mercredi 3 juillet 2013

Juste Belge, ni monarchiste ni républicain

Charles Ier Stuart © 1636 – Anthonis van Dyck

Avec Albert II qui a – enfin – officialisé son abdication, on voit et on verra refleurir les arguments en faveur de la monarchie et, plus souvent, en faveur de la république. Personnellement, je n’ai pas de religion à cet égard. Je pense qu’il y a de très bonnes monarchies comme de très mauvaises… et il suffit de remplacer le mot « monarchies » par « républiques » pour dire une autre vérité.

Certes, les Présidents de républiques trouvent (habituellement) leur légitimité dans un vote du peuple qui pourra, lors de l’élection suivante, révoquer ou confirmer son choix. C’est un élément fondamental, tant la principale caractéristique de la démocratie est l’alternance.

Celle-ci est difficile avec une monarchie. Cela ne signifie cependant pas qu’elle n’a pas été choisie par le peuple. La monarchie belge résulte d’un choix populaire. Il date évidemment de 1831, mais c’est néanmoins un choix. En d’autres termes, les rois belges ne tiennent nullement leur légitimité d’un droit divin, mais du droit populaire. Même si effectivement, on devient roi parce qu’on est né dans la « bonne » famille !

Est-ce un véritable problème ? Tout dépend du pouvoir du roi. On n’en est plus à la monarchie absolue. La monarchie belge est « constitutionnelle », ce qui veut dire que si le roi est bien le chef de l’État, ce n’est pas lui qui le dirige. Le pouvoir est bien dans les mains du gouvernement, dirigé par le Premier ministre. Ce gouvernement dispose d’une majorité parlementaire, avec des députés directement élus par le peuple. À la différence d’autres monarchies, la nôtre n’est pas « protocolaire », limitée seulement au protocole. Le roi a un certain pouvoir qui se manifeste principalement lors de la constitution du gouvernement. Non pas que ce soit le roi qui choisisse celui-ci, mais c’est lui qui décide – sur la base des élections et des négociations – celui qui le formera. C’est un réel pouvoir qui va au-delà de l’influence, mais au bout du compte, c’est quand même la majorité parlementaire, démocratiquement élue, qui prend les réelles décisions.

À quoi sert le roi alors ? Pas à grand chose. Mais il a une fonction symbolique importante. Il est le Roi des Belges (et non pas de la Belgique). Cela signifie qu’il est censé être le roi de tous et toutes, sans discrimination. Dans notre pays où les tensions communautaires sont aussi puissantes que complexes, ce n’est pas rien. Admettons que la Belgique – dans sa structure actuelle – devienne une République. Le Président élu serait inévitablement flamand puisque la majorité des Belges sont flamands. À vrai dire, je ne vois pas qui, dans le paysage politique actuel, pourrait obtenir une majorité de votes et être reconnu par suffisamment de personnes pour être le légitime chef de l’État. En d’autres termes, si la Belgique reste unie, il n’est vraisemblablement pas possible d’élire un Président. Alors, en attendant, le roi fait l’affaire et ne pose finalement pas tellement de problèmes.

Son rôle pourrait évoluer, certes, dans une direction plus protocolaire. La question serait alors de savoir qui, et comment, jouerait le rôle d’« aiguilleur » après des élections, dans la mesure où notre système de vote proportionnel ne peut déboucher que sur des majorités hybrides. On pourrait évidemment passer à un vote majoritaire, comme en France. Mais cela n’apporterait pas de solution à la situation belge, que du contraire. Et je ne suis pas sûr que ce soit un système plus démocratique.

Bref, c’est plus par raison que par conviction que j’estime que la monarchie constitutionnelle est le régime qui convient le mieux à la Belgique. Du moins dans sa structure actuelle, qui me semble la plus adaptée à notre réalité, même si l’évolution vers plus d’autonomie des communautés et des régions est inéluctable.

Albert II fut un bon roi, dans tous les sens de l’expression. Qu’en sera-t-il avec son fils Philippe ? Personne ne peut le savoir. Je ne vois en tout cas pas trop l’intérêt d’avoir des a priori négatifs. Comme on dit, la fonction fait l’homme. Ce n’est pas elle ni lui qui empêcheront la Belgique d’évoluer ni d’exister. Les problèmes auxquels celle-ci est confrontée ne sont pas ces questions de régime. Les solutions que les Belges attendent concernent les réalités sociales, économiques, professionnelles. Les enjeux ne manquent pas. Allons à l’essentiel !

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