Ainsi donc, hier soir, André-Mutien Léonard, archevêque de Belgique, a fait l’objet d’une manifestation musclée du groupe Femen belge. Le moins qu’on puisse dire est que cette intervention intempestive pose beaucoup de questions et que les réactions qu’on voit fuser sont souvent peu raisonnées et très affectives.
Ce Léonard, personnellement, je ne l’encaisse pas, comme je l’ai déjà écrit ici-même. Je ne l’encaisse pas, mais je lui reconnais une certaine cohérence. Par exemple, quand il apprend que le Pape François a été élu, il montre clairement que cela ne l’enchante pas ! Il a aussi un discours sur l’homosexualité fidèle à ce qu’il pense être la doctrine de l’Église. Il a récemment conseillé aux homosexuels l’abstinence et le célibat, en précisant que c’est ce qu’il dit quand il s’adresse à des chrétiens. On peut ne pas être d’accord avec lui, mais son discours est cohérent et – qu’on le veuille ou non – n’est nullement méprisant vis-à-vis des homosexuels, chrétiens ou non.
Bref, ce mardi soir, il avait accepté une invitation de l’Université libre de Bruxelles, pour participer à une conférence-débat intitulée : « Blasphème : offense ou liberté de s'exprimer », organisée par la Ligue pour l'abolition des lois réprimant le blasphème et le droit de s'exprimer librement (LABEL). On ne peut pas dire qu’il allait là en terrain conquis, bien au contraire. À nouveau, il était assez cohérent avec lui-même : c’est un intellectuel qui connaît les vertus du débat et acceptant donc celui-ci. Imaginait-il convaincre qui que ce soit dans cette assemblée où le libre-examen règne en maître ? J’en doute fort. Mais il était là pour partager et discuter.
Puis, les FEMEN sont arrivées. On voit sur la photo toute leur haine et leur violence. Léonard, tout aspergé d’eau, s’est réfugié dans ce qui semble être une prière. Quand on le voit comme ça, il me semble méchamment mettre en œuvre ce qu’a proposé ce doux révolutionnaire que fut Jésus : « Si on te frappe sur la joue droite, tends la joue gauche ! ». Une cohérence de plus ?
Du côté des Femen, rien que de la violence, de l’intolérance, du mépris. En quoi ont-elles fait avancer de quelques millimètres que ce soit la cause du féminisme, celle de la liberté de parole et de pensée, celle de la non-violence, celle du respect de la différence ? Elles ont voulu montrer qu’« en Belgique aussi, nous avons du panache », mais elles n’ont en réalité que démontrer le contraire : de l’esbroufe !
Je n’ai toujours pas plus de sympathie pour ce Léonard qui me semble déconnecté du monde d’aujourd’hui. Mais dans cet événement, il me semble quand même le plus cohérent… et aussi le plus efficace. La vanité de nos Femen belges les a fourvoyées dans une voie sans issue qui les laisse sans voix.
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