L'herbe est verte, mais les souliers sont rouges. Rouges comme les braises, comme le vin, comme la croix, comme le poisson, comme la viande, comme la rose, comme le sang, comme le foulard, comme les lèvres. Rouges comme la vie.
Croque la vie. Ces souliers ne sont qu’une imitation des originaux, mais je m’en fous. Je les ai vus un jour sur un marché, pour un prix défiant toute concurrence. C’est à peine si on ne me les donnait pas. Comment aurais-je pu résister ? L’appel de la vie était le plus fort !
Dès le premier instant d’enchâssement, ce fut l’éden. Quel confort. Quelle légèreté. Quelle souplesse. On se prélasse vraiment dans ces chausses. Ce n’est plus une semelle, mais un coussin de confort.
J’avoue ne pas encore être allé travailler ainsi chaussé. Je ne crois pas que je le ferai. Je me demande même si je suis jamais sorti de chez moi pour aller dans le monde réel avec mes croque la vie. Est-ce une peur, absurde sans doute, que la vie me croque parce que je ne serais pas tout à fait dans les normes ?
Qu’importe… Quand je les ai aux pieds, je me sens bien. Ça, c’est important. D’aucuns trouveront sans doute ce billet bien léger et anodin. Il l’est vraisemblablement. Pourtant, quand on y pense, il ne l’est pas tout à fait. J’ai écrit par ailleurs, il n’y a pas longtemps, que c’est en se disant que tout est toujours possible que de nombreux défis le deviennent. Voilà une démarche bien cérébrale. Alors, se dire qu’un peu de bonheur peut aussi venir par les pieds et par la maison qu’on leur donne, ce n’est pas inintéressant.
Ça confirme en tout cas ce que Prévert a écrit dans son merveilleux poème Dans ma maison :
…
C'est très intelligent les pieds
Ils vous emmènent très loin
Quand vous voulez aller très loin
Et puis quand vous ne voulez pas sortir
Ils restent là ils vous tiennent compagnie
Et quand il y a de la musique ils dansent
On ne peut pas danser sans eux
Il faut être bête comme l'homme l'est souvent
Pour dire des choses aussi bêtes
Que bête comme ses pieds gai comme un pinson
Le pinson n'est pas gai
Il est seulement gai quand il est gai
Et triste quand il est triste ou ni gai ni triste
…
C'est très intelligent les pieds
Ils vous emmènent très loin
Quand vous voulez aller très loin
Et puis quand vous ne voulez pas sortir
Ils restent là ils vous tiennent compagnie
Et quand il y a de la musique ils dansent
On ne peut pas danser sans eux
Il faut être bête comme l'homme l'est souvent
Pour dire des choses aussi bêtes
Que bête comme ses pieds gai comme un pinson
Le pinson n'est pas gai
Il est seulement gai quand il est gai
Et triste quand il est triste ou ni gai ni triste
…
Le pied quoi !
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C'est vrai qu'avec de telles chausses, François-Marie ne laisse personne indifférent.
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