- c’est un ensemble de croyances qui définissent le rapport de l'homme avec le sacré, une reconnaissance par l'être humain d'un principe ou être supérieur (que certains peuvent appeler Dieu, mais qui est appelé ici « ballon rond »). Celui-ci semble d'une nature supérieure à tel point qu’on lui rend un culte ;
- le foot est un ensemble de pratiques propres à une croyance ou un groupe social, avec un véritable processus d’identité sociale ;
- le foot se caractérise par l'adhésion à certaines croyances et convictions. En ce sens, il peut être vu comme ce qu’il y a de contraire à la raison et jugé synonyme de superstition.
Finalement, à part la question de l’au-delà, la religion foot est une évidence. Elle a ses grands-messes, ses règles que les fans doivent suivre, ses uniformes et règles vestimentaires, ses célébrations. Ses déconvenues aussi. Tout comme dans les religions « officielles », le supporter d’une équipe se définit par son appartenance au groupe auquel il s’intègre, avec tous les sentiments qui sont liés à cette démarche : de l’adoration de ses idoles jusqu’à la colère, parfois violente, lorsque celles-ci n’apparaissent plus que comme de tristes humains imparfaits dans la défaite.
Ce n’est pas moi qui le dis (mais je le pense et l’écris). Sur le site très sérieux du Soir, un article du 5 décembre m’a poussé à formaliser ce qui me semble une évidence depuis un certain temps. Dans un entretien, le journaliste Pascal Martin interroge Jessica Morton, doctorante en psychologie sociale et de la santé à l’UCLouvain sur les réactions des supporters belges après l’élimination des Diables rouges à la Coupe du Monde Qatar 2022. Il titre : « La colère des supporters, c’est l’histoire d’une identité sociale finalement déçue ». Jessica Morton confirme en insistant sur l’aspect émotionnel de l’attachement sportif. Ce qui est troublant, c’est que tout ce que dit la chercheuse pourrait très bien s’appliquer à la religion catholique. En 2022, plus de 5000 Belges ont demandé d’être débaptisés, quatre fois plus qu’en 2020 ! Un ami, impliqué dans une fabrique d’église, m’expliquait que l’assemblée dominicale se réduisait à une dizaine de personnes, en concluant qu’il était dès lors absurde de continuer à fonctionner sur le même mode d’antan. Ceux qui cherchent une communion sacrée ne vont plus à l’église, mais au stade. C’est plus animé, moins moralisateur, mais tout aussi mobilisateur, sans oublier les satisfactions qu’apporte la troisième mi-temps et autres joyeusetés.
Faut-il s’en inquiéter ? Je ne pense pas. L’être humain a le besoin de s’intégrer dans un groupe. Les religions ont souvent joué ce rôle, avec d’ailleurs toutes les dérives qui l’accompagnent. Aujourd’hui, c’est le foot, avec les mêmes dérives. L’important n’est pas, me semble-t-il, de savoir quelle est la « religion » du moment. On ne peut de toute façon rien y faire.
L’important me semble d’éviter les dérives, et ce n’est pas évident. Je respecte fondamentalement une personne qui croit sincèrement en un Dieu, quel qu’il soit, et qui se nourrit de cette foi pour être plus humain. Je respecte aussi un passionné de sport qui prend du plaisir à suivre les exploits de son équipe favorite, et qui en profite pour rencontrer dans la joie d’autres supporters, y compris s’ils supportent d’autres équipes. Le problème, dans un cas comme dans l’autre, c’est quand on en vient à s’opposer, à se croire meilleur, à vouloir imposer sa façon de voir ou de vivre… L’être humain a besoin de passions et de rencontres. Seules celles-ci comptent vraiment !
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