Il y a un certain temps que je n’ai plus parlé de Madagascar. Il faut dire qu’on n’en parle pas beaucoup en Europe. Tout au plus peut-on parfois lire un entrefilet de cinq ou six lignes annonçant occasionnellement un nouvel accord.
Pourtant, depuis le début de l’année 2009, il n’y a plus d’accord dans ce pays. Aujourd’hui, grâce à Internet, il est possible de se tenir informé en temps réel à propos d’un pays aussi isolé et éloigné que Madagascar. J’ai principalement deux sources d’information : les sites Sobika et Madagascar Tribune. Je vous conseille d’y jeter un coup d’œil pour vous faire une idée de l’ampleur du désastre.
Car désastre, il y a. Depuis dix mois, le combat des coqs continue, en se moquant pas mal du peuple. Ils étaient 2 coqs au départ. Ils sont désormais à 4 mouvances, et parfois au sein d’une d’entre elles, ils parviennent encore à se disputer. Aujourd’hui, Madagascar a le grand bonheur de disposer de 2 Présidents et de 3 Premiers ministres ! Pendant ce temps, quasiment rien ne bouge pour le peuple. Au contraire, le peuple malgache – aussi merveilleux soit-il – passe de plus en plus d’un état de précarité extrême à un état de précarité… insupportable.
Les autorités – les mouvances - s’assoient périodiquement pour essayer de trouver un accord. Elles le feront encore normalement bientôt, à Addis Abbeba, début novembre. La probabilité de déboucher sur un accord est réduite à sa plus simple expression. Celui-ci ne serait possible que si les coqs acceptaient de s’effacer. Il ne faut pas rêver.
Pendant ce temps-là, les affaires publiques ne peuvent fonctionner que de manière bien imparfaite. Engagé depuis 5 ans dans l’accompagnement d’un projet autour de l’évaluation des acquis scolaires des enfants malgaches, je devais exécuter une nouvelle mission afin de tirer les leçons de la passation du dernier CEPE, en juillet 2009, et de dégager de nouvelles pistes d’action et de formation.
Une telle mission n’avait plus de sens : les nouvelles « autorités » placent leurs gens par-ci par-là, et aujourd’hui les personnes en charge de ce dispositif important, que ce soit au niveau central ou au niveau régional, ont été remplacées par d’autres personnes, qui ne connaissent rien ni aux procédures en vigueur ni – a fortiori – aux projets d’amélioration de la qualité.
Cette situation n’est qu’un exemple de la déliquescence générale qui prévaut désormais dans ce pays. On est en train d’y perdre toutes les connaissances emmagasinées au fil du temps. Je suis convaincu que chaque personne qui se retrouve parachutée dans une nouvelle fonction essaye de l’exécuter de la meilleure manière. La conscience professionnelle malgache est générale et élevée. Mais comment être compétent quand on n’y a pas été préparé, quand la structure ne peut accompagner les démarches à exécuter, quand les autorités sont gentiment assises dans leurs sacro-saintes voitures témoins de leurs soi-disant pouvoirs ?
Pendant ce temps-là, la vie continue… et les espoirs de toute une nation s’envolent au gré des illusions de leurs « responsables » politiques !
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