mercredi 30 mai 2007

Femme

femme
enfant de l’univers
tu dessines mes rêves
femme
murmure du vent
depuis tant de temps
tu n’as rien que ta vie pour exister
que la couleur de tes yeux pour t’ensoleiller
et si le monde un jour venait à se mourir
il faudrait garder un peu de ton sourire

femme
on t’a tant fait subir
les hontes de l’infamie
femme
que je voudrais me taire
de peur d’être ton frère
mais je voudrais surtout dire ces soleils
qui sans toi ne seraient pas pareils
ces chansons qui n’arrêtent de libérer mon corps
quand j’entends ton nom je me sens bien plus fort

il y a tant de choses à te dire
pour te faire comprendre combien tu respires
le souffle de la vie la lumière de l’amour
que je suis bien petit devant l’éclat de ce jour

femme
sans toi que serais-je
qu’un immense malaise
femme
tu inondes la terre
d’une étrange lumière
et nous avons ensemble un monde à bâtir
où chacun doit se sentir libre
et si l’homme et la femme unissent leurs bras
je te jure qu’on y parviendra

FMG © 1981

lundi 28 mai 2007

MySpace, c’est spéc !

Or donc, me voilà inscrit sur MySpace ! J’avoue que c’est un peu « pour faire comme tout le monde » ! Cependant, en tant qu’auteur-compositeur-interprète inconnu, c’est sans doute un moyen de l’être un peu moins… ce qui est toujours bon à prendre !

Néanmoins, il faut bien reconnaître que MySpace est un univers un peu spécial et – somme toute – assez délirant. Pensez donc : le jeu, sur MySpace, est d’avoir le plus d’amis possible. Ce n’est pas très difficile en réalité : il suffit de cliquer sur le lien « Ajouter à mes amis » de l’espace de l’ami rêvé, et – s’il vous accepte – vous devenez son ami. À l’heure actuelle, en plus de vrais amis (Franck, Cath, Raphy…), j’ai pu retrouver des amis virtuels plus ou moins perdus de « vue » (Sandrine, François…), découvrir de nouveaux amis que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam (Lidia, Coline…) et devenir « l’ami » de Nicolas Peyrac (ça, c’est normal…), de Morice Benin (ça peut se comprendre), mais aussi de Michel Fugain ! Et ce n’est pas fini.

Je me demande quand même si ce n’est pas là la plus grande vacuité possible ! Par deux clics, deux personnes qui ne se connaissent pas et qui ne se rencontreront sans doute jamais deviennent des « amis ». L’amitié est une trop belle chose, trop précieuse, pour se réduire à une recherche quantitative effrénée.

Ce n’est sans doute pas qu’une recherche quantitative. J’imagine que celui qui invite fait un choix. Il se rend chez un de ses « amis » apprécié, regarde qui sont les amis de cet ami, visite l’espace de celui qui l’attire et – si ça lui plaît – lui demande de devenir son ami. Par là, on essaie de se définir soi-même, avec un certain style : on ne choisit pas n’importe qui comme ami et on n’accepte pas d’être l’ami de n’importe qui ! Quoique !

Finalement, ce n’est sans doute qu’un jeu. Et l’important n’est sans doute pas là. MySpace permet aussi de faire des découvertes. Sur l’espace de Jean Corti, j’ai ainsi enfin pu entendre la version d’Olivia Ruiz de « La javanaise ». Très belle interprétation, comme toujours !

mercredi 23 mai 2007

S’inonder de liberté

Plonger. Se fondre dans l’eau. Créer le mouvement ample et salutaire. Planer entre deux rivages, dans l’éther silencieux. Retrouver le liquide originel. S’y couler. S’y baigner. Être plus léger que le vent. Flotter d’ici de là, sans s’enfoncer sans cesse dans la boue terrestre. Survoler l’univers. Découvrir la liberté de l’impulsion, la force de la trajectoire. Humer le vide. Se laisser bercer par la houle douce. Sentir son corps sous la pression fugace. Chercher le souffle impossible. Continuer à y croire. Croire qu’on peut tenir, encore un peu. Et tenir. Tenir le temps d’une bouffée de l’ivresse. S’en remplir les poumons. Et tenir. Avoir le diable au corps. Tenir encore. Émerger, enfin. Retrouver la vie. Retrouver la caresse du soleil et la verve de l’air. Respirer. S’illuminer de la moindre parcelle d’oxygène. Pour ensuite s’en dépouiller dans une valse lente pour replonger, se confondre à nouveau et être.

Nager. Le temps d’un soupir. Soupirer. Le temps d’une brasse. Brasser. Le temps d’une union. Unir. Le temps d’un nuage de nage.

Nager la vie. Nager la liberté. Nager la lumière. Nager l’existence.

Être.

samedi 19 mai 2007

Méfiance quand tu nous mines

Travailler, vivre, avancer avec des êtres humains est la plus belle chose qui puisse arriver. On ne peut d’ailleurs s'en priver. Faudrait être bête comme l’homme l’est si souvent pour dire des choses aussi bêtes que de dire qu’on pourrait se passer des autres.

Mais parfois, dans ces indispensables relations, la méfiance s’installe. On se sent guetté, l’autre étant prêt à sauter sur la moindre faille, à ne plus croire qu’il est possible d’avancer. À moins que ce ne soit nous-mêmes qui regardions l’autre comme s’il était pestiféré et susceptible de nous nuire.

Cette méfiance peut s’installer partout, dans les relations de travail, dans la vie commune, dans les chemins qu’on parcourt ici et là ensemble. Une fois qu’elle est là, elle se fait tenace et mine petit à petit tout le terrain, à la manière des mines anti-personnelles. Et d’innocentes victimes explosent du fait de cette méfiance aveugle et sans fondement.

Il paraît que des biologistes danois ont génétiquement modifié une plante pour qu'elle soit capable de détecter les explosifs enfouis dans le sol, et notamment les mines anti-personnelles. L'arabette des dames détecte le dioxyde d'azote contenu dans les mines et produit un pigment rouge, alors que son stade de maturation classique la voudrait verte.

L'idée est donc de semer cette plante étonnante par hélicoptère dans les zones à risque. Le résultat serait visible 3 à 6 semaines plus tard. De plus, les chercheurs l'ont également rendue stérile pour éviter une prolifération que l'on ne pourrait contrôler.

Belle affaire, et – si c’est vrai – l’exploitation de cette technique devrait être largement promue : aujourd’hui, toutes les vingt minutes, une personne est mutilée ou tuée par une mine, et la plupart des victimes ont moins de vingt ans.

Mais nos biologistes n’ont pas encore conçu une plante susceptible d’identifier les champs de méfiance. Alors, on continue à avancer, l’âme légère et l’esprit serein, et soudain, on explose dans un champignon de méfiance. Tout est alors faussé. Tout devient abscons. Il reste à se traîner, abattu, torpillé, et à espérer un jour rencontrer à nouveau la confiance. Mais y croit-on encore ?

dimanche 13 mai 2007

Derrière les gens, une ville

Toute photo : FMG © 2007

Je me souviens la première fois où je me suis retrouvé à New York. C'est une ville dont j'avais une certaine image : des tours, des tours et encore des tours. Quand j'ai marché dans la ville, j'ai bien vu ces tours. Mais j'ai soudain pris conscience qu'au bas de ces tours, il y avait des gens. New York est une ville bourdonnante, et finalement derrière les tours, derrière la ville, il y a surtout des gens !
Ici, à Antananarivo, capitale de Madagascar, ma découverte a été exactement inverse : dès mes premiers contacts, j'ai surtout vu les gens, tous ces marcheurs qui fourmillent partout, tous ces pauvres qui espèrent quelques sous, tous ces enfants qui s'amusent beaucoup… Antananarivo, pour moi, c'était surtout ces gens.
Mais en marchant parmi eux, en me frottant au pavé, je découvre petit à petit que derrière ces gens, il y a la ville. Avec son âme propre. Ses exigences. Ses rêves éveillés. Ses angoisses éthérées.
Les ciels d'Antananarivo sont toujours sublimes. Ils disent l'humeur de la ville : rayonnante, orageuse, ténébreuse, lumineuse… Antananarivo, c'est une ville de vie !Et la vie, ça n'a pas de prix !

jeudi 10 mai 2007

Triste histoire, histoire de la vie

Il est des histoires qui finissent tristement. Roméo et Juliette. Love Story. Le petit prince. Piccolo. Ne dit-on pas que ce sont les plus belles ?

Le cinéma américain a été champion pour nous conter des histoires tordues, mais qui finissent bien, où la morale est sauve, les méchants punis et les bons récompensés pour leur pureté ancestrale ! Quand on a un peu le spleen et pas trop envie de penser, ça fait du bien de se délecter de ces histoires à l’eau de rose.

Mais nous font-elles vraiment vibrer ? Ne faut-il pas cette dramatisation qui fait qu’une histoire nous touche vraiment, au plus profond de nous-mêmes ? Quelle densité de vie quand, restant assis sur notre siège de cinéma après le mot « Fin », on se dit que décidément, on n’aurait pas pensé que cela pouvait finir comme ça, mais qu’après tout c’était comme ça que cela devait finir.

Il est de nombreuses histoires qui finissaient mal… mais qui ont reçu une autre fin, plus affectivement correcte. Cette fin définitive est souvent une belle fin. Qui s’en plaindrait ? Mais il manque peut-être à cette belle fin ce petit quelque chose qui touche nos cœurs pour sa vérité de vie.
Ça c'est, pour moi, le plus beau et le plus triste paysage du monde. C'est le même paysage que celui de la page précédente, mais je l'ai dessiné une fois encore pour bien vous le montrer. C'est ici que le petit prince a apparu sur terre, puis disparu.

Regardez attentivement ce paysage afin d'être sûrs de le reconnaître, si vous voyagez un jour en Afrique, dans le désert. Et, s'il vous arrive de passer par là, je vous en supplie, ne vous pressez pas, attendez un peu juste sous l'étoile ! Si alors un enfant vient à vous, s'il rit, s'il a des cheveux d'or, s'il ne répond pas quand on l'interroge, vous devinerez bien qui il est. Alors soyez gentils ! Ne me laissez pas tellement triste : écrivez-moi vite qu'il est revenu...

Dernières lignes du Petit Prince, d’Antoine de Saint-Exupéry

C'est pas beau, ça ?

mardi 8 mai 2007

Un peuple en marche

Brigitte Halot © 2005

Quand je suis en mission, j’essaie de faire le maximum de mes déplacements en marchant. D’une part, je crois que c’est le meilleur moyen de « sentir » une ville. D’autre part, j’aime bien marcher, mais je ne le fais que rarement en temps normal. Je n’ai pas la vocation d’un randonneur et j’avoue que je ne suis pas trop tenté de marcher pour marcher. Mais j’aime marcher de manière fonctionnelle, pour aller d’un endroit à un autre. Cela permet de penser autrement. On se laisse aller par le rythme de la marche. La pensée adopte ce rythme. Elle ouvre des portes qu’on ne connaît pas vraiment. Chez moi, il m’est quasi impossible de marcher pour aller quelque part. Nous n’avons pas de voisins amis. Le commerce le plus proche est à 1 km et c’est une pharmacie que - heureusement - je ne fréquente pas trop.

Bref, je marche. Pour le moment, je suis à nouveau à Antananarivo, Madagascar. J’y marche. Dans ma vie, j’ai souvent été dans des embouteillages. En voiture évidemment et un peu partout dans le monde. Je me souviens avoir vécu, il y a plus de 10 ans déjà, des embouteillages de mobylettes, à Hanoï, Vietnam. Mais ici, Antananarivo, Madagascar, c’est le seul endroit où je suis fréquemment pris dans des embouteillages… de piétons !

Les Malgaches marchent. Pas seulement ici à Antananarivo. Mais partout dans l’île. Vous pouvez vous trouver sur un chemin de campagne, perdu dans la brousse. Inévitablement, vous allez rencontrer des marcheurs le long de la route. Le plus souvent bien chargés et les pieds nus. Qu’il pleuve ou qu’il vente. Qu’il soleille ou qu’il grise. Que le sol monte ou descende.

Madagascar, c’est un peuple en marche. Inéluctablement. Inexorablement. Dans le travail, c’est un peuple en marche. Un peu comme dans une fourmilière. Ça bouge dans tous les sens. Ça marche. Il y a encore du chemin à faire. Mais ça marche. Quelle force !

samedi 5 mai 2007

Ciel désespérément bleu

FMG © 2007

Voici plus d’un mois que le ciel est désespérement bleu. Nos arbres sont verts, voire pourpre comme cet hêtre qui m’est cher. Mais pour combien de temps encore ? Le soleil n’arrête plus de nous darder de ses rayons. Ce n’est rien que du bonheur, car en plus la chaleur n’est pas trop forte. Et je serais bien sot de me plaindre… d’autant plus que mon court passage à Montréal m’a permis de me promener sous une pluie peu agréable. Mais si cela continuait comme ça ?

La pluie est annoncée pour lundi. Je ne la verrai pas, car je serai sous le soleil d’Antananarivo. Mais j’imagine qu’elle sera là, pour le plus grand bonheur de tous les agriculteurs de Belgique. Et cette longue période de sécheresse ne sera plus qu’un bon souvenir d’un mois d’avril où il fut permis de se découvrir de plus d’un fil.

Tous les records climatiques ont été battus pendant cette période. C’est comme en sport : quand un record est battu, on se demande quand le nouveau record sera lui-même effacé des tablettes, en se disant que cela pourrait aller plus rapidement qu’on ne le croit.

Lundi, il va pleuvoir. Pendant toute une semaine, prévoit-on. Mais après ? Qui nous dit qu’une nouvelle période de soleil et de ciel bleu ne commencera pas pour 45 jours, ou 60, ou 90 ? Quand bien même la pluie se ferait plus présente, elle pourrait très bien être battue 2 sets à rien dans quelques mois, ou dans quelques années.

Je ne m’inquiète pas trop pour la Belgique. Il y a de quoi voir venir. Mais si le ciel bleu s’installe ici, que se passera-t-il ailleurs ? Il pleuvra peut-être finalement. Des coins de France qui ont connu la sécheresse pendant longtemps ces dernières années ont été largement arrosés alors qu’il faisait superbe chez nous !

Finalement, de toute façon, on verra… Les hommes sont en train de prendre les mesures nécessaires – même si c’est de manière encore trop timide – pour enrayer quelque peu – pour autant que ce soit possible – ce déréglement climatique. N’empêche, il y a de quoi se poser quelques questions. Et notamment celle-ci : qui a des réponses ?