Page extraite du livre que je lis pour le moment : Les lisières, d’Olivier Adam. Sorti en 2012, ce roman était promis au Prix Goncourt. Mais voilà, il ne figurait même pas sur la première liste des livres sélectionnés ! C’est peut-être à cause de la virgule. Dans ces dix lignes, prises quasiment au hasard, il y a – selon moi – au moins six virgules qui manquent. Et ça m’énerve.
C’est le premier livre que je lis de cet auteur. Je suis donc incapable de dire si c’est une manie dans son style, un choix délibéré constant, une volonté d’allonger les phrases, etc. Pour moi, tant dans mes travaux d’écriture que de relecture, j’ai toujours fait très attention aux virgules. À leur présence. À leur place. Au sens qu’elles apportent au texte. Ce n’est pas juste un signe de ponctuation qu’on met parfois, quand on en a envie. C’est un élément constitutif du langage écrit français qui est « utile à la juxtaposition, à la coordination et à la subordination ainsi qu’à l’encadrement et au détachement de groupes et de phrases ». Ce n’est pas moi qui le dis, mais le site Alloprof qui y consacre une excellente page faisant le tour de cette petite virgule.
L’exemple le plus classique est la phrase « On mange, les enfants » qui pourrait s’écrire « On mange les enfants » où l’on passe d’un repas convivial à celui d’une ribambelle d’ogres. Il est possible de trouver des exemples plus complexes : « L’extra-terrestre arrive dans le jardin un pistolet à la main la tête haute je l’attends debout derrière la porte mon mari se cache en tremblant de peur l’étranger phosphorescent pousse la porte sans crainte je m’avance un tir un cri et tout est fini ». Qui est dans le jardin ? Qui est armé ?. Qui est derrière la porte ? Qui a peur ? Qui n’a pas peur ? Qui tire et qui crie ? Pour répondre à ces questions il faut obligatoirement ponctuer convenablement le texte. Et savoir de plus, si on est en Belgique ou ailleurs…
Bref, une virgule, ça n’a l’air de rien, mais elle a son importance ! Alors, parfois, on peut discuter si on en met une ou pas. Par exemple, dans la phrase précédente, il faut une virgule devant « mais », comme il le faut toujours devant les coordonnants tels que mais, c'est-à-dire, donc, car, alors, puis, etc. Ça se discute cependant. Je n’en fais plus une religion. Tout en continuant à penser que placer une virgule rythme le texte et permet d’en faciliter la lecture.
Sans jamais oublier, comme a dit l’autre : « La vie est une série de virgules. Pas de points. »
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RépondreSupprimerAh, la virgule.
RépondreSupprimerJ'ai passé de nombreuses années et lu des centaines de livres, sans jamais m'apercevoir que celle-ci devait être attachée au mot.
Pourtant à l'école dans les dictées je laissais toujours un espace entre les deux, et n'ai jamais eu de zéro.
Différence entre l'écriture manuscrite et celle imprimée ? ou alors je me suis toujours trompé.
Les règles concernant les espaces n'ont de raison d'être qu'en typographie où elles (oui, oui, au féminin) sont un caractère en soi que les typographes devaient ajouter dans leur texte. Il y a des espaces de plusieurs grandeurs, et des règles pour la ponctuation. On ne lit évidemment pas ces espaces, ni les signes de ponctuation d'ailleurs. Mais leur existence facilite la lecture. Donc, oui, les règles d'écriture manuscrite (en voie de disparition) sont différentes de celles de l'écriture imprimée.
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