire différente, des valeurs différentes, des cultures différentes, des espoirs différents… C’est à travers tous ces filtres que se construisent les problèmes que nous voulons bien voir. Et un « vrai » problème n’est jamais donc « vrai » que pour celui qui l’estime tel.

Prenons la question du mariage pour tous qui enflamme la France et les réseaux sociaux. Personnellement, en tant que Belge, je vois ça avec beaucoup de distance. Comme le dit le slogan, « la Belgique a légalisé le mariage pour tous en 2003. Le pays existe encore et les moules se mangent encore avec des frites ». Bref, pour moi, ce n’est clairement pas un problème. Mais je peux comprendre que ce l’est pour certains qui ont une autre histoire, d’autres valeurs, une autre culture, d’autres visions sociales. Cela ne veut pas dire qu’ils sont des « crétins intégristes », comme je l’ai lu sur le mur Facebook de quelqu’un que j’apprécie par ailleurs. Simplement, ils voient les choses autrement. Chacun peut défendre son idée. Personnellement, quand j'essaie de défendre une idée, ma première attitude n'est pas de juger de la légitimité de ceux qui s'y opposent, mais plutôt de tenter de les comprendre, d’analyser leurs représentations et le chemin de celles-ci…

Mon propos n’est pas de faire comme si il n’y avait pas de problèmes dans notre société. Mes valeurs fondamentales tournent autour de la solidarité et du respect de l’autre. Sur la base de ces valeurs, il y a évidemment des tas de situations dans notre monde du XXIe siècle qui me posent problème. J’ai toujours du mal à comprendre que tout le monde n’est pas préoccupé par les mêmes questions qui me semblent fondamentales. Il y a un long chemin de sensibilisation, d’information, de persuasion à réaliser. Ce n’est pas facile. Pour réussir ce chemin, la première idée forte à prendre en compte est que l’autre n’est pas un « con » parce qu’il pense différemment de moi. Peut-être même finalement a-t-il raison, en tout ou en partie ! Pour progresser ensemble, ne faut-il pas commencer par nous dire que nos problèmes ne sont pas « les vrais problèmes », mais simplement des problèmes, à résoudre, ensemble… ?

vendredi 11 janvier 2013

Tant de sensibilité

Oserais-je l’avouer ? Cette semaine, j’ai passé une soirée à pleurer seul devant ma télévision ! Je regardais la dernière session de qualification avant les émissions en direct de la Nouvelle Star. Et j’étais émerveillé devant tant de sensibilité, tant de personnalité, tant d’engagement, tant d’originalité… Décidément, cette émission est un vrai régal.

Elle permet de découvrir de véritables petits joyaux. Les 10 finalistes sélectionnés par le jury sont quasiment ceux que j’aurais moi-même choisis, du moins sur la base de ce qu’on nous a laissé voir évidemment. J’ai été spécialement ébloui par Charlotte, Florian, Julie, Thimothée… Je reste béat devant Sophie Tith. La benjamine des finalistes, à peine 16 ans, est d’une telle vérité dans l’émotion qu’on ne peut que chavirer. Bien sûr, ses prestations ne furent pas parfaites, mais sa voix grave est si pure que je me suis laissé transporter vers le petit paradis qu’elle nous propose, notamment dans sa reprise de Mad World, de Tears for Fears.

Mon émotion était telle que j’ai voulu la confronter à la Star Academy. Il n’y a pas photo. Je me suis ennuyé devant les prestations de ces piètres chanteurs, sans émotion, à qui on ne demande qu’à faire un show aseptisé, formaté, inutile.

Chacun sa tasse de thé évidemment, et je ne doute pas un seul instant que les artistes de la Nouvelle Star doivent laisser de marbre plus d’une personne. Néanmoins, il faut bien constater que cette émission est construite pour faire ressortir de véritables personnalités artistiques en suscitant avant tout l’émotion et la simplicité.

Ce fut déjà le cas lors des années précédentes où j’ai été emporté par des Christophe Willem, Julien Doré, Amandine Bourgeois, Luce, Camelia Jordana… Ce qui m’inquiète néanmoins, c’est de voir l’évolution de ces chanteurs une fois qu’ils entrent dans le monde professionnel et remporte un succès estimable. Le meilleur exemple est – selon moi – celui de Christophe Willem. Lors des compétitions, il était vraiment au-dessus du lot en offrant des interprétations magiques. Aujourd’hui, ce qu’il fait est – toujours selon moi – un produit totalement aseptisé, neutre, formaté, dénué de toute émotion. Comme s’il avait été récupéré par le système.

Alors, naïvement, je regarderai les finales 2013 en vibrant et en pleurant devant mon poste de télévision, avec le subtil espoir que toute cette sensibilité continuera à exister au-delà de ces émissions d’un soir.

mercredi 2 janvier 2013

Le prix de la blancheur

FMG © 2013

Deux machines à café l’une à côté de l’autre. Parfaitement identiques. Sauf la couleur : l’une est bleue, l’autre est blanche. Et le prix : la bleue coûte 149 EUR, la blanche 199,98 EUR ! Soit 50,98 EUR rien que pour la blancheur ! C’est dingue, non ?

Est-ce un hasard si c’est la blanche qui coûte plus cher ? Pas sûr ! Certains me diront peut-être que je cherche la petite bête, mais enfin, dans le monde multicolore d’aujourd’hui, donner plus de poids à une machine blanche, n’est-ce pas légèrement raciste ? D’autant plus que la bleue est assurément plus jolie !

Encore heureux que – de toute façon et jusqu’à preuve du contraire – le café fourni est aussi noir que le noir de café ! Il faut rester prudent cependant : si on n’y prend garde, ils vont bientôt nous faire du café blanc ! Vous imaginez : on ne saurait même plus si on a déjà mis du lait dans son café ou non. Et ça, c’est dramatique, parce que du café au lait, ce n’est plus vraiment du café !

En attendant, je me demande quand même si certaines personnes achèteront la machine blanche rien que pour sa blancheur. Le pire, c’est qu’il y en a sans doute ! Mais où allons-nous ?

mardi 1 janvier 2013

La force de l'avenir

FMG © 2012

L’avantage du 1er janvier, c’est qu’il revient chaque année, toujours au même moment et que tout le monde est content ! Qu’on le veuille ou non, on sent un nouveau départ, aussi minime soit-il. Tout recommence. Il est permis de penser que tout est possible.

Ce n’est bien sûr qu’un jour de plus, dans la continuité du précédent. Finalement, ce n’est que le début de l’année calendaire, qui est elle-même une convention arbitraire (même si elle s’inspire de l’année tropique). Il y a des tas d’autres choses qui résultent de conventions arbitraires et il n’y a pas de quoi s’en offusquer !

Bref, nous voici le 1er janvier et il y a tout lieu de croire et d’espérer que c’est le premier jour d’une ère nouvelle pleine de promesses et d’avenir ! En réalité, c’est même une certitude : aujourd’hui, 1er janvier 2013, est le premier jour de l’avenir ! Et celui-ci sera ce qu’on en fera !

C’est toute la force et la sérénité de l’avenir, et – en ce jour – autant en jouir !