samedi 19 juillet 2008

Quatre mains

Quatre mains. Elles virevoltent, ralentissent, s’attardent, repartent en course folle, courent le long des muscles, se coordonnent, créent le mouvement, creusent la détente, ouvrent des chemins, se reposent, s’étiolent bientôt, disparaissent.

Quatre mains. Lancées dans des mouvements coordonnés. Pour l’harmonisation. Celle du corps… ou celle de l’esprit. Le cerveau est mis à dure contribution. Il ne peut plus gérer ces sollicitations multiples. Est-ce à gauche que le corps laisse étendre le mouvement ? Ou est-ce plutôt à droite que le mouvement rejoint la torpeur du corps ? Faut-il se concentrer sur l’impulsion au creux du dos ou sur cette pulsion au détour du cou ? Comment garder le contrôle de ces appels à la détente qui sont partout à la fois ? Faut-il encore garder le contrôle ? Ne plus penser. Accepter de se lâcher. Savoir que pendant un court moment, on n’est plus qu’un relâchement furtif, incapable de prouver son existence.

Quatre mains. Elles ne sont là que pour ça. Apporter un peu de détente en déconnectant le cerveau, impuissant à vérifier chaque appel. Les mains ne temporisent que rarement. C’est plus une cascade sautillante qu’un fleuve lézardant. Plus une accélération soutenue qu’un mouvement rectiligne uniforme. Plus un rêve incontrôlé qu’une réflexion illuminée.

Quatre mains. Au bout du voyage, elles s’esquivent. Aussi discrètement qu’elles sont venues. Le corps se retrouve inerte, mais serein. L’esprit reste déconnecté, mais étonnamment lucide. Le souci retrouve petit à petit son nid, mais a perdu beaucoup de son acuité. La clairvoyance interne mesure le chemin parcouru, sans crainte de celui qui est à parcourir.

Quatre mains. Trop rapidement parties. Ayant, pourtant, fait leur devoir et atteint leur horizon. Celui qui s’ouvre à d’autres univers, d’autres rêves, d’autres sensations. Un horizon de plénitude à contempler, mais aussi de vie à embraser.

Quatre mains.

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