lundi 28 août 2023

Tout fout l'camp

 
FMG©2015

Caramba, j’ai constaté hier que la petite lampe rouge de mon ampli ne s’allume plus quand il est en fonctionnement, contrairement à ce qu’on voit sur cette photo issue du premier billet que j’ai consacré au dit appareil. Le matériel électronique n’est décidément plus du tout fiable. Pensez donc : j’ai acheté cet amplificateur le 21 décembre 1974, soit il y a à peine 48 ans, 8 mois et 7 jours (ou 17 782 jours). Alors, me lâcher comme ça d’un coup, c’est dur quand même !
 
C’est vrai qu’à part ça, l’appareil fait toujours parfaitement ce qu’il doit : amplifier le signal sonore qu’il reçoit de telle sorte que je puisse écouter ma musique quasiment toute la journée, environ 333 jours par an. Il s’est même très bien adapté à la source sonore quasi-monopolistique que j’utilise aujourd’hui : un iPod classic 6e génération modèle de septembre 2009, c’est-à-dire avec un disque dur de 160 Gb. Apple a arrêté depuis longtemps la production de ce lecteur mp3, mais le mien fonctionne très bien et contient aujourd’hui 34 832 morceaux de différents styles.
 
Ne plus pouvoir écouter toute cette musique en étant accompagné de la petite lampe rouge témoin est vraiment inacceptable. Ça va m’obliger à ouvrir le boîtier et vraisemblablement à restaurer le mauvais contact un peu vieilli. Vraiment, tout fout l’camp.

vendredi 18 août 2023

Singes éducatifs

 
FMG©2023

Le plus difficile fut de trouver cette plaine de jeux, au Zoet Water. Théoriquement proche et facilement accessible, des indications de travaux troublèrent notre périple. Nous nous apprêtions à partir bredouilles lorsqu’Alexis attira mon attention : la plaine était bien là. Bel endroit, où seule une dizaine de personnes profitait des différents agrès, dont un grand « parcours du combattant ».

Mes petits-enfants l’explorèrent avec délice. Je les laissai se débrouiller, ce qu’ils faisaient très bien. Très rapidement, j’ai constaté qu’Alexis, 10 ans, veillait à ce que sa sœur Elise, 7 ans, franchisse bien les différents obstacles. « Veiller », cela signifiait simplement lui montrer comment il faisait et l’inviter à faire de même, à sa manière. Du style : « Regarde, je le fais, donc tu peux le faire… ». Et Elise l’a fait. Tout le parcours. À sa manière. En confiance.

Parmi les quelques autres personnes, il y avait un autre grand-père avec ses deux petits-enfants : une fille un peu plus âgée qu’Alexis et un garçon de l’âge d’Elise. Ce grand-père, contrairement à moi, était digne de confiance : il s’occupait directement de ses petits-enfants au lieu de se contenter de les observer de loin. Par exemple, pour ce petit pont de singe, il soutenait son petit-fils. Je veux dire qu’il l’entourait de ses mains pour qu’il ne tombe pas. Résultat : l’enfant n’a pas pu franchir le pont, son pied a raté la corde, il a lâché ses mains et leur parcours s’est arrêté là.

Racontant l’histoire à ma fille Anaïs, la maman, elle me dit : « En même temps, on a deux petits singes plutôt habiles... Ça aide à lâcher prise, par rapport à d'autres enfants peut-être plus gauches ». Je lui ai répondu : « La bonne question est : pourquoi sont-ils plus gauches ? »

Il n’y a pas de secret. Les enfants prennent les risques que leurs (grands-)parents leur laissent prendre en toute confiance. Si on leur dit, depuis leur plus jeune âge, « Attention, tu vas tomber », ils apprennent juste à tomber, la plupart du temps à mal tomber ! Si on les regarde, confiants tout en restant attentifs, ils… tombent… moins souvent. Surtout, ils apprennent la confiance : celle qu’on a en eux et donc celle qu’ils peuvent avoir en eux. Ça ne permet pas à tous de devenir des « petits singes plutôt habiles », mais au moins, on leur dit et leur fait sentir qu’ils peuvent le faire.

En anglais, ça se dit « Yes, you can ». Il n’y a pas de secret.

mardi 15 août 2023

L’insupportable prosélytisme

  

En ce jour férié religieux, je me remémore une rencontre faite il y a moins d’une semaine, sur un chemin escarpé de montagne. Il faisait chaud et cela montait fort, me demandant pas mal d’énergie. Dans un tournant particulièrement raide, je rencontre un homme de mon âge qui descendait. Nous entamons une conversation banale. Soudain, il ouvre son sac-banane et me tend un petit livret « Trouver l’espoir ». Je ne capte pas tout de suite et lui demande « C’est un projet dont vous vous occupez ? ». Il me répond : « Pas moi, c’est Jésus… ». Il se lance alors dans un discours visant à me prouver que je n’ai pas d’espoir, qu’il est temps de le trouver, que je dois m’abandonner à Jésus, etc. Insupportable !
 
J’ai déjà exprimé sur ce blog ma position vis-à-vis de la religion, notamment – il y a 10 ans déjà – dans mon billet « Le prosélytisme athée » qui ne vaut évidemment pas mieux que celui lié à une religion quelle que soit celle-ci. Je suis et resterai jusqu’à la fin de ma vie un « agnostique positif » : sachant qu’il est impossible de prouver ni l’existence de Dieu ni son inexistence, je dis que je ne sais pas si Dieu existe ou non, mais qu’il est donc possible qu’il existe. Je dis juste que je n’en sais rien et qu’il est impossible de savoir. Certains disent « savoir », mais en fait, ils ne font que « croire savoir », que ce soit dans un sens ou dans un autre. C’est leur droit. Je n’ai rien contre eux, tant qu’ils n’essaient pas de convaincre les autres qu’ils ont raison. C’est leur droit et leur histoire. Tant mieux si ça les nourrit. Tant mieux s’ils souhaitent fêter leur croyance avec ceux qui ont la même. Mais qu’ils foutent la paix aux autres !
 
Aujourd’hui, à Liège, ce sont les grandes festivités du 15 août. L’aspect religieux est présent : la procession de la Vierge Noire d’Outremeuse suivie d’une messe et d’un sermon en wallon. Ce dernier élément est significatif : certes, il y a une messe, mais celle-ci, y compris le sermon, est dite en wallon. Tout le reste de la fête (qui s’étale sur plusieurs jours) est folklorique. Personne n’essaie de convaincre qui que ce soit, pas même de faire la fête. Chacun fait ce qu’il veut et y prend plaisir.
 
Essayer de me convaincre que je n’ai pas d’espoir et que je devrais en avoir grâce à quelque démarche religieuse que ce soit est non seulement insupportable, mais aussi totalement irrespectueux de ce que je vis, de ce que je pense, de ce que je suis. Le prosélytisme, qu’il soit religieux ou athée, n’a jamais conduit qu’à la mort par les nombreuses guerres qu’il a engendrées.
 
Cela dit, vous en pensez ce que vous voulez…

dimanche 13 août 2023

Mentir à un menteur, ce n’est pas mentir

Au hasard d’un périple, nous avons atterri dans un établissement bien sympathique. Il faisait chaud, nous avions faim et soif. Notre commande de boissons fut vite effectuée, comprenant notamment des sodas. Le serveur arriva rapidement avec les bouteilles fermées sur son plateau. Il y avait aussi un curieux cylindre d’une dizaine de centimètres de hauteur. Le garçon le plaça sur la bouteille et poussa dessus. L’engin s’enfonça et ressortit avec la capsule. Nous n’avions jamais vu ça et nous exprimâmes notre admiration. Très fier, le gars nous dit que c’était lui qui avait inventé et construit ce petit appareil, en quelques exemplaires, pour lui et ses copains… Nous lui avons évidemment dit qu’il fallait industrialiser l’objet et le diffuser largement. Nous avons même parlé d’investir pour lancer l’affaire !
 
Nous étions admiratifs, mais pas niais quand même. On demandait à voir. À la fin du repas, lorsque j’ai été réglé l’addition, je lui ai reparlé de son appareil en le questionnant un peu. Flatté, il m’a proposé d’essayer ce décapsuleur miracle. Cela m’a permis de l’avoir en main, de le tester (super efficace) et de l’observer. J’ai tout de suite vu qu’il s’agissait bien d’un engin issu d’un processus industriel dont l’inventeur n’était certainement pas devant moi. Mais je lui ai redit la nécessité de faire connaître son dispositif, de le breveter, etc.
 
Comme je m’y attendais, il m’a fallu une dizaine de secondes pour trouver la dite invention, en vente pour quelques sous par les grands revendeurs internetois. Le moins cher que j’ai trouvé était proposé à 57 centimes. C’est dire !
 
Que retenir de tout cela ? D’abord que nous sommes loin de tout connaître. Nous n’avions jamais vu cet appareil génial (même si banal) et nous avons bien fait de manifester notre admiration béate de béotiens. Même si Flaubert a écrit qu’il est dans les mœurs d'un sot de s'extasier à toute parole, je ne suis pas sûr que nous étions si sots que cela. Je dirais même que tant qu’on peut s’extasier de la moindre chose qu’on ne connaît pas, c’est que nos mœurs sont sensées.
 
Enfin, je ne résiste pas à citer Sacha Guitry : l'un des mensonges les plus fructueux, les plus intéressants qui soient, et l'un des plus faciles en outre, est celui qui consiste à faire croire à quelqu'un qui vous ment qu'on le croit. C’était juste jouissif.