À la suite du référendum turc sur les pouvoirs de leur Président, et du soutien massif de la communauté turque belge, la question de la « double nationalité » ressort dans les débats, sans doute pour mieux nous faire oublier tout le reste. Question à la fois politiquement orientée et mal posée !
Question politiquement orientée : il s’agit avant tout de réagir à la menace du cosmopolitisme galopant, surtout s’il est un tantinet musulman. Tout le monde se fout pas mal de ceux qui sont à la fois Belges et Français, ou Italiens, ou Espagnols, etc. Les seuls qui posent problème sont comme par hasard les Belges qui sont aussi Turcs, ou Marocains, ou Algériens, etc. Ce sont ceux-là qu’il faudrait soi-disant obliger à choisir, alors même que certains n’ont pas le choix puisqu’ils ne peuvent pas, comme les Marocains par exemple, quitter leur nationalité d’origine. Cette double nationalité peut interroger. Mais pourquoi ne pose-t-elle vraiment problème que lorsqu’elle concerne une origine supposée musulmane ? Je ne veux pas être bisounours : l’islamisme violent existe et il faut tout faire pour s’en prémunir des dangers. Mais combien de fois faudra-t-il redire que ce n’est pas parce qu’on est musulman qu’on est un terroriste en puissance ?
Question mal posée : en quoi le fait de disposer d’une double nationalité pose-t-il problème ? L’existence de cette double nationalité ne me semble en soi poser aucune difficulté. Ce sont ses conséquences qui peuvent interpeller. Notamment le fait de pouvoir « voter » dans deux pays. Si les Belgo-Turcs n’avaient pas pu s’exprimer lors du référendum d’Erdogan, tout simplement parce qu’ils ne pourraient voter qu’en Belgique, la question de la double nationalité ne se poserait sans doute pas. Pas dans les mêmes termes en tout cas. La solution ne serait-elle donc pas d’amener toute personne concernée par une double nationalité à choisir la nation dans laquelle elle souhaite être considérée comme « électeur » ? Choix réversible bien entendu, dans le respect de certains délais pour éviter les girouettes électorales.
J’ignore totalement la faisabilité tant juridique qu’institutionnelle d’une telle proposition, mais elle me semble basée sur le bon sens même, dans le respect de chacun. On ne peut pas interdire à quelqu’un de se sentir appartenir à deux ou plus communautés selon son parcours personnel. Mais on ne peut pas non plus accepter pour autant qu’on puisse manger à tous les râteliers.
Dans ce domaine-là comme dans d’autres, plutôt que de vouloir passer son temps à interdire, ne peut-on pas simplement susciter auprès des gens de faire des choix positifs qu’ils assument pleinement ?
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