Au hasard d’un périple, nous avons atterri dans un établissement bien sympathique. Il faisait chaud, nous avions faim et soif. Notre commande de boissons fut vite effectuée, comprenant notamment des sodas. Le serveur arriva rapidement avec les bouteilles fermées sur son plateau. Il y avait aussi un curieux cylindre d’une dizaine de centimètres de hauteur. Le garçon le plaça sur la bouteille et poussa dessus. L’engin s’enfonça et ressortit avec la capsule. Nous n’avions jamais vu ça et nous exprimâmes notre admiration. Très fier, le gars nous dit que c’était lui qui avait inventé et construit ce petit appareil, en quelques exemplaires, pour lui et ses copains… Nous lui avons évidemment dit qu’il fallait industrialiser l’objet et le diffuser largement. Nous avons même parlé d’investir pour lancer l’affaire !
Nous étions admiratifs, mais pas niais quand même. On demandait à voir. À la fin du repas, lorsque j’ai été réglé l’addition, je lui ai reparlé de son appareil en le questionnant un peu. Flatté, il m’a proposé d’essayer ce décapsuleur miracle. Cela m’a permis de l’avoir en main, de le tester (super efficace) et de l’observer. J’ai tout de suite vu qu’il s’agissait bien d’un engin issu d’un processus industriel dont l’inventeur n’était certainement pas devant moi. Mais je lui ai redit la nécessité de faire connaître son dispositif, de le breveter, etc.
Comme je m’y attendais, il m’a fallu une dizaine de secondes pour trouver la dite invention, en vente pour quelques sous par les grands revendeurs internetois. Le moins cher que j’ai trouvé était proposé à 57 centimes. C’est dire !
Que retenir de tout cela ? D’abord que nous sommes loin de tout connaître. Nous n’avions jamais vu cet appareil génial (même si banal) et nous avons bien fait de manifester notre admiration béate de béotiens. Même si Flaubert a écrit qu’il est dans les mœurs d'un sot de s'extasier à toute parole, je ne suis pas sûr que nous étions si sots que cela. Je dirais même que tant qu’on peut s’extasier de la moindre chose qu’on ne connaît pas, c’est que nos mœurs sont sensées.
Enfin, je ne résiste pas à citer Sacha Guitry : l'un des mensonges les plus fructueux, les plus intéressants qui soient, et l'un des plus faciles en outre, est celui qui consiste à faire croire à quelqu'un qui vous ment qu'on le croit. C’était juste jouissif.
Allumeur de réverbères
Qu'y a-t-il de plus beau sur terre
Que de faire naître la lumière
Là où c'est nécessaire ?
dimanche 13 août 2023
Mentir à un menteur, ce n’est pas mentir
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire