En Belgique comme en France, se développent de plus en plus des initiatives visant à apporter un soutien scolaire aux élèves de nos écoles. Sauf que cela ne se passe pas dans l’école, mais en dehors des heures scolaires et contre monnaie trébuchante, que ce soit par la formule classique des cours particuliers ou par des séances de « coaching scolaire » ou encore des sites internet censés aider les jeunes à faire leurs devoirs ou à réaliser des activités de renforcement.
Toutes ces formules ont peut-être une certaine efficacité, et il faut l’espérer. Mais elles sont surtout un immense constat d’échec de l’école elle-même. Bien plus, elles sont l’aveu de l’incapacité de celle-ci à remplir sa fonction, à savoir instruire les enfants.
Le plus grave est d’ailleurs que les enseignants sont les premiers à mettre en avant le besoin d’un soutien extérieur pour certains élèves, sciant ainsi la branche sur laquelle ils sont assis. Comment accorder du crédit à des professionnels qui déclarent qu’il faut chercher ailleurs les moyens de remplir leur fonction première ? Il y a là une autodévalorisation assez incompréhensible, sauf bien sûr si cette attitude permet in fine d’arrondir les fins de mois des enseignants…
Cette externalisation des apprentissages est une dérive dangereuse. On est dans un système où l’enseignement ne devient qu’une garderie. Bien sûr, des élèves n’ont pas besoin d’une aide extérieure et réussissent à apprendre à l’école. En réalité, on est en droit de se demander si ces élèves-là n’apprendraient pas tout autant s’ils n’allaient pas à l’école. En d’autres termes, ils n’auraient pas réellement besoin de celle-ci, même si c’est elle qui actuellement leur fournit un cadre d’apprentissage.
Le véritable public-cible de l’école devrait être les élèves qui ne s’en sortent pas, qui ont des difficultés pour apprendre, qui ne savent pas comment faire, qui ne comprennent pas du premier coup, qui ne sont pas très motivés… Au lieu de simplement constater l’échec de leur enseignement, que ce soit par le redoublement ou par l’externalisation du soutien scolaire, les enseignants ne devraient-ils pas relever le véritable défi qui se pose à eux ? N’est-ce pas leur obligation ?
Certains enseignants – la majorité sans doute – font bien sûr convenablement leur boulot. Cela ne signifie pas qu’ils réussissent nécessairement à ce que leurs élèves apprennent convenablement et atteignent le niveau désiré. La réussite scolaire est complexe et liée à différentes composantes de type socioéconomique, organisationnel, pédagogique et personnel. Cette complexité est évidente et il serait naïf de penser qu’il suffit de… N’empêche, la situation actuelle d’externalisation risque de conduire à une privatisation de l’école, le « savoir » devenant une marchandise comme une autre que les plus nantis peuvent s’offrir pendant que les autres n’ont qu’à se débrouiller tout seuls. Avec cette crise qui s’installe, n’est-il pas temps de réagir au niveau de ce qui constitue, ou devrait constituer du moins, le premier bien commun : l’accès au savoir ?
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