vendredi 29 janvier 2010

Quelles valeurs ?

À la suite des commentaires du billet précédent, je me suis demandé ce qui fait que finalement quelqu’un est perçu comme différent, comme étranger, bref comme intrus. C’est une question difficile, parce qu’il est sans doute impossible d’établir des généralités.

Dans de nombreuses discussions que j’ai eues à propos de cette question, il ressort finalement que tout tourne autour des valeurs. Un étranger serait quelqu’un avec qui on ne partage pas les mêmes valeurs.

Cette conception ne me semble pas absconde. Ayant pu voyager et travailler dans de nombreux pays, j’ai souvent été surpris de constater que je me sentais assez facilement soit « chez moi », soit « chez d’autres ». En analysant ce sentiment, j’ai pris conscience que j’étais plus à l’aise dans les pays de tradition chrétienne, où qu’ils soient dans le monde, que dans ceux relevant d’une autre tradition religieuse. S’il y a bien un domaine où les valeurs s’expriment, c’est dans le domaine religieux. Je suis donc prêt à croire qu’on se sent plus en harmonie avec les personnes qui partagent les mêmes valeurs que nous qu’avec celles qui se rattachent à d’autres valeurs. En disant cela, je ne veux surtout pas dire qu’il y a des valeurs qui seraient meilleures que d’autres. Je crois simplement qu’il y a des valeurs différentes. Lorsqu’elles se combinent en un tout cohérent, on arrive à une « culture ». Il y a donc des cultures différentes qui se réfèrent à des ensembles différents de valeurs.

La question est alors de savoir à quelles valeurs se réfère la culture à laquelle j’appartiens et qui se différencie de celle qui est perçue comme étrangère. Même si la question a déjà fait l’objet de nombreuses réflexions, elle n’est pas simple. Quand on essaie de faire émerger nos valeurs spécifiques, ne sommes-nous pas conduits à identifier des valeurs universelles ? Je n’en sais trop rien et j’aimerais que vous m’y aidiez. Finalement, quelles sont nos valeurs ?

J’aimerais beaucoup que vous donniez votre avis à ce propos, même si votre contribution se limitait à énoncer un nom de valeur.

Pour ne pas me contenter d’attendre, j’ai poursuivi ma réflexion. Il y a, selon moi, au moins deux valeurs qui caractérisent la société dans laquelle je vis. Ces deux valeurs sont d’ailleurs sans doute multiculturelles : la première se rattache vraisemblablement plus à la culture latine, alors que la deuxième est probablement plus anglo-saxonne ou germanique.

D’une part, il y a l’humanisme. Nous mettons l’homme au centre de nos préoccupations. L’homme est plus important que les systèmes. Cela conduit à un certain individualisme (la Déclaration des droits de l’homme est avant tout celle des droits des individus au détriment de ceux de la collectivité) et à un certain sécularisme (si c’est l’homme qui compte, il ne doit pas être régi par un pouvoir divin, même si cela n’exclut pas la Foi en un Dieu qui reconnaîtrait fondamentalement la place de l’homme).

D’autre part, il y a le pragmatisme. Il faut que les choses fonctionnent. On peut avoir les plus belles idées du monde, mais si elles ne permettent pas de faire tourner la machine humaine et/ou sociale, elles n’ont qu’un intérêt théorique. Ce qui compte, c’est que chacun trouve sa place dans un système qui avance et qui ne freine personne.

Ces deux valeurs, qui pourraient sembler contradictoires, ne le sont qu’en apparence. En réalité, je crois vraiment qu’elles caractérisent la société dans laquelle je vis (ce qui n’exclut évidemment pas qu’elles souffrent chacune, dans la réalité, de nombreuses exceptions).

Et selon vous, quelles sont nos valeurs ?

3 commentaires:

  1. On peut dire que tu pousses le débat vers le haut... mais je me suis un peu égaré en chemin lorsque, parlant de l'humanisme, tu as parlé du sécularisme. Et j'avoue ne pas être convaincu par le pragmatisme car je ne me reconnais pas dans la définition que tu en donnes, eput-être parce que je n'ai pas l'impression que le système dans lequel on vit soit un système qui avance et qui ne freine personne. Ou alors ai-je tort de rattacher ma réflexion au principe de classes sociales forcément inégalitaires.
    Le pire, c'est que je ne saurais absolument pas répondre à ta dernière question. Ai-je encore des valeurs ou sont-elles si enfouies qu'elles ne me viennent pas spontanément à l'esprit ?

    Franck

    RépondreSupprimer
  2. J'ai envie de dire, et cela suit ton humanisme sans doute, "liberté, égalité, fraternité" : même si ces valeurs sont loin d'être toujours appliquées, ce sont des valeurs à prôner pour pouvoir vivre ensemble, en respectant le bien-être individuel et collectif.
    Le respect d'autrui, de son intégrité physique et morale, la non-violence, pourraient être des valeurs importantes aussi.
    Le problème de toutes celles énoncées, y compris l'humanisme, c'est qu'elles sont généralement partagées, mais pas par tous ! Ou plus précisément, elles sont énoncées mais pas appliquées.
    Car d'autres valeurs sous-tendent notre société : l'ambition, le pouvoir, la loi du plus fort ou du "gagner plus"...
    Bon, je ne pense pas approfondir le sujet en disant cela ! Mais c'est ma réflexion du jour.
    Pour préciser ta réflexion, j'ajouterais qu'un système de valeurs n'est pas forcément une religion, ce peut être aussi une philosophie. Nous héritons autant des grands philosophes que des cultures religieuses. Il y a des religions sans dieu : le boudhisme par exemple. Et la laïcité a des valeurs.

    RépondreSupprimer
  3. Je n'ai pas encore essayé de synthétiser tout cela… Je ne le ferai d'ailleurs pas… et n'importe quel lecteur peut compléter la réflexion.

    Le pragmatisme est sans doute une valeur plus présente en Belgique qu'en France. Elle est en tout cas plus révélatrice du Nord. C'est intéressant à constater : dans de nombreux pays du Sud-Sud, j'ai pu constater que les Français n'étaient plus trop bien perçus. Ils préféraient les Belges… vraisemblablement pour leur pragmatisme. Ce qui compte, ce sont les résultats, pas les paroles.

    Il y a aussi bien sûr et malheureusement des valeurs "négatives". Je ne peux les nier. Je suis sans doute naïf, mais je ne crois pas que ce soient ces valeurs-là qui font avancer le monde. La soif du positif est toujours plus profonde.

    Je n'ai jamais dit qu'un système de valeurs était nécessairement une religion. Bien au contraire. C'est notamment le sens du sécularisme auquel j'adhère. Pour moi, la religion a sa place dans nos sociétés : celle de la religion ou de la spiritualité. Les choses concrètes sont d'un autre ordre. Elles se fondent sur des valeurs, mais celles-ci sont par définition multiples et plurielles. Le tout est de savoir lesquelles…

    RépondreSupprimer