samedi 7 décembre 2024

Mort


Higanbana (Lycoris radiata)

Plus d’une fois, depuis trois ans, je me suis surpris à dire « quand Brigitte est partie », « depuis qu’elle n’est plus là », « après son grand voyage », etc., en commençant bien sûr par l’névitable « Brigitte nous a quittés » (NB de l’institutrice qu’elle était : avec un « s » si possible). J’utilisais ces formules, mais elle me mettait toujours mal à l’aise. Brigitte ne nous a pas quittés, elle n’est pas partie, elle est toujours là. Elle ne sait plus voyager. Elle est morte. Simplement morte.

Bien plus nombreux que ces quelques exemples, les différents euphémismes qu’on utilise pour parler de la mort sont compréhensibles, tant elle est anxiogène, heurte notre sensibilité et nous confronte à des souffrances ravageuses. Cependant, ces détours langagiers ne changent rien à la réalité, celle que nous connaîtrons tous inévitablement : nous sommes mortels. Les mots pour le dire ne changent rien : c’est la mort qui nous attend.

Qu’est-ce que la mort, à part arrêter de respirer ? Durant ma carrière professionnelle, j’ai travaillé la notion de « besoin ». Formateur, j’ai souvent insisté sur le fait qu’il n’existe qu’un seul vrai besoin : respirer. Lorsqu’il n’est plus possible, c’est fini. On meurt. Le 9 décembre 2021, le médecin de Brigitte m’a dit, avec beaucoup de compassion, ces mots terribles : « Nous allons tout faire pour qu’elle ne se rende pas compte qu’elle arrête de respirer ». Je crois qu’elle ne s’en est pas rendu compte trois jours plus tard, même si elle savait. Elle ne savait pas ce qu’était la mort, pas plus que je ne le sais aujourd’hui. Mais elle savait que ce n’était plus qu’une question d’heures.

En revanche, je sais – et Brigitte le savait aussi – qu’il y a des signes. Là où on ne les attend pas, si fragiles. Depuis trois ans, je lis chaque soir avant de m’endormir. C’est devenu une nécessité, je ne l’avais pas avant. La plupart du temps, je lis un des nombreux livres que Brigitte m’a laissés. Dans l’ordre alphabétique des auteurs qu’elle utilisait. À l’approche de ce mois de décembre, je suis tombé sur Une journée particulière, d’Anne-Dauphine Julliand. Cette femme y connaît quelque chose à la mort ayant dû supporter celle de trois de ses quatre enfants. À la page 67 de cette journée particulière, elle raconte l’accueil par Gaspard, 10 ans, de son frère nouveau-né : « Voilà ta famille, mais il y a aussi quelqu’un que tu ne peux pas voir. Plus personne ne peut la voir d’ailleurs. C’est Thaïs. Elle est morte. Tu sais ce que ça veut dire mort ? (Silence). Non, ce n’est pas grave si tu ne sais pas. Thaïs est ta sœur, plus grande qu’Azylis mais plus petite que moi. Je vais te raconter sa vie pour que tu la connaisses. »

Ce n’est pas grave de ne pas savoir ce qu’est la mort. Parce qu’être mort, c’est juste devenir « quelqu’un que tu ne peux pas voir ». Quelqu’un qui fait toujours partie de la famille, qui est toujours là dans nos cœurs, dans nos troubles. Simplement, qu’on ne voit pas. C’est tout.

J’essaie désormais de ne plus utiliser ces euphémismes et de me contenter de parler de «  mort ». Ce n’est en réalité qu’un détail. Les mots ne sont jamais que des mots. C’est cependant une étape de mon deuil. Accepter – encore et toujours – celle que j’aime comme elle est, en toute lucidité et sans détour.

jeudi 14 novembre 2024

« Au service de la population »

 

Il y a juste un an, je devenais conseiller communal et, dans le prolongement, échevin des Finances et du Budget, de la Mobilité, de la Transition énergétique et du Logement. Comme je l’avais écrit à l’époque, c’était un peu par hasard, certainement pas écrit dans mon plan de carrière. J’acceptais simplement de relever un défi : remplacer pour un an un ami échevin qui pour des raisons professionnelles ne pouvait prolonger son mandat.
 
Même si la cheffe de file de l’opposition s’était inquiétée de voir arriver un « novice » à cette fonction, « j’ai fait le job » avec enthousiasme, engagement et compétence. Ce sont les échos qui me sont parvenus de manière explicite tant de la part de citoyen·nes que de membres de l’administration et de collègues politiques. L’essentiel annoncé était de « terminer la législature en continuité du travail déjà accompli, de collaborer avec les partenaires et les groupes citoyens dans un souci d’efficacité pour la réalisation des projets déjà engagés ou projetés, en veillant bien sûr à promouvoir les valeurs écologiques et démocratiques qui me sont chères ». Objectif atteint.
 
La photo ci-dessus a été prise lors de mon dernier conseil communal, ce 12 novembre 2024. En cherchant bien, ceux qui me connaissent me reconnaîtront dans cette assemblée qui – il faut bien le dire – a l’air de fondamentalement s’ennuyer. En réalité, en ce moment précis, ce n’était pas qu’un air ! En cette fin de dernier conseil, il y avait des discours d’(auto)congratulation, sans doute justifiés pour ceux et celles qui finissaient une plus ou moins longue carrière au service de la population, mais passablement ennuyeux.
 
« Au service de la population » ! Cela peut paraître des mots galvaudés, convenus, hypocrites même parfois. Je ne serai pas captieux : s’engager dans une carrière politique, surtout quand on accède à des responsabilités, n’est pas que du « dévouement ». C’est également un besoin d’être reconnu, d’être valorisé, de se démarquer. C’est vrai, mais c’est aussi effectivement vouloir le bien public, chercher à améliorer des situations concrètes, veiller à être à l’écoute de ce que chacun·e pense et essayer de se mettre dans la peau du citoyen lambda pour proposer les solutions les plus pertinentes et les plus efficaces. Ce n’est pas facile, parce que la perception et la vision sont toujours plurielles. Il n’y a jamais une solution miracle bonne pour tout le monde. Il n’y a jamais que des solutions « les moins mauvaises » et – parmi celles-ci – il faut faire un choix qui n’est ni scientifique ni universel. Mais qu’on estime le meilleur, au service de la population.
 
C’est ce qui m’a animé durant cette année. Cela m’a pris du temps et de l’énergie. Les difficultés n’ont pas manqué. J’ai été confronté à beaucoup d’imperfection, à commencer par la mienne. Au bout du compte, j’ai vécu une année passionnante. Chaque jour, j’ai appris quelque chose. Chaque jour, j’ai eu ce sentiment de contribuer à améliorer ce « bien public ». Chaque jour, je me suis émerveillé de participer de manière concrète à des décisions parfois mineures mais toujours importantes pour les personnes concernées. Chaque jour, je me suis senti et j’ai essayé d’être « au service de la population ».
 
Ni les résultats des élections ni les suites politiques sans fair-play de celles-ci n’ont été un renvoi d’ascenseur. C’est frustrant, mais c’est ainsi. Inutile de se morfondre à cet égard. Pourquoi le ferais-je d’ailleurs ? Il me reste quelques jours pour terminer mon mandat. Oserais-je écrire que ce fut une des plus belles années de ma vie ? Tout simplement parce qu’elle était, chaque matin et chaque soir, au service de la population…

dimanche 27 octobre 2024

Vide sidéral

 

Dans un peu plus d’un mois, je prendrai ma deuxième retraite. Autant j’avais attendu la première avec impatience, autant je redoute cette seconde étape.
 
Ma première retraite a officiellement commencé le 1er janvier 2016, bien que mon dernier jour de travail date du 16 décembre 2015, après une période déjà peu productive. Elle marquait la fin d’une « petite » carrière pédagogique de 37 années qui m’a permis de faire à peu près tout ce qui était possible : instituteur titulaire de classes – toujours multigrades – de la 3e à la 6e primaires, titulaire de classe d’adaptation travaillant principalement avec des enfants de 1re et 2e primaires, chercheur dans deux universités francophones, auteur de manuels scolaires, professeur en « école supérieure de pédagogie », professeur de pédagogie en « régendat », maître de conférences invité à la FOPA, enseignant associé pour une université française, formateur d’adultes tant dans les domaines de l’éducation et de la formation, consultant et accompagnateur de projets dans une quinzaine de pays, (co-)auteur d’articles et d’ouvrages scientifiques, directeur adjoint dans mon entreprise… Il y avait encore des choses à faire, mais j’étais fatigué et surtout le climat professionnel proche s’était fortement dégradé. Il était temps de tourner la page.
 
Il faut bien le dire : je me suis un peu enfermé sur moi-même, d’autant plus que nous habitions à l’époque dans un superbe endroit, mais totalement coupé du monde. À peine 10 mois plus tard, nous déménagions pour nous rapprocher de la vie sociale – une des meilleures décisions que nous ayons prises, ma femme et moi. Cette nouvelle vie au sein de notre commune nous a amenés à nous engager pleinement en tant que citoyens, jusqu’à nous présenter ensemble aux élections communales de 2018 sur la liste Ecolo. Même si aucun de nous deux n’a été élu, notre engagement a perduré. Pour ma part, il s’est concrétisé en devenant en 2019 co-président de la Locale. Ayant repris également des activités d’écriture, tant romancière que scientifique, je me suis retrouvé à exercer un temps plein, sans avoir de chef et en organisant mon temps comme je le voulais. Le bonheur.
 
Celui-ci fut parfait en 2020. La crise du Covid nous a offert beaucoup de temps à deux. Ce virus finit par nous toucher presque en même temps. J’ai eu plus de mal à m’en remettre, mais la suite, dépendante ou non, fut bien plus féroce, puisque ce fut un cancer implacable qui s’installa au creux du poumon de ma compagne. Elle n'a pas résisté. Fin 2021, il m’a fallu réapprendre apprendre à vivre seul. Toujours en travaillant beaucoup…
 
Les errances des chemins de vie m’amenèrent, il y a un an, à devoir prendre une décision aux conséquences importantes : accepter ou non de devenir échevin pour terminer un mandat. J’ai fini par accepter, et je me suis retrouvé en charge des finances, de la mobilité, de la transition énergétique et, dans une moindre mesure, du logement. Ce fut une année intense, passionnante, exigeante, où j’ai tout donné pour relever le défi. Comme prévu, ce job se terminera le 2 décembre prochain.
 
Le 3 décembre commencera ma deuxième retraite. Avec un vide sidéral, sans doute plus brutal que je ne veux bien l’admettre. Pourtant, ce n’est pas comme si c’était une surprise. Et, après tout, le vide sidéral n’est-il pas constellé de milliards d’astres plus étincelants les uns que les autres ? Le tout est de les trouver et de les atteindre, en espérant qu’ils ne soient pas trop hostiles. Ce nouveau voyage, je ne sais pas trop de quoi il sera fait. Pour le moment, je n’ai aucune certitude, seulement une myriade d’interrogations.
 
Comme je l’ai toujours dit : on verra.

mercredi 18 septembre 2024

Horreur absolue

Dans la multitude d’activités que j’ai à réaliser pour le moment, j’avais à écrire le billet désormais mensuel pour mon blog. J’avais le choix parmi les quatre libellés qui me guident depuis 2006. J’aurais pu faire un « coup de cœur », par exemple sur cette première noix de l’année que je viens de déguster. Elle était bonne, même si pas encore parfaite. J’aurais pu exprimer mes « interrogations » après avoir entendu une politicienne « engagée » dire qu’il fallait retarder un débat sur le droit des femmes de disposer librement de leur corps sous prétexte qu’il ne faut pas « froisser » un éventuel partenaire de gouvernement. Évidemment, les femmes, elles, on peut les « froisser » sans état d’âme. J’aurais pu discourir sur les « lumières » qu’apporte une émission de télévision comme « N’oubliez pas les paroles » où ce sont les personnes les plus humbles et les plus simples qui finissent par triompher. J’aurais pu…
 
Et puis, l’horreur absolue tombe sur l’humanité : des explosions simultanées de petits appareils de communication qui tuent et détruisent des milliers de personnes, au Liban, de manière aveugle et par surprise. Innocentes ou non, les victimes ne méritent pas une telle violence sournoise.
 
Je ne sais pas qui est responsable de ces explosions. Cela ne peut être qu’une puissance hyper organisée, tournée au quotidien vers l’anéantissement aveugle de ceux et de celles qui essaient d’exister à ses côtés. Il n’y a qu’une seule puissance au monde qui corresponde à ces caractéristiques. Je ne la nommerai pas. Ce serait lui faire trop d’honneur.
 
Elle ne connaît que l’horreur. Ce n’est sans doute pas le plus grand massacre depuis que l’homme existe. Mais c’est sans doute le plus horrible. Imaginez : vous avez dans votre poche un appareil qui permet de communiquer avec d’autres personnes. Peu importe que ces personnes soient recommandables ou non. L’appareil ne sert qu’à communiquer, rien de plus banal aujourd’hui.
 
Soudain, cet appareil – j’avoue ne pas encore comprendre comment – explose. En même temps pour des milliers de personnes. Aveuglément. Résultats : des blessures graves, des amputations, des yeux détruits à jamais… et des morts. Certaines victimes sont peut-être impliquées dans un combat lui-même violent, même si sans arme. D’autres ne le sont pas. Dans les deux cas, elles sont attaquées par surprise, sournoisement, sans s’occuper de l’endroit où elles se trouvent ni d’avec qui elles sont. Gratuitement.
 
C’est l’horreur absolue, la plus abjecte qui soit. Ce soir, je pleure notre humanité perdue. Maudits soient les responsables.

samedi 10 août 2024

Août en novembre

  

Ce billet n’a aucune importance et ne devrait même pas exister. Il ne doit d’être écrit que parce que lors de la publication de mon billet « Vide sidéral », j’ai constaté – horreur absolue – que je n’avais rien publié en août 2024, alors qu’une des règles absurdes que je me suis fixées dans la gestion de ce blog est d’avoir au moins un message mensuel. Je vais essayer de l’antidater, mais pas sûr que ça marchera.

Ça m’a permis quand même de constater qu’en le publiant, il sera le 975e. Un autre objectif que je me suis fixé en cours de route est de publier 1000 billets… et puis d’arrêter Réverbères. Il me reste donc, c’est mathématique, 25 textes à écrire. Nous sommes en novembre 2024. Avec un billet par mois, cela m’amène – c’est tout aussi mathématique – en décembre 2026 si je ne fais pas d’excès de zèle. Or, le blog a été créé le 23 décembre 2006. Vous me voyez venir : si je tiens le rythme, ce blog aura existé exactement 20 ans ! Ça me plaît bien comme idée.

Surtout, désormais, je sais quand cela se finira. Tout ça, grâce à ce billet décalé dans le temps. C’est pour cela qu’il est rangé dans l’intitulé « Lumières », car il m’en apporte.

Que se passera-t-il en janvier 2027 ? Je n’en sais rien. Je pourrais – c’est un vieux rêve – réaliser une sélection parmi ces mille dérives. En sélectionner une centaine par exemple. Éventuellement, les retravailler un petit peu… et pourquoi pas, en faire une publication papier ? Mais nous n’en sommes pas là et on verra bien !

Je suppose aussi que je continuerai à écrire. Peut-être créer un nouveau blog, même si la mode est passée depuis longtemps. Là aussi, on verra. En attendant, profitez de ce beau soleil du mois d’août !

mardi 23 juillet 2024

À quoi ça tient ?

 
Camille Nicolle©2021

À quoi ça tient la vie ? Quand commence-t-elle ? Comment ? Mes parents auraient dû se marier au début des années ’40. La guerre est passée par là, mon père s’est retrouvé quelque part en Allemagne pendant cinq ans, sans liberté. Quand il l’a retrouvée, ils se sont rapidement mariés en faisant ce qu’ils souhaitaient bien naturellement : deux enfants, un garçon et une fille. La vie a décidé de leur en apporter une en plus : un deuxième garçon s’est annoncé à l’insu de son plein gré. Mes parents n’ont pas voulu le laisser seul et ont conçu un troisième gars. C’est ce qu’on m’a raconté du moins, je n’étais pas encore là ! Mais la vie et l’amour ne maîtrisent pas tout : un jour, un racoulot – c’est le mot de ma Maman – s’est annoncé, sans coup férir. C’était moi. À quel moment ai-je commencé à vivre ? Le 12 décembre 1953, jour de ma naissance ? Neuf mois plus tôt, à l’aube d’un printemps vivifiant ? Ou quelque part un peu avant 1940 quand mes parents se sont rencontrés ? Allez savoir… à quoi ça tient ?

À quoi ça tient la création artistique ? Cadet de cinq, il me fallait trouver une place. Je n’avais pas encore cinq ans que je déclarais à qui voulait l'entendre que j'étais le génial inventeur du plan de l'Expo 58, ce plan en forme de vache ! Et qu'en passant, je n'étais pas moins que le brillant concepteur de l'Atomium, n'en déplaise à André Waterkeyn (concepteur officiel). Quelques années plus tard, j’écrivais mon premier poème, brillamment intitulé « La mort de Maman » ! Depuis lors, je n’ai jamais vraiment arrêté de « créer » : des poèmes, des chansons, des articles (parfois scientifiques), des livres (qu’ils soient scolaires, scientifiques, poétiques ou romanesques), des spectacles… Simple question de trouver sa place ? À quoi ça tient ?

À quoi ça tient la représentation ? Fondamentalement timide, incapable – sauf au prix d’immenses efforts – de rentrer en relation bilatérale avec qui que ce soit, toujours déjà ailleurs, je suis entré en représentation, sans jamais me sentir vraiment à ma place. Que ce soit dans ma vie professionnelle, amoureuse, associative, amicale, politique, artistique, familiale, intellectuelle…, je joue mon rôle, sans en avoir réellement les compétences. Touche à tout, je finis par ne toucher à rien… ou par ne rien toucher, c’est selon ! À quoi ça tient ? Tout ça.

vendredi 28 juin 2024

La chambre


FMG©2024

Depuis toujours, la chambre est la pièce que je préfère dans les différents lieux où j’ai habité. Ça tombe bien, c’est l’endroit où d’habitude on passe le plus de temps. C’est aussi l’endroit où l’on peut se retirer du monde pour se plonger dans un calme réparateur, que ce soit en dormant ou non.

Enfant ou adolescent, ce ne fut pas toujours facile pour moi. Dernier d’une famille de cinq enfants, la chambre fut le plus souvent une antre à partager. Au début – mais je ne m’en souviens pas – j’accompagnai mes parents, pendant un hiver frigorifique. À part cette chambre parentale, que je fus le seul enfant à occuper, il y avait trois chambres, pour une fille et quatre garçons. Les comptes étaient faciles. Seul le partage tenait la route. Ce fut assez logiquement avec mon frère Bernard, mon aîné le plus proche. Je garde de très beaux souvenirs de ces moments où nous vivions chacun nos rêves, très différents. On se disputait quelques fois, mais plus souvent, on jouait ensemble. Au début de notre adolescence, nous descendîmes tous les deux d’un étage, dans une chambre plus grande, alors qu’une nouvelle pièce avait été aménagée pour notre sœur. La cohabitation fut plus difficile pour différentes raisons. Celles-ci m’amenèrent d’ailleurs à une opération de révolte : j’allai m’installer dans le grenier, accessible seulement par une échelle avec un matelas placé juste à côté du gouffre ! Je ne sais plus combien de temps a duré ce bras de fer, mais j’obtins gain de cause : la grande chambre du premier étage fut divisée en deux par une mince cloison. Je m’y installai avec délectation, mais non sans concession : c’était l’espace le plus petit avec un minuscule lit à replier chaque jour et avec une servitude de passage pour mon frère. Mais j’étais chez moi. Par la suite, mes frère et sœur s’en allant vivre – parfois de manière provisoire – leur propre vie, j’occupai en réalité toutes les chambres de la maison, avec au total sept « chambres » habitées dans cette maison natale.

Par la suite, mes différents déménagements m’amenèrent à m’installer dans une quinzaine d'autres chambres (sans compter toutes celles dans lesquelles je n’ai fait que passer, dans des hôtels, sordides ou non, lors de mes nombreux voyages professionnels).

Aujourd’hui, je passe mes nuits et d’autres moments dans la chambre. Notre chambre, même si j’y suis seul depuis deux ans et demi maintenant. Nous avions, il y a huit ans déjà, choisi cette maison notamment parce qu’elle offrait une chambre de plain-pied. Naïvement, je pensais que c’était là que nous allions nous installer. Quand je t’en ai parlé, tu m’as rétorqué « Mais tu n'y penses pas, nous ne sommes pas des petits vieux » ! Comme toujours – ou plutôt souvent – tu avais raison. Et nous nous sommes installés à l’étage. J’y suis encore.

Chaque soir, lorsque je rejoins la chambre, je m’installe pour lire quelques pages. Avant, je ne lisais jamais au lit. Tu lisais. J’ai pris le relais. Pour toi. Ce moment d’intimité, c’est avec toi que je le vis. Quand j’ai fini et que je m’apprête à vivre mon propre rituel ancien – un quart d’heure de musique au casque – je m’arrête quelques instants. Je regarde sans regarder le rideau de la fenêtre. Je ne regarde surtout pas ta place qui est vide à côté de moi. Je te regarde, toi, dans ton absence éternelle, mais si présente dans mon cœur, dans ma tête. C’est en réalité le meilleur moment de ma journée.

Alors, je peux m’endormir, dans la chambre. Notre chambre.

mercredi 8 mai 2024

8 mai

 

Papa, je n’aurais jamais pensé vivre ce que j’ai vécu samedi dernier, 4 mai 2024. Je me suis retrouvé devant un monument aux morts, une écharpe d’échevin à mon épaule, entouré de trois drapeaux belges et de personnes qui – comme moi – ont vécu avec un père ancien prisonnier de guerre. Avec un peu d’avance, nous étions là pour commémorer la fin de la 2e guerre mondiale. Et je t’ai parlé, comme j’ai parlé à tous les autres, avec ces quelques mots.
 
 

T’avais 25 ans en l’an 40

T’avais rencontré la femme de ta vie

Tu t’apprêtais à la surprendre

À l’emmener en blanc à la mairie

T’avais pas prévu qu’il y aurait la guerre

Que tu partirais défendre ton pays

Pour te retrouver prisonnier de guerre

En captivité 5 ans de ta vie

Pendant tout ce temps il t’a fallu survivre

Continuer à croire aux vertus de l’amour

Veiller à ne pas partir à la dérive

Pour exister le jour du grand retour

 
Mesdames, Messieurs,
 
Ces mots, je les ai écrits et chantés en honneur de mon père. Il y a 84 ans, au début du mois de mai 1940, sergent volontaire de carrière, il est avec son unité à Massenhoven. La « campagne des 18 jours » va bientôt commencer. Le 28 mai, il apprend la capitulation de l’Armée belge. Il arrive en Allemagne le 5 juin après un long voyage en chalands et en trains, sans vivres et avec très peu d’eau. Il se retrouve au Stalag XIII A à Sulzbach, près de Nuremberg, où il reçoit cette plaque avec le numéro matricule 40.226. C’est le début de 5 longues années de captivité, passées à attendre, même si à la fin de la guerre, le travail à la ferme et au moulin occupait la plus grande partie de son temps.
 
Le 19 avril 1945, après avoir été libéré par les Américains et avoir passé près de 3 semaines dans des casernes de l'ex-armée allemande, mon père a finalement été ramené en train vers la Belgique et est arrivé le 8 mai 1945 à Neufchâteau.
 
C’est ce moment de libération et de renouveau que nous célébrons aujourd’hui, le 8 mai 1945, la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. C'est une date qui résonne profondément dans nos cœurs, car elle marque la victoire de la liberté sur l'oppression, de la paix sur la violence, et de l'espoir sur la désolation. Nous voulons honorer le courage et le sacrifice de millions d'hommes et de femmes qui ont lutté sans relâche pour défendre nos valeurs et notre liberté. Parmi eux se trouvaient nos pères, nos grands-pères, nos frères, nos voisins, qui ont enduré l'horreur des combats, la souffrance des blessures, et la cruauté de la captivité.
 
Je pense bien sûr tout particulièrement à mon propre père, prisonnier de guerre pendant cinq longues années, comme une centaine de milliers de jeunes belges. Son histoire personnelle est le reflet de tant d'autres, une histoire marquée par la résilience, la solidarité et l'espoir. Son courage et sa détermination, tout comme ceux de nombreux autres prisonniers de guerre, sont encore aujourd’hui des sources d'inspiration pour nous tous. Pourtant, Papa n’a jamais voulu nous parler de cette période. C’était un sujet tabou à la maison, comme s’il cherchait à croire que ce n’était pas arrivé.
 
Aujourd'hui, en tant qu'échevin de notre commune rurale et au nom de celle-ci, je ressens le devoir et l'honneur de perpétuer le souvenir de ces héros, de ces hommes et de ces femmes qui ont tout donné pour que nous puissions vivre dans un monde meilleur. Leur sacrifice ne doit jamais être oublié.
 
En ce jour de mémoire, alors que la guerre est aux portes de notre Europe, engageons-nous à préserver et à défendre les idéaux de paix, de liberté et de démocratie pour lesquels tant de personnes ont combattu et sont mortes. Œuvrons sans relâche pour un avenir où les guerres seront remplacées par le dialogue, où les différences seront célébrées plutôt que combattues, et où la solidarité et la compassion seront les fondements de notre société.
 
Ma chanson se termine par ces mots :
 

On ne s’est pas souvent parlé

Ça n’se fait pas d’montrer ses sentiments

Mais sache que ta plus grande liberté

Est d’avoir pu y éduquer tes enfants

T’avais 25 ans en l’an 40

T’as rencontré la femme de ta vie

T’as réussi à la surprendre

À l’emmener en blanc à la mairie

 
Je vous remercie.


samedi 20 avril 2024

Ode aux Odes

 

Quand ce livre est arrivé entre mes mains, par l’entremise d’un ami fidèle, je l’ai regardé avec un certain scepticisme. Constitué de cinquante-quatre textes sans lien entre eux, si ce n’est bien sûr qu’ils sont tous des « Odes » à quelque chose, j’avais peur de ne pas m’y retrouver en les lisant. J’ai bien fait de les lire.

C’est d’abord très bien écrit, même si c’est une traduction du néerlandais. David Van Reybrouck, archéologue philosophe, dispose d’une très large érudition. S’il a à son actif une carrière scientifique impressionnante, il est aussi un auteur reconnu, notamment à travers ses ouvrages Le fléau et Congo, une histoire. Ce qu’il nous partage ici, ce sont des ressentis ou des émotions diverses, mais toujours heureuses.

L’auteur regarde sa vie de tous les jours à travers un prisme positif. Il ne fait pas vraiment de la philosophie et ne tente aucune généralisation. Il parle de lui, de moments furtifs qui l’inspirent, de jubilations contenues mais libérées.

En lisant ces odes, je ne pouvais que penser à ce blog Réverbères. Finalement, je ne fais pas vraiment autre chose que ce partage émotionnel. Ce billet est le 969e du blog, dont la moitié est constituée de Lumières ou de Coups de cœur. Qui sait, peut-être un jour choisirais-je une cinquantaine, voire un peu plus, de mes billets écrits depuis tout ce temps pour les partager à mon tour sous une forme papier. A priori, je me demande bien qui serait intéressé par un tel recueil de textes… mais ayant apprécié ces odes de Van Reybrouck, je me dis que certains seraient peut-être contents de lire ma prose, même s’il est évident que je n’ai ni le talent ni l’érudition de l’auteur.

D’ailleurs, celui-ci termine son ouvrage par ces mots : « Écrire des odes, je le conseille à tout le monde : on en devient plus attentif, plus enthousiaste, plus avide et plus reconnaissant. Bref, ode à l’ode ».

Ode.

dimanche 3 mars 2024

Quelle chance !

Je dois bien l’avouer, j’ai beaucoup de chance. Depuis ma tendre enfance, j’ai pu vivre et réaliser des tas d’expériences extraordinaires que ce soit dans ma vie personnelle, familiale, amicale, artistique, citoyenne, professionnelle, technique, etc. Moi qui ai désormais un âge respectable où beaucoup se contentent de regarder le temps qui passe en se remémorant et en regrettant les temps d’avant, j’ai la chance d’être embarqué dans des activités nouvelles, passionnantes et constructives.
 
Parmi ces activités, mes expériences artistiques ne sont pas les moindres. Ce n’est pas nouveau : je n’avais que treize ans quand j’ai commencé à écrire de la poésie. Très rapidement la musique m’a rattrapé et j’ai donc fait des chansons. Jeune ado, j’ai eu l’occasion de découvrir les joies de la scène comme récitant et chanteur dans des spectacles collectifs, avant, à 22 ans, de devenir surtout musicien accompagnateur et ensuite de décider enfin de suivre quelques cours de musique : solfège et contrebasse. Celle-ci me ramènera sur scène au sein d’un orchestre classique de mandolines, puis dans un groupe animant des bals folks pour enfants et/ou adultes. Après avoir enregistré deux CD de mes chansons, j’ai découvert les joies de l’écriture collective romancée avec la publication de trois romans.
 
Les circonstances de la vie m’ont éloigné de ce travail d’écriture, mais elles m’ont permis de découvrir de nouveaux horizons dans une voie plus théâtrale. Il y a notamment eu la création le 17 décembre 2023 du spectacle Wisconsin ! consacré à la migration des Gréziens au milieu du 19e siècle, sur un texte d’Yves Destrée et avec des chansons créées pour l’occasion. Pour le moment, le spectacle dort un peu, mais j’espère qu’il pourra revivre, car il en vaut vraiment la peine.
 
Puis, il y a ces soirées de cabaret créées au sein de l’ARC asbl. Un travail collectif de création dans le respect de la personnalité de chacun. Au départ, je n’ai fait que mettre en musique et interpréter le poème Obsession de Baudelaire. Puis, un peu plus. Pour notre dernier spectacle, à la Chandeleur 2024, ayant constaté qu’un des partenaires, Yves Nollet, était également contrebassiste, j’ai osé proposer : « Et si on faisait un duo de contrebasses ? ». C’était une idée un peu folle : aucun de nous deux n'est un virtuose de cet instrument difficile. Mais nous nous sommes lancés dans l’aventure, en incluant ce duo dans un sketch lié aux trains qui passent (ou non) qui convertit ce duo en un (pseudo) duel ! Cela a surtout transformé notre échange musical en un véritable moment de plaisir, tant pour nous que pour le public, sans pourtant empêcher les fausses notes ! Ce sont celles-ci qui font que ce billet est publié sous la rubrique « Coup de blues » : comment est-il possible de prendre tant de plaisir à réaliser cette prestation alors qu’elle est si déplorable au niveau technique ? Bah, qu’à cela ne tienne, nous nous sommes bien amusés et pour moi, c’était la première fois que j’étais un contrebassiste au devant de la scène, partageant cet honneur avec un ami. Quelle chance !

dimanche 11 février 2024

Un joint ne vaut pas toujours mieux que deux tu l’auras

  

L’histoire sur laquelle se base ce billet n’a aucun intérêt intrinsèque. Elle est d’une banalité totale et je m’en excuse.
 
Lors de son dernier séjour chez moi, ma petite-fille Elise m’a signalé qu’il y avait une fuite au « WC d’en haut ». Je suis allé voir et j’ai constaté que lorsqu’on tirait la chasse d’eau, une bonne partie de cette dernière s’écoulait sur la cuvette et même par terre. N’allant personnellement dans ces toilettes que durant la nuit, sans allumer, je ne l’avais pas vu, mais ça ne m’étonnait pas. Bref, je me suis lancé dans le démontage, non sans difficulté. J’ai pu constater que le joint était sale et calcairisé. Nettoyage de celui-ci, remontage, essai, fuite encore plus grosse. Achat pour 3,49 € d’un nouveau joint, non identique au premier, redémontage, remontage, essai, fuite. J’ai fait ça plusieurs fois, toujours avec difficultés (espace de travail limité) et sans succès. Mon fils m’a dit de faire appel à quelqu’un, ce que j’ai fait, mais qui accepterait de se déplacer pour un aussi petit travail ? Je n’ai trouvé personne en tout cas.
 
J’étais totalement découragé. J’avais même envisagé de carrément remplacer cuvette et réservoir, mais ce n’était pas si simple et je déteste remplacer quelque chose qui peut encore fonctionner. Bref, je me suis lancé dans un dernier essai, en utilisant cette fois les deux joints superposés. Miracle : l’essai fut positif, pas une goutte d’eau ne fuyait. Depuis lors, c’est toujours le cas, même si je me dis qu’un jour ou l’autre la fuite réapparaîtra, inéluctablement. Mais profitons du présent, même s’il est éphémère.
 
Ça fait d’ailleurs une première leçon de cette histoire : profitons du présent, même s’il est éphémère. En réalité, il n’est même pas vraiment éphémère. Il est toujours déjà passé. Le présent est sans doute la seule chose qui existe alors même qu’elle n’existe déjà plus. Raison de plus d’en profiter.
 
Mon histoire quelconque est un beau contre-exemple de l’adage bien connu, issu de la fable de La Fontaine Le petit poisson et le pêcheur : « Un joint vaut mieux que deux tu l’auras ». Ici, tant que les joints étaient seuls, je n’arrivais à rien. Il a suffi que je les associe pour que ça fonctionne. C’est assez logique, un joint sert à réunir, s’il y en a deux, la réunion ne sera que plus forte. Unissons nos joints !
 
La conclusion principale est cependant ailleurs. Même au moment où tu crois que tu n’y arriveras pas, tu peux le faire. En anglais, « Yes, you can » comme je l’ai déjà développé en son temps à partir d’une autre histoire. Ici, je n’y croyais vraiment plus et je ne trouvais personne pour m’aider. Alors, par désespoir en réalité, je me suis dit « Essaie encore, d’une manière que tu n’as pas utilisée ». Et ça a marché. Je ne dis pas qu’on peut tout faire. Je veux dire qu’on peut faire ce dont on se sent capable, même si sur le moment il y a des tas de raisons de se dire que cela n’aboutira pas. Essayer une dernière fois est la seule manière d’y arriver. Ou autrement dit : « Si tu n’essaies pas, tu n’y arrives pas » !
 
J’en resterai là.

mercredi 24 janvier 2024

Être juive…

 

Le hasard – auquel je ne crois pas trop – m’a amené ces derniers mois à lire des livres mettant en scène des Juifs, ou plutôt des Juives. J’avoue ne pas bien connaître le Judaïsme et ces lectures sont à ce titre intéressantes. Elles m’interpellent aussi dans le contexte actuel d’une guerre absurde et meurtrière que certains essaient de présenter comme l’indispensable protection et défense des Juifs, alors qu’elle est plutôt une histoire d’agressions entre habitants d’un même pays appartenant à des communautés différentes. Ou sans doute plutôt d’un même territoire composé de deux États.
 
Mais parlons de ces trois livres, tous écrits par une femme.
 
Le premier que j’ai lu est une autobiographie, L’amour après, de Marceline Loridan-Ivens. Une femme extraordinaire, rescapée de la Shoah, grande amie de Simone Veil, elle a passé sa vie à faire la fête n’en faisant qu’à sa tête. C’est ce qu’elle raconte dans ce livre qui va beaucoup plus loin que ça. Elle n’était pas vraiment une juive orthodoxe, mais ses confidences témoignent de sa lutte contre l’absurdité, notamment celle de l’antisémitisme.
 
Le deuxième livre est un « roman vrai », La carte postale, d’Anne Berest. À partir d’une énigmatique carte postale, l’auteure part à la recherche de l’histoire de ses aïeux morts en déportation. Histoire captivante où l’on sent toute la difficulté de vivre normalement quand on est juif, même si ce n’est pas une priorité personnelle.
 
Enfin, je suis occupé à lire Vivre avec nos morts, de Delphine Horvilleur. Rabbine de son état, elle a prononcé l’oraison funèbre de nombreuses personnes, dont celle de Marceline Loridan-Ivens. Ce livre m’a été offert par un ami soucieux de mon bien-être, et je l’en remercie. J’ai hésité à le lire parce qu’aujourd’hui, mon objectif est avant tout de vivre avec les vivants. Finalement, je m’y suis lancé, sans regret. J’y découvre surtout la compréhension juive de la vie et de la mort.
 
Ces trois livres, les histoires de ces trois femmes, sont bien différents l’un de l’autre. Pourtant, ils parlent de la même chose : du judaïsme. Moi qui suis chrétien de naissance, mais agnostique positif de conviction, j’avoue ne pas adhérer plus à cette religion, mais j’y découvre – grâce à ces livres – une approche profondément humaine et respectueuse de la vie et des humains.
 
Cette découverte ne m’étonne pas. Même si depuis la nuit des temps, certains s’obstinent à utiliser les religions pour faire la guerre, celles-ci sont toutes plutôt orientées vers le respect mutuel, vers l’amour, vers la paix. Sans entrer dans une quelconque polémique, dans la crise actuelle autour de la bande de Gaza, ce n’est en réalité pas un conflit entre Juifs et Musulmans. D’un côté, il y a Israël, un État créé le 14 mai 1948, après le vote par l’ONU du plan de partage de la Palestine. Et de l’autre, il y a l’État arabe issu de ce partage rejeté dès le départ par la quasi-totalité des dirigeants de la communauté palestinienne. Depuis lors, ceux-là ne s’entendent pas, et ça fait du grabuge. Des milliers de morts inutiles, d’un côté comme de l’autre. Et totalement incompréhensibles quand on connaît un peu mieux les fondements du Judaïsme comme de l’Islam.