Quoique ! Cela dépend du contexte. Lorsqu’on publie un livre ou un article, il ne devrait – selon moi – y avoir aucune faute d’orthographe. C’est loin d’être évident et facile, je suis bien placé pour le savoir. D’autant plus que l’auteur ne peut pas tout maîtriser : dernièrement, j’ai publié un chapitre dans un livre scientifique. Quel ne fut pas mon effroi de constater la présence de fautes ! Retournant au texte que j’avais fourni, j’ai constaté que ces erreurs avaient été introduites par le dernier relecteur, sans le signaler à l’auteur, ce que je peux comprendre. En attendant, mon texte n’est pas criblé de fautes, mais toutes celles qu’il contient sont en trop ! Tout le monde, cependant, ne publie pas des livres ni des articles et cette exigence est donc très relative.
Par contre et quoi que certain(e)s puissent en penser, je n’accorde pas beaucoup d’importance aux (nombreuses) fautes qu’on peut voir sur Facebook ou autres réseaux sociaux. Il est vrai que j’en relève certaines. C’est peut-être à cause de cela que ma réputation de chasseur intransigeant de fautes s’est créée. En réalité, je n’ai que trois amis à qui je me permets, sans problème, de signaler parfois leurs errements : Bénédicte, Raphaël et Vanessa. Trois anciens élèves dont je n’ai jamais été – ne cherchez pas à comprendre, c’est comme ça – le professeur ! Parfois, il m’arrive aussi de poser une question de justesse à des ami(e)s dont je connais le souci orthographique. Tout cela, sans aucun jugement, à aucun moment !
En fait, l’orthographe n’est en soi pas un problème. On ne dira jamais rien de celui ou celle qui écrit sans faute, tout simplement parce qu’il n’y a rien à en dire. Par contre, on se posera parfois des questions face à une orthographe déficiente. Le problème n’est donc pas l’orthographe, mais le manque d’orthographe. Ou plutôt la présence de fautes (« un manque de… » n’est jamais un problème : c’est l’énoncé en négatif de la solution). La plupart du temps, ces fautes n’empêchent cependant pas la communication. On est bien d’accord, évidemment, que c’est elle qui importe.
Une orthographe bancale est cependant souvent interprétée – à tort ou à raison – comme un manque de culture ou de connaissances, un manque d'organisation et de structure de l’esprit, une faible capacité de concentration, du "je-m'en-foutisme", sans compter le manque de respect !
Émile-Auguste Chartier, philosophe plus connu sous le nom d’Alain, a écrit : « L’orthographe est de respect ; c’est une forme de politesse » ! On peut philosopher, mais je n’irais pas jusque là. Il y a de cela, mais la question est surtout technique : observer l’orthographe rend le travail du scripteur plus difficile, surtout quand elle est aussi complexe que l’orthographe française, mais cela rend tellement plus facile le travail du lecteur. Même s’il finit par comprendre, lire un texte écrit avec une orthographe douteuse est beaucoup plus difficile pour le lecteur qu’en absence de fautes. En effet, le lecteur d’un texte mal orthographié doit réinventer le sens en déchiffrant parfois signe par signe ce qui est écrit, alors qu’en présence d’une orthographe correcte, il ne doit que confirmer les hypothèses qu’il établit tout au long de sa lecture.
L’orthographe française est très complexe et difficile. Cette complexité est au service avant tout du lecteur, à l’inverse de celui qui écrit. C’est un peu la même chose avec l’écriture chinoise. Celle-ci est encore plus complexe : composée de petits dessins stylisés appelés "idéogrammes", il faut en connaître quelques milliers avant de comprendre ou d’écrire un texte simple. Néanmoins, des expériences réalisées dans les années 1970 (malgré mes recherches, je n’ai pas retrouvé les références) ont montré qu’il était possible, avec des enfants américains défavorisés en difficulté d’apprentissage de la lecture, de les relancer dans cet apprentissage en utilisant des idéogrammes chinois pour lire l’anglais ! Ceux-ci représentent en effet directement l’idée, le concept. Malgré la quantité de signes différents à mémoriser, il était plus facile à ces enfants de les décoder que d’assembler des lettres qui ne veulent, en soi, rien dire. Une fois les idéogrammes intégrés et respectés, il devient très facile de lire un texte en chinois. Par contre, pour l’écrire, c’est une autre affaire. C’est le même principe avec l’orthographe française : il n’est effectivement pas facile de la maîtriser – rares sont ceux qui peuvent vraiment certifier que c’est le cas en ce qui les concerne, et je n’en fais pas partie – mais la respecter facilite grandement le travail du lecteur. Écrire sans faute est donc effectivement une question de respect du lecteur.
Cette question ne peut en aucun cas devenir une justification à condamnation ou ostracisme. Ce n’est pas parce qu’on ne maîtrise pas toutes les subtilités orthographiques qu’on est pour autant stupide, demeuré ou méprisant. Cela me paraît d’une évidence évidente !
Cela dit, j’espère que ce texte ne contient pas de faute d’orthographe ! Je me sentirais quand même assez mal !
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