jeudi 27 novembre 2008

Pas encore pour maintenant

Stephen est mon ami. Nous avons quasiment le même âge (une vingtaine de jours nous séparent). Nous avons fait nos études d’instituteur ensemble. Nous avons habité ensemble. Nous avons été en vacances ensemble. Nous avons commencé à travailler ensemble. Nous avons travaillé pendant des années dans la même école. Nous avons passé des tas de bons moments ensemble. Quand j’ai changé de métier, nos chemins se sont un peu séparés, mais Stephen reste quelqu’un pour moi.

Dans quelques semaines, Stephen prendra sa préretraite. 30 ans de carrière. 55ans. Ça suffit en Belgique pour arrêter de travailler quand on est enseignant. Stephen va prendre sa préretraite et j’avoue que ça me fout un coup de blues.

Si je n’étais pas parti dans une autre direction, nous pourrions fêter une double préretraite. Ça m’aurait bien plu de fêter ça avec lui. Mais ma carrière se déroule désormais dans le privé, et je devrai attendre mes 65 ans pour partir à la retraite. Bon, j’avoue, à partir de 60 ans, je pourrais arrêter, mais avec une pension diminuée.

En réalité, je ne me sens pas prêt à arrêter tout. Et je crois que le jour où je prendrai ma retraite, il ne me faudra pas plus d’une semaine pour me dire « Bon, qu’est-ce que je fais maintenant ? ». Il n’empêche, je commence quand même à ressentir plus difficilement les contraintes du travail. J’aime mon métier et j’y fais des choses extraordinaires. J’y rencontre des personnes lumineuses. J’y découvre à chaque instant de nouveaux horizons. Ce qui me pèse, c’est le côté forcé du travail. Il faut aller travailler. Il faut faire des choses que je n’ai pas envie de faire. Il faut se battre contre soi-même pour animer un groupe difficile ou décrocher un client. Il faut aller au turbin tous les jours. Il faut se lever le matin. Ces contraintes font partie de la vie professionnelle. Elles m’ont très peu pesé jusqu’à présent. Mais je sens bien que ça commence.

Et dire que Stephen, lui, va voir les choses autrement. Tant mieux pour lui. Tant pis pour moi. Enfin, pas tout à fait tant pis : je le redis, j’aime mon métier et je continuerai à m’y investir avec enthousiasme. Mais quand même…

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