dimanche 29 novembre 2009

Des météores de toutes les couleurs

Photos et vidéo : FMG © 2009

Je m’en faisais une fête ! Enfin, j’allais voir Olivia Ruiz sur scène ! Cette fille m’épate. Non seulement elle est d’une beauté époustouflante, mais en plus elle chante de manière superbe et elle ne chante pas n’importe quoi, y compris lorsqu’elle participe à d’autres projets dont je fais état dans la page que je lui consacre sur mon site personnel.

Enfin bref, j’allais enfin la voir et l’entendre de près, aux Halles de Schaerbeek. C’est une salle qui a un cachet certain, mais elle a un premier défaut : il est quasi impossible de se garer à sa proximité. Donc, on a tourné en rond pendant un bon quart d’heure avant d’enfin trouver une place à un peu moins d’un kilomètre de là. Nous avons alors entamé une marche rapide, sous la pluie battante belge. Nous n’étions pas les premiers ni les derniers. Ça faisait une belle file dans laquelle nous avons eu tout le loisir de nous mouiller un peu plus.

Entrés enfin dans la salle, ce que je craignais s’est tout de suite confirmé : il n’y avait pas de place assise ! Pour la plupart des gens, ça ne pose pas problème. Mais mon dos n’est plus ce qu’il était et j’avais bien peur qu’il ne tienne pas le coup. Qu’à cela ne tienne, la première partie – une belle chanteuse accompagnée par un excellent musicien – était commencée et chauffait l’ambiance.

Entre-temps, nous avions trouvé une place assez près de la scène, bien dégagée. Tout allait bien. La première partie était terminée et les régisseurs s’activaient pour mettre en place la scène pour le concert d’Olivia, à travers un voile transparent qui indiquait clairement l’univers : celui des météores.

Le spectacle commence enfin, avec une animation sur écran permettant à chacun de prendre sa place. Et c’est parti. Olivia apparaît, sublime. Je n’ai pas toujours apprécié les mini-robes qu’elle a portées dans ses différents spectacles. Mais ici, rien à dire : elle est superbe, jusqu’à ses escarpins rouges (qu’elle remplacera quand même pendant une partie de la soirée par de bonnes bottes au talon plat).

De toute évidence, c’est un spectacle magnifique : les musiciens maîtrisent parfaitement leur art, les éclairages sont mirobolants, les chansons sont météoresques et Olivia est d’une énergie à couper le souffle. Elle donne à en voir de toutes les couleurs surtout quand ça s’anime un peu beaucoup.

Dans ces moments-là, évidemment, le son augmente un peu (trop), et c’est bien normal. On ne comprend plus trop ce qu’elle chante, mais ça n’a pas beaucoup d’importance. L’ambiance est là. Pas seulement l’ambiance d’ailleurs. Petit à petit, des chaleurs montent en moi. L’éclairage offre des milliers de couleurs, mais j’ai l’impression d’en voir plus encore. Je m’agenouille pour essayer de reprendre mes esprits, mais j’ai de plus en plus de mal à respirer. Visiblement, je suis assailli par le bruit, par le manque d’air, par la chaleur, par les odeurs humaines. J’essaie encore de me redresser… mais je sens bien que si je reste debout, je m’effondrerai pour ne plus voir que les météores qui commencent à défiler. J’essaie de montrer que tout va bien, mais je me retire vers un mur. Ouf, je l’atteins sans m’être effondré ! Je m’assieds par terre. Un gars du service de sécurité me demande si ça va. Je lui dis vaguement « oui, ça va aller… ». Je respire un peu mieux, mais visiblement je suis loin. Je suis le seul à le savoir. Mais pas le seul à s’en inquiéter : Brigitte me rejoint, ne sachant pas trop ce qu’il en est. Je suis rassuré de la savoir près de moi. Mais j’en profite pour aller me rafraîchir aux toilettes. Ça va mieux, même si les météores continuent à défiler.

Sur la scène, Olivia continue son merveilleux spectacle. Je ne suis plus tout à fait là, tout en n’étant pas ailleurs. Finalement, c’est pour elle que je suis là. Le spectacle se termine. Elle n’accorde qu’un bis, sur sa balançoire, qui l’emmène vers les météores. C’est fini. Vraiment, un beau spectacle. Je nous pousse vers la sortie. Ouf, de l’air. Il était temps. La nuit est toujours humide. Pas ce soir qu’on verra des météores dans le ciel de Bruxelles. Pourtant, moi, j’en ai vu… et de toutes les couleurs.

Je n’ai filmé ce soir-là qu’une seule chanson en entier ! Pas n’importe laquelle : Les météores ! « Mais ça monte, ça lutte, ça me saisit, ça tire, ça brûle, ça jaillit ! ». Tout à fait ce que j’ai vécu. Quelle communion quand même !

jeudi 26 novembre 2009

Amalgames

Amalgame © Alexandre Bardel 2006

Dans un blog ami, Grains de sel a récemment raconté son émoi face à une caissière d’un supermarché dans lequel s’était déroulé un braquage pour quelques sous. La caissière, fort émue sans doute, avait décrété – sans rien en savoir sans doute – qu’il s’agissait de « bougnouls » qui ont tous les droits et qui peuvent tout obtenir parce qu’ils s’appellent « Mohamed ». Sacré paquet d’amalgames !

L’avis de mon amie, assistante sociale, était très posé et nuancé, même si elle ne cachait pas son agacement devant cette bêtise humaine.

L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais un personnage douteux – se prénommant Le Hutin, médecin à la retraite – a cru bon d’ajouter quelques commentaires. C’est là que les amalgames deviennent tragiques. Du banal émoi d’une caissière victime – directe ou indirecte – d’un fait divers malheureusement devenu banal lui aussi aujourd’hui, on en est venu à tout mettre dans le même panier : les « bougnouls » en question seraient les plus racistes, notamment parce qu’ils refuseraient de consommer porc et whisky ; ce ne seraient d’ailleurs que des barbares ; il faudrait les pendre et s’ils commettent des actes aussi répréhensibles, c’est parce qu’on n’en liquide pas suffisamment, etc.

L’agacement de mon amie s’est transformé chez moi en nausée devant tant d’amalgames.

Qu’on ne me fasse pas dire ici ce que je ne dis pas. Un délinquant commet un acte répréhensible. La société doit se protéger d’une récidive. Cela prend la forme d’une punition qui le plus souvent est la privation de liberté. Cette punition, atroce en soi, protège la société à court terme, mais pas à long terme. Le délinquant, à un moment donné, sort de prison. Si on n’a rien fait pour essayer de le réinsérer, il ne pourra que recommencer ses méfaits, ne fut-ce que par vengeance ou rancune. Il faut donc agir, quand il est emprisonné, pour le rééduquer, voire même simplement l’éduquer. Ce n’est pas une tâche facile. C’est même un euphémisme de dire qu’elle est éminemment complexe. Mais c’est la seule issue.

Tous les délinquants, quels qu’ils soient, sont des êtres humains. Certains ont perdu beaucoup de leur humanité, sans doute. Ou n’ont pas réussi à la gagner. Mais ils restent humains. Comme vous et moi.

L’enjeu de nos sociétés est de faire de nous tous de vrais humains. Reconnus en tant que tels. Chaque geste d’humanité en crée un peu plus. Chaque geste de déshumanité détruit un peu l’humanité. Cette double relation est en fait assez simple.

Parviendrons-nous jamais à construire ensemble, sans amalgame, malgré la diversité des personnes, des parcours, des expériences de vie ? J’en doute parfois, mais comme chantait John Lennon, « imagine »…

mercredi 25 novembre 2009

Ils ont vidé mon lac !

FMG © 2009

Ils ont vidé mon lac. Il y a deux semaines encore, j’en avais fait le tour avec bonheur, m’extasiant devant sa beauté. C’était comme ça :

FMG © 2009

Maintenant, c’est devenu un cloaque, un amas de boue qui se vide petit à petit de son eau pour finir par s’assécher complètement. Louvain-la-Neuve est en train de perdre son écrin !

Bien sûr, on me dira que c’est pour la bonne cause. Les autorités ont décidé de vider progressivement les 85 000 m3 d’eau. Tout l’hiver 2009 verra alors un paysage lunaire qui se couvrira d’algues et de mousse. Au mois de mars, la vase, futur substrat des plantations, sera minéralisée. Elle devrait alors se transformer en un vaste pré fleuri, avec du plantain d’eau, des épilobes, des trèfles d’eau, de la véronique, de la menthe d’eau, du mouron des oiseaux, de la salicaire… Un travail de pépinière aquatique sera réalisé pour permettre la multiplication de la végétation au sein du lac et sur les berges. Celles-ci seront alors reprofilées.

En septembre 2010, le lac sera à nouveau rempli par les pluies. Les plantes non aquatiques ne survivront pas à cette nouvelle mise sous eau et celle-ci sera à nouveau brune et trouble. Progressivement, cependant, grâce à l’action digestive des bactéries, l’eau devrait s’éclaircir. On devrait alors réintroduire avec intelligence moules et poissons. En mars 2011, le lac devrait être entièrement rénové, plus superbe que jamais. Enfin, c’est ce qu’on dit !

En attendant, ils ont vidé mon lac et la vue depuis mon bureau n’est plus tout à fait la même. Avec le temps qu’il fait, elle est déjà bien morose. Mais là, elle est vraiment sordide !

samedi 21 novembre 2009

La voix pure

Geoffrey Gurrumul Yunupingu. Extraordinaire ! Pur ! Émouvant !

Je ne connaissais pas… et ce n’est personne d’autre que mon patron qui me l’a fait découvrir ! Rien que ça, c’est déjà génial !

Bon, ce gars (Gurrumul, pas mon patron) est un australien arborigène et chante dans la langue de Yolngu. Il est aveugle de naissance… et c’est d’autant plus avec plaisir que ce billet entre dans le libellé « Lumières ». Car c’est bien de la lumière qu’il y a dans sa voix et dans ses musiques.

C’est encore tout neuf comme découverte, et je ne peux en dire beaucoup plus. Alors simplement, on peut le retrouver sur MySpace et sur YouTube. Le détour en vaut la peine !

jeudi 19 novembre 2009

Bienvenue, monsieur Homme !

Voici donc notre brave Herman Van Rompuy /hɛrmɑn vɑn rɔmpœy/ Président du Conseil européen. Le premier Président de l’Europe ! Un Belge !

On ne peut que s’en réjouir. Non seulement parce qu’il est Belge, mais surtout parce que c’est un homme admirable. Il est devenu Premier Ministre de la Belgique à un moment où rien n’allait. C’était la crise financière, et derrière elle, il y avait notre crise belgo-belge communautaire. En quelques mois, il a réussi ce que bien d’autres avaient raté avant lui : recréer un peu de confiance dans les interlocuteurs politiques pour qu’ils se mettent au travail. Tout cela avec calme, écoute et humour. J’ajouterais, mais oui, avec volupté, au sens de jouissance intellectuelle profonde. Voici bien un homme, rigoureux, qui sait ce qu’est le vrai plaisir…

Ces grandes compétences devraient maintenant être au service de l’Europe, et celle-ci ne pourra qu’en profiter. Certains sans doute s’imaginent que, surtout, il ne fera pas d’ombre à leur ego démesuré de Chef d’État. C’est sûr, il n’essayera pas de prendre leur place. Il restera à la sienne. On ne sait pas trop ce que sera celle-ci. La fonction est à construire. Mais qu’on se le dise : Herman la marquera de son empreinte.

Une empreinte faite de consensus. Pour avancer, il faut se mettre d’accord. Cela n’est possible que si l’on est à l’écoute de chacun et si chacun se reconnaît dans les décisions finales. Van Rompuy connaît la chanson. Héritage belge ? Sans doute. Mais il ne suffit pas d’être Belge pour en hériter.

C’est là sans doute le problème. Qui va lui succéder en Belgique ? Nous sommes, inévitablement, à la veille de négociations communautaires qui décideront de l’avenir du pays. Comme chaque négociation d’ailleurs. Mais la tâche est ardue. Aujourd’hui, on peut penser qu’un consensus aurait pu être dégagé par notre désormais ex-Premier Ministre. Y aura-t-il quelqu’un d’autre pour le faire ? Pas sûr. Et sans doute pas celui qui devrait lui succéder, le Roi des gaffeurs. Enfin, ça c’est une autre histoire.

En attendant, réjouissons-nous. Bravo, Herman ! Et bonne chance !

lundi 9 novembre 2009

Un vulgaire caillou

FMG © 2009

Ce n’est qu’un caillou. Un vulgaire caillou. Il contient bien des reflets brillants, mais il n’a vraiment rien d’extraordinaire. De plus, il est entouré d’un béton qui, s’il est solide, ne brille pas par son esthétisme.

Ce vulgaire caillou, pourtant, je le garde précieusement depuis 20 ans. C’est un morceau du Mur de Berlin qui fut brisé le 9 novembre 1989.

J’avais vu le Mur quelques mois plus tôt, très impressionné. L’absurdité de cette séparation était alors aussi grande que son immuabilité. Il ne semblait pas possible de le faire disparaître, car il symbolisait tout un système qui, même s’il connaissait des soubresauts, était tout à fait cadenassé. Je découvrais ce Mur, ainsi que le Rideau de fer (tout aussi sinistre), en me rendant en Pologne pour y jouer de la musique avec La Mandore. L’accueil des Polonais avait été des plus chaleureux. Comment pouvions-nous être séparés par du béton et des fils de fer barbelés ?

Pourtant, l’incroyable est arrivé. Le Mur est tombé. Pour moi, une nouvelle ère a commencé. Ce qui était inimaginable était arrivé parce que des personnes comme vous et moi y avaient cru, s’étaient donné à fond pour retrouver le sens de la liberté. Le monde vacillait. Toute une idéologie autoritaire était en train de s’effondrer.

Alors, quand quelques semaines plus tard, un de mes élèves m’apporta ce morceau de caillou après un voyage express jusque Berlin, je sus que je tenais là dans mes mains un symbole extraordinaire de ce que l’homme peut faire. Ce qu’il peut faire de mal, en ayant construit ce mur, en séparant des familles et des amis, en imposant une manière de vivre. Mais aussi ce qu’il peut faire de bien, en abolissant les frontières, en refusant de se laisser dicter sa conduite, en prenant la liberté d’être libre…

Ce vulgaire caillou, j’aimerais le garder avec moi jusqu’au bout de telle sorte que personne ne puisse plus jamais l’utiliser pour construire des murs absurdes.

dimanche 8 novembre 2009

Intransigeance flamande

Massacre de la Saint-Barthelemy © François Dubois 1572

On n’en est pas là, heureusement. J’avoue cependant un étonnement toujours inquiet devant l’intransigeance de certaines autorités flamandes.

La dernière en date est liée au sport, avec la suspension pour un an de deux joueurs de tennis : Xavier Malisse, et surtout Yanina Wickmayer. Sans doute n’ont-ils pas fait ce qu’ils devaient faire dans le cadre du système de lutte contre le dopage. En tant que sportifs professionnels, ils devaient entrer dans le système les données permettant d’exercer d’éventuels contrôles inopinés. Wickmayer a manqué 3 fois à ses obligations. Malisse, seulement deux fois, mais il a manqué un contrôle, ce qui est plus grave. Même si le système d’encodage est complexe et contraignant, ces deux sportifs de pointe n’ont pas fait ce qu’ils devaient, et il est normal qu’ils soient sanctionnés d’une manière ou d’une autre.

Fallait-il pour autant les suspendre pendant un an ? Non. Pour Wickmayer, qui à 20 ans à peine vient de réussir une brillante saison, c’est une véritable catastrophe.

C’est pour moi d’autant plus grave que cela ne me semble lié qu’à l’intransigeance flamande : il fallait un exemple et se montrer fort. Alors, peu importe les drames humains que cela occasionnera : il fallait frapper.

C’est la même chose dans nos problèmes communautaires belges. Si les Flamands prenaient l’entrée « humaine », c’est-à-dire celle liée aux hommes et aux femmes qui vivent en Flandre, il n’y aurait sans doute pas de problèmes linguistiques. Quelle que soit leur langue, les hommes et les femmes savent vivre ensemble. Mais l’entrée de certains Flamands est celle de la terre, celle du droit du sol. Vous êtes en Flandre, donc vous devez parler flamand, et si vous ne le faites pas, il faut – d’une manière ou d’une autre – vous éliminer. Je ne parviens pas à accepter cette logique.

Les semaines qui viennent seront sans doute difficiles pour la Belgique, d’autant plus que notre Premier ministre Herman Van Rompuy sera sans doute appelé à d’autres fonctions, ce qui est très bien pour lui et pour l’Europe, mais certainement moins bien pour ce pauvre petit peuple belge qui risque de se retrouver dans les mains de politiciens ne sachant plus très bien ce qu’est le consensus à la belge, ne connaissant que l’intransigeance !

vendredi 6 novembre 2009

Mamy est partie

FMG © 2009

Mamy est partie cette nuit, dans la sérénité de sa nuit. En réalité, il y a quelque temps qu’elle était partie : Alzheimer avait rattrapé son cerveau, mais pas sa douceur.

Mamy était ma belle-maman… et c’était une belle femme, dans tous les sens du terme. Il y avait une aura qui émergeait d’elle, et ses petits-enfants ne s’y étaient pas trompés. Cette personne-là était extraordinaire. Elle était attentive au moindre petit détail, au moindre petit bobo, au moindre petit espoir. Toujours avec discrétion. Mamy était quelqu’un qui ne s’imposait pas. Mais elle en imposait.

Elle a aimé son George, ses enfants, ses petits-enfants, ses beaux-enfants sans doute aussi, son jardin, ses peintures, ses amies, sa chorale… Elle était de ces personnes à qui personne n’a rien à reprocher. Vous en connaissez beaucoup de ce genre ?

Elle était avant tout un cœur luisant. Mais, beaucoup plus qu’on ne pourrait le croire, elle était un esprit vif, curieux, avide d’apprendre. C’est peut-être ça qui m’avait le plus frappé chez elle, moi qui suis un professionnel de l’apprentissage. Lorsqu’on lui parlait de choses qu’elle ne connaissait pas, elle était toute ouïe, pas sûre de toujours bien comprendre, mais soucieuse de le faire et de s’enrichir de ce qu’elle ne connaissait pas.

Les journées comme aujourd’hui ont toujours le goût du frisson de la tristesse. Pourtant, ce soir, c’est de la lumière que je vois. Ta lumière. Au revoir, Mamy.

lundi 2 novembre 2009

Responsable ? Oui, mais…

Un jeune que je connais bien a eu dernièrement un accident de scooter. Heureusement, rien de grave. Lui-même n’a rien eu : ni dégât physique, ni dégât matériel. C’est le principal.

Il arrivait à un carrefour en « Y », venant de la voie droite supérieure. Il s’est engagé dans le carrefour, mais une voiture venant de la voie inférieure n’en a pas tenu compte, alors que la priorité de droite était de toute évidence d’application. Pour éviter de se faire écraser, le scooter a fait un écart et a cogné légèrement une voiture qui était stationnée au croisement de la voie gauche supérieure et de la voie inférieure : pare-choc légèrement griffé. En réalité, cette voiture n’avait rien à faire là, car il y a une interdiction de stationner, mais elle était là. Inutile de dire que la première voiture ne s’est pas arrêtée et a continué son chemin comme si de rien n’était.

Bref, le jeune a sauvé sa vie – ce qui est le principal – mais il a embouti une voiture qui ne devait pas être là ! Il était dans son droit, étant prioritaire… mais ça s’arrête là.

Au bout du compte, il est déclaré « responsable » de l’incident : il n’avait pas à foncer dans une voiture qui était bien visible ! Les assurances reconnaissent bien que la voiture qui n’a pas respecté sa priorité – et qui aurait pu blesser gravement le jeune ! – est la cause de tout, mais comme on ne sait pas qui était le conducteur puisqu’il a fui, il faut bien trouver un responsable… et ça ne peut donc être que le jeune conducteur du scooter. Le fait que la voiture endommagée n’avait rien à faire là est peu important : elle était là, et il fallait l’éviter !

Inutile d’entrer dans un débat juridique qui ne débouchera sur rien. Au bout du compte, ceux qui paient l’assurance en responsabilité civile du scooter verront simplement leur prime augmenter en vertu du système bonus-malus. Rien de dramatique.

On peut quand même s’interroger sur le fait qu’un jeune qui n’a fait qu’éviter de se faire renverser par une voiture en délit de fuite est jugé responsable de dégâts causés à une voiture qui n’était là que parce qu’elle était en infraction avec le code de la route. Pour créer la confiance de ce jeune dans la justice, c’est bien parti !