À l’embouchure de l’Escaut, il y a d’un côté Breskens et de l’autre Vlissingen, deux petites villes hollandaises non dépourvues de charme. La distance qui les sépare est d’environ 6 kilomètres. Pendant des années, un ferry reliait les deux villes, transportant voitures et camions (pour un prix modique), mais aussi vélos et piétons (gratuitement).
Depuis 2003, cette liaison a été supprimée et remplacée par le Westerscheldetunnel. Les 6 kilomètres en sont devenus 60, avec droit de péage pour le tunnel. Lorsqu’on se contente d’être à pied ou à vélo, il est néanmoins toujours possible de faire la traversée dans un ferry plus chic et plus rapide. Ça n’a pas le même charme sauvage qu’avant, mais quand il fait aussi lumineux (quoique froid) qu’aujourd’hui, ce n’est pas désagréable. Si ce n’est que de gratuite, la traversée aller-retour coûte désormais 4,60 EUR par personne, ce qui n’est quand même pas donné.
Qu’importe… cette traversée donne toujours autant de plaisir. Pendant une petite vingtaine de minutes, on se sent dans un autre monde, un autre rythme, une autre vérité. Les rites de passage – avec toutes leurs contraintes dont le sens n’apparaît pas toujours très clairement – ne m’ont jamais trop intéressé. Ils devraient être aussi simples que cette traversée : on marche un peu, on monte quelques marches, on s’assied et on se laisse aller à la lente cadence du traversier qui lui-même se laisse doucement bercer par la houle soyeuse. Sans s’en rendre compte vraiment, on se retrouve de l’autre côté : on se lève comme si de rien n’était, on descend quelques marches, et puis on marche le temps qu’il faut.
Si toutes les traversées et tous les passages étaient aussi simples, ça faciliterait pas mal de choses. Ici, pas besoin de résolutions, de fêtes forcées ou autres défis. Juste le plaisir de passer de l’autre côté ! Et même d’en revenir, par le même chemin. Mais au retour, on se sent autre : on a pu y aller et en revenir, dans la simplicité de la traversée.
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