mercredi 28 juillet 2010

Krka, la chute de Babel

FMG © 2010

Le parc national de Krka est un joyau croate. Dans un site enchanteur, on y découvre une multitude de chutes d’eau plus émouvantes les unes que les autres. On y découvre une universalité aussi : si tout le monde photographie les mêmes choses, c’est que cela doit sembler beau à tout le monde. La beauté naturelle est universelle.

Les langues le sont moins. Il doit y en avoir ici une diversité extraordinaire. J’ai rarement visité un pays où l’on voit des voitures immatriculées dans autant de pays : des danois, des hollandais (bien sûr), des belges, des français, des italiens, des suisses, des autrichiens, des allemands, des polonais, des tchèques, des slovaques, des hongrois, des slovènes… sans compter tous les touristes qui, comme nous, circulent dans une voiture immatriculée en Croatie.

Il y a quelques années encore, il semble que c’était surtout la langue allemande qui était utilisée avec tous ces touristes. Aujourd’hui, sans surprise, les choses ont changé : c’est l’anglais qui est la langue usuelle pour se faire comprendre. À tel point que les panneaux explicatifs sont rédigés en croate et en anglais, tout le monde semblant se satisfaire de cet état de fait. En réalité pourtant, il y a un paradoxe, car lorsqu’on écoute les gens parler entre eux, quasiment personne ne parle ici l’anglais ! On se retrouve donc avec une langue usuelle qui acquiert un statut d’universalité alors même que cette langue est étrangère pour tout le monde (du moins ici bien entendu).

Je suis un ardent défenseur de la langue française et je lutte au quotidien professionnel contre l’anglicisation qui s’immisce partout. Même si je suis plus mitigé face à la défense de certaines langues locales, je suis convaincu que nous sommes en très grande partie ce que notre culture est et que celle-ci dépend en grande partie de la langue (ou des langues) dans laquelle (lesquelles) elle se construit.

Mais que l’anglais devienne langue universelle pour communiquer entre gens de langues diverses, pourquoi pas ? N’est-ce pas un peu le rêve avorté de l’esperanto ? Alors, dans ces conditions, vive l’anglais !

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