dimanche 22 juin 2014

Hortensias de vie


FMG © 2014

Sous l’œil acéré du héron métallique, ces hortensias sont en train de doucement fleurir. Quoi de plus normal pour des hortensias au mois de juin. Pourtant, que de patience et de foi a-t-il fallu pour en arriver là.

Ces hortensias viennent du jardin de mes parents où ils fleurissaient de manière abondante et vivace. Ils ont émigré jusque chez nous lors de la vente de la maison familiale, en 2009, il y a 5 ans. Depuis lors, ils n’ont rien donné. L’un d’entre eux a semblé même ignorer pendant un certain temps ce qu’était un feuillage. Il semblait définitivement mort, mais la jardinière continuait à y croire.

Aujourd’hui, ils fleurissent tous les deux. Celui qui a toujours été en meilleure santé a commencé à refleurir un peu l’année dernière. Quelques mois après la mort de ma maman. Le deuxième, le moribond, fleurit pour la première fois. Durant le premier mois de juin que mon papa ne vivra pas. Je ne suis pas spécialement enclin à croire aux prolongements de la vie, mais néanmoins j’apprécie à leur juste niveau ces coïncidences de floraison tardive.

Au-delà de ce mystère – ou plutôt de ce qui pourrait ressembler à un mystère – il y a de toute façon le cycle de la vie et de la patience qu’il faut pour exister. J’ai été longtemps convaincu que ces hortensias ne refleuriraient plus jamais. Leur déménagement leur aurait été fatal. Quelque part pourtant, on continuait à y croire. On n’allait de toute façon pas les déterrer pour les jeter définitivement. Même s’ils ne donnaient aucun fruit. Ils finissent aujourd’hui par en donner. Nous avons eu raison d’y croire.

Pour la petite histoire, il y a aussi un troisième hortensia. Des amis nous l’ont donné en pot il y a 2 ou 3 ans. Replanté en terre, il n’a rien donné. Cette année-ci, lui aussi fleurit un peu. Alors que l’ami qui nous l’a offert s’en est allé brusquement il y a quelques mois. Il y a de quoi être troublé, non ?

dimanche 15 juin 2014

Bonbons rayés

Il aura fallu que j’arrive au niveau 594 (sur les 605 qui existent actuellement) de ce stupide jeu addictif Candy Crush Saga (mais qui fournit de petits plaisirs personnels) pour comprendre enfin et résoudre une question ontologique que je me pose depuis bien longtemps : le fonctionnement des bonbons rayés !

Je suppose que la plupart de mes nombreux lecteurs vont se dire que je dois encore être plus stupide que le jeu en question pour ne comprendre que maintenant, mais que voulez-vous : je ne peux pas voler plus haut que mon niveau de compétence !

Bref, il y a donc des « bonbons rayés ». On les obtient quand on aligne quatre bonbons de la même couleur. Lorsqu’on parvient à les faire exploser à leur tour, ils suppriment quasi tout ce qu’ils rencontrent sur une ligne entière. Ligne qui peut être verticale ou horizontale. Depuis longtemps donc, je me demande comment peut-on prévoir si la ligne qui sera vidée est horizontale ou verticale, ce qui est évidemment très précieux pour faire le bon coup. Jusqu’à présent, je n’avais jamais trouvé réponse à ma question et je supposais que le sens était lié au hasard, comme beaucoup d’autres choses dans ce jeu.

Aujourd’hui, j’ai enfin compris en réalisant que les rayures du bonbon sont soit horizontales soit verticales. Si elles sont horizontales – comme dans les bonbons violets et orange ci-dessus – alors la ligne qui sera vidée est… horizontale ! Si elles sont verticales – comme dans le bonbon bleu – la ligne sera verticale ! C’est aussi simple que ça !

Ça n’a l’air de rien – et il faut le reconnaître, c’est vraiment rien que rien – mais si j’avais réalisé cela bien plus tôt, ça m’aurait évité de nombreux jurons ! Aujourd’hui, je me sens un peu plus intelligent. Quoique. Est-ce bien sérieux de situer son intelligence à ce niveau, alors que celui-ci n’a aucune espèce d’importance ? Pas plus que ce billet. Je me tais !

mardi 10 juin 2014

La bande à Renaud

On aurait, de toute évidence, préféré avoir droit à un nouvel opus de Renaud himself. Mais bon, il est là où il en est – en pleine reconstruction apparemment – et on est déjà bien content de pouvoir réécouter ses chansons, des grands classiques, mais aussi de petites merveilles moins connues.

Renaud s’est impliqué lui-même dans l’élaboration de cet album de reprises par d’autres, y compris dans le choix des artistes et même dans la réécriture de certains textes.

Au total, un album plaisant à entendre. Même si on regrette que ce ne soit pas Renaud qui chante de nouvelles chansons, dans la ligne de ce qu’il a pu déjà écrire. Ce n’est pas le cas, et il faut faire avec. Surtout quand on sait que cet album n’est peut-être que l’occasion d’appliquer un contrat avec une firme de disques (et on sait que la seule chose qui intéresse celle-ci est de vendre, point barre).

Il y a des chansons qui ne passent pas. Laisse béton, par le rappeur (?) Diniz. Hexagone, par Nicolas Sirkis. Et la désastreuse collégiale Dès que le vent soufflera. Quand l’artistique est écrasé par le commercial…

Mais il y a, pour moi, de très bonnes choses. Je n’aime en règle générale pas trop Jean-Louis Aubert, mais sa version de Manu – qui ouvre l’album – est intéressante. J’adore aussi Mistral gagnant par Cœur de pirate. Il faut dire que la chanson est extraordinaire et que la chanteuse aussi, une fois qu’on est entré dans son univers. Elle respecte celui-ci et y amène la chanson. Cela aussi, c’est être une véritable artiste. Même commentaire pour Élodie Fregé qui reprend dans son univers sulfureux la chanson Il pleut, peu connue mais transfigurée ici. Je retiendrai aussi Je suis une bande de jeunes, bien développée par Alexis HK, Renan Luce et Benoît Dorémus, les trois meilleurs héritiers de Renaud, même si je ne suis pas sûr que l’idée d’en avoir le transcende. Puis La médaille, texte peu connu, qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit de Grand corps malade.

Reste C’est quand qu’on va où ?, interprétée par Carla Bruni. Avant même la parution de l’album, cela faisait déjà scandale chez certains bien pensants. Sous le prétexte qu’ils voyaient mal ce que l’épouse d’un Président flirtant plus souvent qu’à son tour avec la droite de la droite pourrait apporter à un chanteur se situant dans l’inconscient collectif plutôt à gauche de la gauche. La réponse est purement artistique. Carla Bruni, dans toute la fragilité de sa voix, reste une interprète exceptionnelle. Elle ne déçoit pas ici.

Au total, cela reste simplement un album agréable à entendre. Peut-être pas à écouter. Ça fait juste passer le temps. En attendant un improbable album de l’artiste lui-même, sans avoir besoin de sa bande.