jeudi 17 janvier 2008

Le livre et la torture

FMG © 2007

On peut ne plus vouloir écrire. Même quand on aime ça. Ce n’est pas nécessairement un manque d’inspiration. Comme disait Jack London « On ne peut pas attendre que l’inspiration vienne. Il faut courir après avec une massue. ». Mais on peut se trouver dans un état d’esprit qui fait qu’écrire devient un poids. Dans ces moments-là, ne pas écrire est la seule manière de se protéger de cet autre coup de massue.

Ce peut être tout simplement parce qu’on a trop écrit, voire qu’on a été obligé de trop écrire. Mine de rien, même quand on aime ça, même quand les mots s’enchaînent assez facilement l’un après l’autre, écrire demande toujours une dose d’énergie relativement importante. Avec en plus, chaque fois, cette angoisse d’écrire n’importe quoi.

S’il y a bien un acte qui doit être libre, c’est celui d’écrire. Un droit fondamental de tout individu est d’écrire ou de ne pas écrire. Bien sûr, il y a des professionnels de l’écriture, romanciers, journalistes, essayistes, et autres blogueurs impénitents. Ils devraient aussi avoir le droit – parfois – de ne pas écrire, de se taire. Le droit de se taire est sans doute tout aussi important que celui de s’exprimer. Mais quand on a pris l’habitude de lire quelqu’un, il est quelquefois difficile de comprendre et d’accepter que le plus simplement du monde, il n’écrive plus. Et si l’acte d’écrire était devenu – ne fut-ce que provisoirement – un acte de torture ?

On peut ne plus vouloir écrire. C’est un droit. J’en suis convaincu. A-t-on le droit de ne plus communiquer ? En réalité, j’en doute. La communication n’est-elle pas l’acte fondamental qui nous fait homme ? Peut-on être humain sans communiquer ? Je ne crois pas. Qu’importe qu’on veuille écrire ou non, tant qu’on communique. Je suis sans doute naïf en écrivant cela… encore cette angoisse d’écrire n’importe quoi !

Je n’avais pas envie d’écrire. J’ai écrit. Sans doute n’importe quoi. Y ai-je gagné quelque chose ? Ai-je seulement communiqué de cette manière ? Il est des jours où non seulement on a le droit de se taire, mais où aussi et peut-être surtout on aurait le devoir de se taire.

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