Lance Armstrong est déchu. Il a triché, il a avoué, il est puni. Et pourtant, j’ose écrire : « Rendez-lui ses Tours, ses victoires, ses exploits ». Il a triché, c’est certain. Mais il a tout simplement triché comme les autres. Chaque jour apporte sa part de nouvelles informations sur les pratiques dopantes dans le cyclisme tout comme dans d’autres sports. Alors, arrêtons l’hypocrisie et acceptons que tous ceux – ou quasi tous ceux – qui gagnent sont d’une manière ou d’une autre préparés à le faire avec toutes les méthodes qui peuvent y contribuer.
Il semble maintenant évident que toutes les victoires au Tour de France, depuis 1991, ont été acquises avec l’aide de cette charmante Erythropoïétine, mieux connue sous le vocable EPO. 1991, c’est la première victoire de Miguel Indurain, avec l’aide du Docteur Conconi, celui qui – en 1984 déjà – avait construit de toute pièce l’incroyable record de l’heure de Francesco Moser.
De 1991 à 2012, cela fait 21 Tours. Dont 7 à l’actif de Lance Armstrong. Un tiers seulement. Mais tous les autres sentent tout autant ce souffre nauséabond. Indurain, Riis, Ullrich, Pantani, Pereiro, Contador, Sastre, Schleck, Evans, Wiggins… plus tous les autres qui ont fini dans les 10 premières places… et tous les autres qui, malgré l’aide médicale, n’ont pas pu atteindre le nirvana cycliste !
Les coureurs étaient-ils plus propres avant 1991 ? Difficile à dire, mais peu crédible. On peut évidemment l’espérer avec, par exemple, quelqu’un comme Lemond. Mais il est sans doute le seul à le savoir avec exactitude. Et encore, combien de coureurs n’ont-ils pas été aidés « à l’insu de leur plein gré » ? On peut remonter ainsi bien loin : le dopage n’est quand même pas une invention des années 80 ! Avant l’EPO, d’autres produits ou procédés ont sévi (et sévissent encore) : ACTH (synacthène), anti-inflammatoires, broncho-dilatateurs, corticoïdes, cannabis (THC), clenbuterol, compléments alimentaires, créatine, hémoglobine synthéthique ou animale, nandrolone, testostérone, transfusions sanguines… sans oublier le « pot belge » !
On sait aussi aujourd’hui qu’il ne suffit pas qu’un coureur – quel qu’il soit – nie fermement s’être dopé pour qu’il dise la vérité. Alors, il est plus simple de croire que, d’une manière ou d’une autre, ils y sont tous passés.
C’est là que je dis : « Rendez à Armstrong ses maillots jaunes ». Bien sûr, il a triché et menti. Sans doute plus et mieux que tous les autres ! Mais être le premier d’une bande de dopés, c’est toujours être le premier. Ses Tours, il ne les a pas obtenus dans un fauteuil. Il a pédalé, sué, souffert… Pourquoi serait-il plus coupable que tous les autres ?
En écrivant cela, je ne cherche pas à l’excuser, en aucune manière. Je constate simplement qu’il est pourri au pays des pourris. Si on voulait vraiment nettoyer l’histoire du Tour – et plus globalement du cyclisme, pour ne pas dire du sport professionnel en général – il faudrait effacer tous les palmarès… depuis que le Tour (ou le sport professionnel) existe ! Cela n’aurait évidemment aucun sens. Alors, gardons les palmarès, en sachant ce qu’ils signifient.
Et puis luttons encore et toujours contre le dopage. Ou alors légalisons-le, puisque de toute façon il continuera à exister. Ne soyons pas stupidement bisounours. Le dopage est un fait et un fléau. Pour l’éradiquer – pour autant que ce soit possible – il faut le voir tel quel : un fait et un fléau. C’est d’ailleurs sans doute dans le cyclisme qu’il est le plus considéré à ce niveau. Que la lutte continue.
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