dimanche 10 juin 2007

Papa

Être père. Créer la vie. Pour la libérer, la conduire vers la liberté.

Un père adopte toujours ses enfants. Sa participation physique à leur création est très limitée : une seconde de plaisir face aux 9 mois de portée de la mère et ses quelques heures de souffrance pour la délivrance. Quel gouffre de différence !

Alors, quand l’enfant est là, le père le regarde pour la première fois, il le voit, le sent, le caresse et, un jour peut-être, l’adopte : tu es mon enfant, je suis ton père, nous avons un bout de chemin à faire ensemble vers le bonheur, vers la maîtrise de soi, vers la liberté, vers les autres…

Pour mon père, mais aussi pour tous les pères du monde…

T’avais 25 ans en l’an 40
T’avais rencontré la femme de ta vie
Tu t’apprêtais à la surprendre
À l’emmener en blanc à la mairie
T’avais pas prévu qu’il y aurait la guerre
Que tu partirais défendre ton pays
Pour te retrouver prisonnier de guerre
En captivité 5 ans de ta vie
Pendant tout ce temps il t’a fallu survivre
Continuer à croire aux vertus de l’amour
Veiller à ne pas partir à la dérive
Pour exister le jour du grand retour

Et t’es revenu pour épouser ta belle
Faire comme si rien ne s’était passé
T’as fait des enfants en restant fidèle
À celle dont l’amour avait pu te conserver
C’est en silence que tu as encaissé
De voir ton fils devenir immobile
Réduit à rester à jamais allongé
Par la simple faute d’une automobile
T’as connu l’horreur de le voir partir
Vers la mort indicible qui réduit au néant
T’as dû chercher d’autres raisons de vivre
L’homme n’est pas fait pour survivre à son enfant

Et quand tu as pu enfin te reposer
Tu fus victime d’un bête caillot de sang
Qui vint réduire ta motricité
Mais sans t’empêcher de marcher vers les gens
Toi qui m’as fait découvrir la musique
Celle qui enchante les oreilles
Il a fallu que les tiennes abdiquent
T’enfermant dans un monde qui n’est pas pareil
Et t’as maintenant plus de nonante ans
Tu vis dans ton rêve qu’enfin on te libère
En riant parfois avec tes petits enfants
Toi qui seras pour toujours mon père

On ne s’est pas souvent parlé
Ça n’se fait pas d’montrer ses sentiments
Mais sache que ta plus grande liberté
Est d’avoir pu y éduquer tes enfants
T’avais 25 ans en l’an 40
T’as rencontré la femme de ta vie
T’as réussi à la surprendre
À l’emmener en blanc à la mairie

FMG © 2006

2 commentaires:

  1. On découvre depuis quelques années que le sentiment maternel n'a rien d'inné ou évident... alors que penser du sentiment paternel, encore plus mystérieux ?! Une adoption, peut-être, car tu parles d'une seconde de plaisir, mais enfin c'est surtout inconscient, alors que la mère, elle, par son corps ne peut oublier qu'elle devient mère ! Et le lien entre la grossesse et l'enfant, même pour un futur père concerné, présent, ça reste un peu irréel... Mais lorsque l'enfant est devant lui, il se passe un déclic, l'attachement se fait, c'est un miracle !

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  2. Avez-vous reconnu François-marie sur la photo ? Ne cherchez pas trop...c'est le plus mignon !!

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