Depuis que notre superbe jardin a perdu sa jardinière préférée, il se laisse aller un peu à l’abandon. On peut le comprendre : « Un jardin sans jardinier, c'est comme les souris quand le chat n'est pas là ! C'est le bazar ! », écrit un certain Barnabé. Il n’y a pas de chats à la maison, c’est peut-être pour cela qu’il y a les souris. Allez savoir. En tout cas, le jardin sans jardinière, c’est le bazar, je confirme.
Les dernières victimes sont les nombreux buis qui le peuplaient. La jardinière passait beaucoup de temps à essayer de les sauver des ravages de la pyrale des buis et autres champignons agressifs. Découragée, elle me disait chaque année : « C’est la dernière fois que je m’escrime, le combat est inégal ». À propos de combat inégal, la jardinière y connaissait quelque chose. Les buis lui ont survécu et j’ai essayé de reprendre la lutte. Ça fonctionnait vaille que vaille, mais là, ça y est : en deux ou trois jours, ils sont tous foutus.
Bref, tout pousse de manière un peu sauvage : la glycine, les rhododendrons (pas fameux cette année), le magnolia, les azalées, les jacinthes sauvages, les weigelias, le chèvrefeuille, les pivoines, les iris, les clématites, les roses, les geraniums, les cornouillers, les lysimaques, les seringats, les muscaris, les callicarpes, les hydrangeas, les spirées, les alchemilles, les bignones, les hibiscus, les anémones, les pieris, les ellébores, les primevères, les myosotis, et toutes d’autres plantes dont je ne connais pas les noms. Dans tous les cas, j’ignore complètement ce qu’il faut faire pour les entretenir.
Parmi toute cette végétation, il y a quelques plants qui sont censés donner des fruits. Mon œil ! Quand la jardinière était là, il y avait bien quelques fraises sauvages qui montaient le bout de leur nez pour aussitôt se faire dévorer. Elle avait planté aussi quelques petits fruitiers, style framboisier, cassissier et groseiller. Des cassis, on n’en a jamais eus. Des framboises, ce fruit merveilleux, je les ai comptées cette année sur les doigts d’une main. Et puis, il y a ces groseilles qui me narguent. Je n’ai jamais trop aimé ce fruit. Quand j’étais jeune, ma maman en faisait de la confiture ou de la gelée que je mangeais pour lui faire plaisir, sans plus. Depuis que j’ai quitté le nid maternel, je ne mange plus de confiture. Mais voilà, il y a ces groseilles. Elles ne sont pas très nombreuses, mais elles sont là, protégées des oiseaux par un filet que la jardinière avait placé avec les meilleures intentions du monde. Donc, ces groseilles sont là semblant me dire : « Tu vois, même sans la jardinière, la vie continue avec ses petits plaisirs » ! Je vous le dis, elles me narguent. Et je me laisse prendre : chaque fois que je passe devant elles, j’en récolte quelques-unes et je les mange là, directement de la plante à ma bouche, comme un baiser adorable, malgré son acidité.
Ah oui, un détail dans cette histoire : quand j’étais louveteau, il y a plus de soixante ans, j’ai été totemisé. Je vous le donne en mille : Groseille narquoise !
Allumeur de réverbères
Qu'y a-t-il de plus beau sur terre
Que de faire naître la lumière
Là où c'est nécessaire ?
samedi 29 juillet 2023
Groseilles narquoises
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Les petits fruits rouges..l' enfance, les desserts, le printemps et l'été, parmi les meilleures choses de la vie non? Ta jardinière doit encore les fertiliser, quoi qu' il en soit des récoltes, là c' est le climat...
RépondreSupprimerQuand j' étais députée provinciale, de jeunes de secondaire venaient faire un stage dans nos bureaux. Stage court, qui me posait problème : que vont-ils en capter? De la vie politique de leur pays, de leur place dans la démocratie? Moi, j' en ai reçu beaucoup, cette rencontre si gratuite dans mon agenda serré, m' a laissé un goût exceptionnel de fruits rouges.
Ce garçon vient parler avec moi. Je suis disponible à cette rencontre d,' un autre type. Une bouffée d' air, d' humain. Il me dit qui il est, d' où il vient, ce qu'il' il est là devant moi, dans mon grand bureau. Et déballe.
Voilà, je suis en thérapie depuis longtemps.Mes parents se sont séparés, je vis chez ma maman.
Avant, on habitait à X ( la campagne près de chez moi) , c' était génial,: avec mes frere et sœur on jouait dans le jardin, il y avait des framboisiers, on jouait sous les framboisiers. au fond du jardin. Le bonheur.
Sous les framboisiers.
Ils devaient être grands ou, eux , les enfants petits.
Le bonheur sous les framboisiers.
J'ai été très émue. Et suis souvent , après, dans mes pensées,revenue sous ses framboisiers. Et lui, qu'est-il devenu? Bien envie de le retrouver. Les framboises sont des passeuses d'emotion l Et elles sont si bonnes.
Merci pour ce témoignage. Oui, les framboises sont délicieuses et toujours enrobées de secrets.
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