Cela fait trois ans et demi que je viens périodiquement en mission à Madagascar. J’ai la chance de descendre chaque fois dans un hôtel merveilleux, le Palissandre. Vraiment, c’est un véritable havre de paix. Loin de l’anonymat et de la froideur des grands hôtels chics et chers, on trouve ici proximité, chaleur, douceur, confort, luxe, calme et volupté.
Alors que les restaurants de la plupart des autres hôtels que je fréquente un peu partout dans le monde sont soit inexistants soit sinistres soit inapétissants, une force du Palissandre est cet espace à dimension humaine qui propose des mets plus délicieux les uns que les autres. Je ne suis pas vraiment ce qu’on peut appeler un gourmet et, en règle générale, je me cantonne plutôt à ce que je connais déjà n’aimant pas trop confronter mes papilles gustatives à l’inconnu. Pourtant, ici, je choisis chaque jour un des deux plats du jour et je suis quasiment chaque fois ravi. C’est fin, succulent, esthétique et délicat, à défaut d’être copieux. Juste ce qu’il faut, mais la qualité remplace largement la quantité.
Et pourtant, dans ce paradis, il y a une lueur d’enfer ! Comme tout enfer, c’est sans doute moi qui le construis, qui l’interprète tel. Mais c’est l’enfer quand même. Tout le personnel de l’hôtel et du restaurant a pour consigne d’être serviable et amical. Bonjour par ci, comment allez-vous par là, bienvenue par delà, etc. Admettons.
Mais le personnel de table a aussi pour mission de veiller à ce que les verres des convives soient toujours remplis (ce qui a l’avantage de vider les bouteilles et d’éventuellement nécessiter leur remplacement). Moi, je bois une misérable petite bouteille d’eau gazeuze. Rien de plus banal. Elle n’est pas très grande. Juste ce qu’il faut pour tout le repas. Mais si on vient remplir le verre un peu trop souvent, il risque de ne pas y avoir assez d’eau, et surtout de ne plus avoir de bulles !
Le plus ennuyeux n’est pas là pourtant. Chaque fois qu’un serveur vient remplir mon verre, j’ai l’impression qu’il me donne à manger. Vous imaginez des serveurs qui tiendraient les couverts et prendraient les morceaux dans l’assiette pour les glisser gentiment dans votre bouche. Ce serait intolérable. Je ne peux m’empêcher de ressentir cette intolérance à chaque bouteille qui se soulève par une autre main que la mienne !
J’ai bien conscience de l’ambiguïté fondamentale de ce ressentiment. Finalement, on fait tout pour moi, dans cet hôtel comme dans un autre : on fait mon lit, on nettoie ma chambre, on change mes serviettes de bain, on m’apporte à table mes plats, etc. Je n’ai quasiment rien à faire, si ce n’est défaire le lit, utiliser mes couverts, lever mon verre… (et payer bien sûr). J’aimerais tant pouvoir – comme un grand – vider ma bouteille moi-même. Mais c’est bien difficile.
Hier, j’avais manifesté sans doute un peu trop ostensiblement ma mauvaise humeur. Aujourd’hui, le service était superbe et le personnel impeccable, à commencer par mon ami Iando, maître d’hôtel pris en photo. J’ai même eu droit à une petite conversation avec le patron. Mais rien n’est parfait : j’ai quand même hérité d’un serveur qui – voulant en faire trop – a commencé à vouloir vider la petite bouteille d’eau dans mon verre à moitié plein. Dur destin !
Ah, que d'émotion de découvrir les photos de l'hôtel Palissandre. De merveilleux souvenirs passés en ta compagnie dans ce pays extraordinaire. C'est vrai que cet hôtel est vraiment agréable et apaisant. Profite de ces petits moments doux même si je sais que tu seras content de rentrer au pays. Bisous
RépondreSupprimerBrigitte