dimanche 14 septembre 2008

Impossible justice

Le 12 avril 2006 eut lieu, dans le hall de la Gare Centrale de Bruxelles, le crime le plus stupide qui puisse exister : un jeune a tué à coups de couteau un autre jeune pour lui piquer son lecteur MP3. Ce crime atroce a suscité un grand émoi en Belgique, une grande solidarité qui s’est traduite une dizaine de jours plus tard, le 23 avril, par une grande marche silencieuse réunissant 80 000 personnes.

Ce lundi 15 septembre 2008 commencera le procès - devant la Cour d’assises - d’Adam, le meurtrier de Joe. Adam aurait pu tout aussi bien y être accompagné de Mariusz. Une seule certitude, ils étaient complices. Mais Mariusz était un peu plus jeune et sans doute un peu plus intelligent. Il put mieux se vendre et fut finalement jugé devant les juridictions de la jeunesse. Enfermé dans un IPPJ, il en sortira dans un an. Adam, lui, un peu plus âgé et n’ayant pu montrer un véritable remord, risque 30 ans de prison.

Les faits sont horribles. Et c’est avec raison que 80 000 personnes ont manifesté leur solidarité avec les parents de Joe et demandé que justice soit faite.

Mais quelle justice ? Joe ne reviendra plus. Il ne méritait pas ça, ni ses parents ni ses amis. L’application des lois en matière de protection de la jeunesse a entraîné une différence de traitements qui pose certes question. Assurément, c’était Adam qui tenait le couteau du crime. Probablement, était-ce Mariusz qui tenait l’intelligence du crime.

Les parents de Joe sont victimes. Ils ne reverront plus leur enfant et il n’y a pas de plus grande souffrance. Souffriront-ils moins si Adam est sévèrement condamné ? Souffriraient-ils moins si Mariusz était aujourd’hui à côté d’Adam pour rendre compte de leurs actes devant la justice ? Je n’en sais rien, mais je n’en suis pas convaincu. Cela leur appartient, malheureusement pour eux.

Quoi qu’il en soit, quelle justice notre société peut-elle apporter dans une telle situation ? Punir ? Il le faut, sans doute. Mais cela ne résout rien. Pas plus qu’une décision laxiste. Il faut être ferme tout en permettant une – improbable ? – prise de conscience de la part de ces jeunes assassins qui leur permettraient de se réinsérer, en (re)devenant des hommes. Est-ce possible ? N’est-ce pas qu’un doux rêve d’un idéaliste irréaliste ? Peut-être, mais c’est ce qu’il faudrait.

J’ose espérer et croire que la sérénité présidera les débats et que la lucidité éclairera les décisions. De toute façon, la situation est un gâchis lamentable. Faut-il accroître celui-ci ? Peut-on accorder le moindre crédit à des ouvertures d’espoir ? Suis-je tellement naïf de penser que la loi du talion – Œil pour œil, dent pour dent – n’est pas la loi d’une société civilisée ? Qui oserait l’affirmer ?

Les jurés, eux, devront trancher. En âme et conscience. Mais où sont l’âme et la conscience dans ces cas-là ? Quelle que soit la décision, il s’en trouvera pour la critiquer : pas assez sévère, trop rigoureuse… Justice sera faite. Quelle justice ?

1 commentaire:

  1. C'est devant ce genre de choses que ma faible raison tourne court. Que penser ? Où est la solution, une possible solution ?
    Vous avez raison, une fois de plus, quelle justice, pour les uns, pour les autres ?
    Je ne trouve décidément pas de réponse...

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