mercredi 31 décembre 2014

Chaleur et lumière

FMG©2014

L’année 2014 se termine comme elle a été : chaude et lumineuse. Il semblerait qu’elle soit l’année la plus chaude depuis 1900, avec une moyenne supérieure à 1,2°C par rapport à la normale (période de référence 1981-2010). Les températures ont été nettement supérieures aux normales sur la plupart des mois de l'année, exceptions faites de mai et juillet qui ont connu des valeurs proches des normales et d'août qui a été particulièrement frais. Ces chaleurs s’accompagnent de lumière, évidemment. La production de mes panneaux photovoltaïques est de son côté supérieure de 4% à la moyenne des années précédentes, près de 6% de plus qu’en 2013.

Doit-on s’en réjouir ? Oui, bien sûr : il est très agréable d’avoir un peu plus de chaleur et un peu plus de lumière. On ne peut que s’en sentir mieux… et il serait bien stupide de ruminer contre ces petits plaisirs !

Néanmoins, cette année 2014 n’est pas vraiment une exception, mais s’inscrit dans une tendance constante observée cette dernière décennie : exception faite de 1989, les dix années les plus chaudes observées à ce jour en Europe depuis le début du XXe siècle sont toutes postérieures à 2000. À terme, ces quelques degrés supplémentaires bien agréables ponctuellement peuvent se révéler catastrophiques pour la planète.

Les soubresauts climatiques sont ce qu’ils sont. Qu’en est-il des soubresauts vitaux, ceux qui font que les années se suivent, sans jamais vraiment se ressembler tout à fait ? De mon côté, il y eut de beaux moments de chaleur et de lumière. Ce sont eux que je veux garder en mémoire. Ce sont eux que j’ai envie de revivre, non pas semblables, mais dans la lignée. Il y eut évidemment aussi de moins beaux moments, plus froids et plus sombres. Ils font aussi partie de la vie et en constituent le sel indispensable. Même si je m’en passerais volontiers.

Je vois autour de moi que beaucoup craignent 2015 dont les perspectives seraient plus sombres que lumineuses. Il faut reconnaître que ça ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices, à de nombreux égards. J’ai appris cependant à ne pas tirer des plans sur la comète, que ce soit dans un sens ou dans un autre. Vivre pleinement le moment présent.

Dans la chaleur et la lumière, comme aujourd’hui !

dimanche 28 décembre 2014

L’immuable changement

FMG©2014

Voilà plus de 20 ans que je viens chaque année en changer dans cette petite partie méridionale et occidentale des Pays-Bas, là où le Zwin étale sa sérénité suave et vivifiante. Les paysages sont toujours aussi splendides et profonds, surtout quand le soleil froid est de la partie.

Cette année, plus encore que les autres, la première chose qui m’a frappé en entrant dans la zone de promenade – outre cette beauté intrinsèque – consiste dans tous les changements qui sont apparus depuis l’année dernière. En réalité, de nombreux travaux sont réalisés pour améliorer le mouvement des marées et, par là, désensabler le Zwin. Même en dehors de ces travaux cependant, j’ai pris conscience combien ce paysage majestueux change chaque année, chaque saison, chaque jour, tout en restant fondamentalement lui-même.

N’en est-il pas ainsi de toute chose, de toute personne, de toute relation ? Tout en restant foncièrement elles-mêmes, elles changent chaque année, chaque saison, chaque jour. On peut ne pas apercevoir ces changements et croire qu’on a toujours en face de soi la même personne engagée dans la même relation. Lorsqu’un événement quelconque fait apparaître distinctement les modifications qui se sont accumulées petit à petit, le réveil peut-être difficile. À force de croire que rien ne changeait, on finit pas vraiment découvrir, brutalement, une nouvelle personne ! On peut aussi apercevoir ces changements et vouloir les refuser. Mais peut-on empêcher l’eau de creuser le lit qu’elle veut dans le sable de la plage ?

Au-delà des ces attitudes d’aveuglement ou de rejet, il existe heureusement de nombreux autres chemins. Accueillir le changement permanent comme un élément de la beauté du paysage, de la personne, de la relation est sans doute la meilleure voie pour l’accompagner et découvrir au passage des recoins de lumière, de tendresse et de vérité qui renouvellent la vie.

jeudi 25 décembre 2014

Malade

Voilà quatre jours que ça dure : je suis malade. Rien de bien grave évidemment. Juste une « crève » comme on dit dans le langage populaire. Sans doute pas la grippe. Mais une bonne dizaine de symptômes – dont je vous passerai l’inventaire – qui font que je me sens mal, pas bon à grand chose.

Il y a des tas de personnes qui passent également par là. Il y a surtout des tas de personnes qui souffrent de maladies bien plus graves que ce refroidissement passager. N’empêche, dans ce genre de circonstances, on se sent bien peu de choses. Pis : je fais partie de ces hommes – ne sont-ils pas tous comme ça ? – qui dès qu’ils sont malades se sentent proches de la mort !

Ce qui est frustrant, c’est que cette semaine est pour moi une semaine de congé, après quelques mois de travail bien remplis. C’est frustrant, mais sans doute logique. Tant qu’on est dans l’action, on ne laisse pas beaucoup de place pour que la maladie s’infiltre. Mais il suffit de relâcher un peu la pression pour qu’elle trouve un terrain propice. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’on est malade uniquement parce qu’on le veut bien, mais il y a un peu de ça quand même.

Certains penseront que c’est aussi frustrant parce que cela tombe dans une semaine de fête. À vrai dire, je n’ai jamais trop aimé cette période de fin d’année avec toutes ces fêtes qui se succèdent. Ce n’est donc pas essentiel pour moi, mais je reconnais qu’hier soir, lors d’un petit réveillon entre amis, j’avais plutôt l’impression de plomber l’ambiance et je n’aimais pas trop ça. Même si physiquement ce fut une soirée pénible, c’était quand même bien sympathique.

Ce billet est évidemment un peu sinistre – sans compter sa vacuité sémantique – mais en ce jour, je le terminerai néanmoins, sans trop de conviction, par un « Joyeux Noël ! ».

samedi 20 décembre 2014

L'amant


Y a le cœur de l’amant
Qui donne le plaisir
De ne pas se suffire
Pour vivre pleinement

Parmi tous les plaisirs de la vie, y en a-t-il de plus sublime que celui de la chair ? Je ne parle pas du sexe pour le sexe, sans aucune recherche du plaisir de l’autre. Je parle de l’échange des corps dont le seul but est d’offrir le plaisir, de donner son cœur – même si ce n’est que pour un instant – pour dire à l’autre qu’il existe pleinement, qu’il peut être au centre de la vie, qu’il est et vit !

Le mystère de la vie est immense. On existe, sans trop savoir pourquoi. Souvent, on se dit que tout cela ne sert à rien. Qu’on pourrait finalement tout aussi bien s’en priver.

Mais lorsqu’on est amant ! Lorsqu’on sent son corps vibrer avec celui qui donne le plaisir ! Lorsqu’on s’abandonne pleinement à cette délivrance ! Lorsqu’on se suffit entièrement de la jouissance offerte par l’autre ! Lorsqu’on sait, parce qu’on le vit par tous les pores du corps, que la vie n’a de sens que par la rencontre de l’autre ! Alors, on vit pleinement, en toute liberté ! Même – et surtout – si cette liberté s’exprime dans des liens durables et féconds !

Qu’est-ce qui fait vivre la vie

Qui nous porte au-delà de nous
Qu’est-ce qui nous rend fou
Qui nous donne autant d’envie

Y a le cœur de l’amant
Qui donne le plaisir
De ne pas se suffire
Pour vivre pleinement

vendredi 19 décembre 2014

Complicité

©Martin Lavoie

J’ai la chance d’avoir plusieurs ami(e)s qui sont de vrais complices. À ma manière évidemment : je ne suis pas quelqu’un de démonstratif, je n’ai pas besoin de me retrouver en permanence avec eux pour faire la fête ou simplement être ensemble. À vrai dire, ces ami(e)s, je les vois assez rarement. Mais ce sont mes ami(e)s, avec quelle complicité !

Quand nous nous retrouvons, que ce soit réellement ou virtuellement, le maître-mot est la confiance. Nous savons que nous pouvons parler de tout et de rien – plus souvent de tout d’ailleurs – sans que l’autre ne prenne la mouche ou émette le moindre jugement. Cela ne veut pas dire que la réaction critique n’est pas présente, bien au contraire. C’est justement parce que l’autre réagit, sans avoir peur de blesser, que nous pouvons ensemble aller au fond des choses et mieux les comprendre. C’est une introspection commune qui mène vers plus de lucidité et de liberté. À aucun moment, l’un ne cherche à imposer quoi que ce soit à l’autre. C’est à chacun de faire son chemin, mais celui-ci s’éclaircit toujours grâce aux lumières bienveillantes tout autant qu’exigeantes de l’ami.

À côté de ce mouvement de fond, il y a bien sûr aussi le simple plaisir d’être ensemble, de partager un repas, de boire un (ou deux) verre(s), d’écouter une chanson, de prendre des nouvelles de nos familles respectives, d’être amis tout simplement.

Savoir qu’on est de toute façon unique pour quelqu’un. Savoir qui – pour nous – est unique et sera là le jour où il faudra que ce soit le cas. Vivre chaque fois des découvertes permanentes merveilleuses. Se sentir complice, non pas d’un crime, mais d’une libération mutuelle !

Je parle de « plusieurs » ami(e)s… mais il ne faut quand même pas rêver. Ils ne sont pas légion. Ce n’est d’ailleurs pas la quantité qui compte à cet égard, mais évidemment la qualité. Et la complicité. J’avoue qu’à ce niveau, j’ai vraiment beaucoup de chance… et je les remercie !

lundi 8 décembre 2014

Du pareil au même

La lutte sociale continue en ce jour de grève tournante. Mais contre qui ou contre quoi luttent tous ces grévistes ? Entre le « libéralisme social » et le « socialisme néolibéral », il n’y a guère de différences. Juste des accents, et encore. Sur un plan socio-économique, le gouvernement de Charles Michel ne fait que continuer l’action du gouvernement précédent de Di Rupo.

Ce n’est pas propre à la Belgique. C’est la même chose partout : quelles différences y a-t-il entre les options politiques du socialiste François Hollande, de la chrétienne-démocrate Angela Merkel, du conservateur David Cameron, du démocrate Barack Obama… ? Au bout du compte, la religion suprême de tous ces politiciens est l’austérité au détriment des travailleurs afin de servir les intérêts des investisseurs et du capital.

Sans doute, la marge de manœuvre est étroite. Elle l’est même encore plus qu’on ne le croit : on voit bien que toutes ces politiques ne débouchent sur rien de vraiment réjouissant, si ce n’est l’enrichissement des riches. Il faudrait tester d’autres politiques, plus solidaires, plus innovantes (au sens où elles prendraient vraiment en compte la réalité du monde tel qu’il est aujourd’hui), plus ouvertes au bien commun. Je ne suis pas politicien et je n’ai pas de solutions toutes faites à proposer. Mais je suis convaincu que les stratégies actuelles – toutes les mêmes – ne mènent nulle part.

En attendant, le peuple ronronne, relevant parfois la tête, se redressant plus rarement encore. Il y a pour le moment en Belgique quelques soubresauts. Mais il ne faut pas se leurrer : même si le mouvement social parvenait à modifier certaines orientations, celles-ci n’entraîneraient pas de changements radicaux. Finalement, ce serait du pareil au même.