Voilà 12 ans que je roule en scooter. Pour mon plus grand bonheur. Je ne suis pas vraiment un motard, mais en optant pour ce type de véhicule, j’ai limité à leur strict minimum les files pour me rendre à Bruxelles et y circuler. Depuis que je suis pensionné, il faut bien reconnaître que je n’y allais plus très souvent et que j’ai délaissé naturellement et petit à petit mon scooter, au point d’envisager sérieusement de le revendre. Puis, il y eut le 12 décembre 2016.
C’était mon anniversaire. Depuis quelques jours, j’avais remarqué que mon scooter ne démarrait plus, la batterie n’étant pas suffisamment rechargée. Je ne sais pas pourquoi - signe du destin ? -, mais quelques tentatives de pallier ce déficit n’avaient pas fonctionné. Ayant relancé une nouvelle recharge dimanche soir, celle-ci semblait enfin produire ses effets. Lorsque je remis la batterie, démarrage au premier coup de démarreur. Il me restait à rouler quelques kilomètres pour parfaire la charge. Je suis donc parti en allant vers mon garagiste. Mon objectif était clairement d’aborder avec lui les différentes possibilités de revente. Pas de chance : il était fermé !
Je me décidai alors à rentrer par l’autoroute, tout en changeant d’avis à la dernière seconde : je rentrerais par de plus petites routes pour découvrir la région. Elle est très jolie et je suis passé par des coins charmants. Mais je dois bien avouer que je me suis rapidement perdu, ne sachant plus du tout où j’étais. Je ne m’inquiétais pas trop, car je savais intuitivement la direction à prendre.
Je finis par arriver sur une toute petite route en béton, traversant les champs. Très jolie. Je vis au loin que cette petite route rejoignait une route nationale et je me disais que je retrouverais ainsi sans problème mon chemin. Il faisait beau, plein soleil. La route était toute droite. Je n’avançais pas très vite. Mais il y eut une plaque de boue et je sentis instantanément ma roue avant se dérober. Impossible de faire quoi que ce soit : ce fut la chute ! Ma moto valsa de son côté, et moi du mien. Je pus me relever immédiatement, choqué, mais debout. J’ai ramassé mes esprits, ramassé la moto, ramassé tous les objets qui s’étaient échappés du coffre. Et je suis reparti. J’étais rempli de boue, tout comme la moto. Un côté du guidon était en déglingue. Mais je suis reparti. Il le fallait : il n’y avait absolument personne sur cette petite route. Je n’avais de plus pas mon téléphone avec moi et quand bien même je l’aurais eu, je n’avais aucune idée d’où j’étais !
J’ai roulé jusqu’à la maison, comme un automate. J’avais froid, mais j’ai parcouru sans problème et prudemment la bonne trentaine de kilomètres nécessaires.
Arrivé, j’ai garé ma moto, enlevé mon pantalon déchiré, nettoyé de petites plaies aux jambes. Je me suis reposé un peu sans dormir pour autant. Je suis redescendu dans mon bureau pour y écrire, avec un peu d’avance, mon 800e billet célébrant les 10 ans de mon blog. Et j’ai commencé à écrire celui-ci : la chute… Tout allait bien.
C’est à ce moment-là que mon épouse préférée est rentrée. Je me suis levé pour l’accueillir, j’ai senti que j’avais un gonflement dans le bas du dos, j’ai surtout senti tout tourner autour de moi… et ce fut la chute, la deuxième ! Heureusement amortie. J’ai repris connaissance quelques instants plus tard, pour entendre la fin d’une communication téléphonique où l’on parlait d’ambulance. J’ai eu beau dire que ce n’était pas nécessaire, celle-ci est arrivée très vite. J’ai tout de suite reconnu le chef de l’équipe : Olivier, un vieil ami. Sa présence m’a rassuré.
Je vous passe les détails qui ont suivi. Transport à la clinique, accueil aux urgences, longue attente d’examens, ceux-ci se révélant globalement rassurants. Mais l’hématome sur ma fesse était d’une telle ampleur qu’ils ont préféré me garder en vue d’autres examens le lendemain. Ceux-ci sont rassurants aussi, même s’il me faudra un certain temps avant de pouvoir refaire mes promenades pédestres quotidiennes.
Il me faudra encore plus de temps pour remonter sur une moto : pour moi, c’est clair, c’est fini. Je m’en veux terriblement d’avoir fait cette chute juste au moment où je me préparais à revendre mon scooter et à en terminer avec cette belle histoire. Ce fut vraiment la dernière sortie de trop.
Pour terminer ce billet, il me faut… une chute, la troisième ! Elle n’est pas trop difficile, mais elle se fonde sur un paradoxe. Il est curieux de voir que – le jour de mon anniversaire – j’ai pris d’un coup quelques années de vieux… tout en me conduisant comme un gamin !
PS : la photo en illustration n’est qu’une illustration. Ce n’est pas ma moto. La mienne est moins amochée. Mais ça y ressemble quand même…
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