samedi 19 mai 2012

La maladie


Il suffit de la maladie d’un ami pour se poser de nombreuses questions sur le sens des maladies et de la souffrance. On ne se pose ces questions que parce que c’est un « ami ». S’il était plus que ça, un époux, un enfant, un frère…, on ne se poserait sans doute pas ces questions. On n’en aurait pas le temps, pris dans la danse infernale des soins. Mais quand « ce n’est qu’un ami » et que de plus il est loin, la seule chose qu’on puisse vraiment faire, c’est se poser des questions…

Pourquoi quelqu’un de relativement jeune se trouve-t-il embarqué dans une histoire difficile qu’il n’a pas voulue, pas cherchée ? Pourquoi ses proches sont-ils confrontés brusquement aux questions sans réponse, à l’angoisse du moment qui suivra sans savoir de quoi celui-ci sera fait, à cette dépense d’énergie évidente mais prenante pour adoucir les moments de celui qu’ils aiment… ? Pourquoi lui, pourquoi maintenant, pourquoi comme ça… ?

Ces questions n’ont sans doute pas de réelle réponse. Elles sont légitimes, mais n’ont pas de fondement. C’est comme ça, un point c’est tout ! Et il faut « faire avec », en utilisant toutes les maigres ressources que la médecine moderne possède.

Toute maladie a sans doute du sens. Mais celui-ci n’existe qu’après. Quand on relit la maladie, quand on regarde ce qu’elle a pu nous apporter ou nous enlever. Parfois alors, on peut y trouver du sens.

Inutile de chercher celui-ci du côté de Dieu. Je ne sais toujours pas s’il existe. Comment pourrais-je le savoir ? Mais même s’il existe, je suis profondément convaincu qu’il n’a rien à voir avec la maladie. Cette dernière existe par elle-même. Elle n’a pas besoin d’un instigateur divin ! Pourquoi d’ailleurs Dieu interviendrait-il d’une quelconque manière dans l’existence d’une maladie ? Ce serait contraire au sens même de Dieu. Certains diront, croiront qu’il peut intervenir sur la maladie. Je n’y crois pas trop, tout en me disant « Pourquoi pas ? ». Mais même s’il pouvait intervenir, il ne serait en rien responsable de la maladie. L’homme est fragile. Il est à la merci de n’importe quelle maladie, de n’importe quel accident, à n’importe quel moment. Dieu n’a rien à voir là-dedans.

Alors, plutôt que de chercher un sens improbable, il faut sans doute d’abord accepter, et puis lutter. Accepter que c’est ainsi. Lutter pour qu’il en soit autrement. La maladie n’a pas de sens, mais peut-être révèle-t-elle parfois le sens de la vie : créer un peu de lumière ?

2 commentaires:

  1. Je me sens profondément concernée par ton billet, puisque cet ami c'est aussi mon ami.
    De mon côté, je crois que je ne me pose pas de questions sur le sens de cette maladie. Je me pose des questions sur la maladie elle-même, que je ne connaissais que très peu, et je me renseigne.
    Pour le reste, je suis affligée, et à la fois je pleure et j'espère. Et j'essaie d'être présente, même à distance.

    Tu écris :
    Toute maladie a sans doute du sens. Mais celui-ci n’existe qu’après. Quand on relit la maladie, quand on regarde ce qu’elle a pu nous apporter ou nous enlever. Parfois alors, on peut y trouver du sens.

    Je souscris totalement. Parce que c'est ce que j'ai vécu moi-même dans ma propre maladie. Sur le moment je n'y ai rien compris, je souffrais, c'est tout. Je n'avais pas vraiment de révolte, seulement la nécessité de lutter contre l'envie de mourir tellement la souffrance était insupportable. Je sais que j'ai tenu pour mes enfants. Pour eux, je n'avais pas le droit de mourir. pas le droit, même si j'étais tentée d'en finir, et bien souvent.

    Le sens, je ne l'ai trouvé qu'après. J'avais cette chance de pouvoir vivre toute ma maladie dans la foi. Je n'étais pas seule, j'avais cet accompagnement. Je ne pouvais pas comprendre s'il y avait une volonté de Dieu dans tout ça, c'était trop extrême, mais j'avais un secours dans le Christ en croix. Vraiment. Je savais que lui comprenait tout, que passé par l'extrême de la souffrance, il pouvait porter toute ma souffrance avec moi. C'était un secours inestimable.

    Et des années après, le sens que je peux trouver au plus noir des moments de ma maladie, c'est une capacité d'empathie. J'y ai gagné ça. Et je crois que ce n'est pas rien.

    De toutes nos forces aux côtés de notre ami commun et de ceux qui l'aiment, qu'il aime.

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  2. Merci pour vos messages qui me touchent infiniment...
    Cela dépend de chacun, mais oui, quand on est proche, on se pose aussi des questions sur le sens de la maladie. On ne trouve pas forcément les réponses, mais ça aide à ouvrir l'horizon de l'après... Car je suis sûre d'une chose : la maladie change la manière de voir la vie. Et l'amour. Tout cela s'en trouve décuplé.

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