dimanche 3 février 2008

Le temps, quête inutile ?

FMG © 2005

Il y a quelques années, un nouvel accès à l’autoroute a été construit à partir de Louvain-la-Neuve. J’avais estimé que ce raccourci me permettrait de gagner entre 20 à 30 secondes par trajet.

Dérisoire ! Mais nous étions en 1998-1999. L’année de ma mise à la retraite étant théoriquement 2019, j’allais donc pouvoir gagner ces 20 à 30 secondes pendant une vingtaine d’années. À raison d’environ 230 jours de travail par an – nombre bien théorique, surtout dans mon cas, mais il faut bien une base – j’allais donc pouvoir gagner environ 115 000 secondes, soit un peu moins de 2000 minutes, ou environ 33 heures. Presque une semaine de travail ! Ou plutôt, une semaine de congé supplémentaire !

Je me souviens avoir à l’époque partagé mon enthousiasme avec un collègue tunisien. Il m’avait regardé avec un air très étonné – conformément à la sentence africaine bien connue « Vous avez vos montres, mais nous avons le temps ! » – mais néanmoins très intéressé. À côté de ses tâches pédagogiques, il écrivait quelques articles pour la presse locale et était ravi d’avoir un exemple concret pour montrer à ses lecteurs les différentes manières d’appréhender le temps !

Nous ne sommes pas encore en 2019, et – après 10 années – je ne suis pas sûr d’avoir vraiment gagné une demi-semaine de congé. Quand bien même serait-ce le cas, aurais-je vraiment gagné quelque chose ?

J’ai plutôt l’impression d’être compressé en permanence par le temps. Inexorablement. J’adore ce mot : inexorablement… Je le sens résonner de tout son sens. S’il y a bien quelque chose auquel il peut s’appliquer, c’est le temps. Le temps qui défile, sans jamais s’arrêter, sans jamais reculer, sans jamais se reposer. Inexorablement. Vouloir le retarder ou vouloir le gagner ne peuvent être que des illusions désespérantes.

Je n’ai pas l’impression d’avoir assez de temps pour faire tout ce que j’ai à faire, ou plutôt tout ce que je voudrais faire. Et pourtant, je n’ai pas l’impression non plus de prendre mon temps. Plutôt celle d’être pris par le temps. Est-ce que cela a du sens ?

« Le Temps n'a d'autre fonction que de se consumer : il brûle sans laisser de cendres. » (Elsa Triolet). Ne devrions-nous pas le laisser brûler à son rythme ? Peut-on espérer un jour avoir le temps d’avoir le temps ? Plutôt que de vouloir le vaincre, ne faut-il pas s’en libérer ? Ne plus y penser ? De toute façon, il s’écoulera bien sans nous.

2 commentaires:

  1. "Le temps mène la vie dure à ceux qui veulent le tuer !"(Prévert)
    Je ne sais pas ce que ça veut dire... mais c'est bien dit, non ?

    Le temps et nous c'est une histoire d'amour-haine sans fin...
    (ça c'est de moi).

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  2. Regarde ce qu'on m'offre aujourd'hui !

    "Performance

    sur une plage déserte un homme court contre le sablier, mais la plage n'en finit pas. L'homme a tout le temps devant lui, mais tout le temps c'est si loin..."

    (Jacques Prévert)

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