J’étais parti en balade. J’adore prendre la voiture et me laisser conduire là où elle veut me mener. Sans obligation d’aller quelque part. Juste pour le plaisir. J’avoue que par les temps qui courent, je profite de moins en moins de ce plaisir qui non seulement coûte de plus en plus cher, mais qui surtout ne fait que contribuer à détruire un peu plus notre planète et son climat. Cependant, ce matin-là, il faisait beau, et je n’avais pas pu résister à l’appel de la promenade automobilisée.
Je ne sais plus trop où j’étais. Je roulais à mon aise, goûtant chaque parcelle du paysage. La route serpentait. Elle était en bon état, mais ci et là on voyait qu’elle avait bénéficié de travaux de réfection. À la sortie d’un long tournant, je vis d’ailleurs le panneau ci-dessus indiquant des travaux. J’avoue ne pas m’en être inquiété : nous étions un dimanche et il y avait peu de chance que les cantonniers soient à l’ouvrage. De plus, mon train de sénateur ne me faisait pas craindre de brusques coups de freins.
Grossière erreur. Une centaine de mètres plus loin, il y avait bien des travaux. Et près d’eux, toute une série de voitures étaient stationnées. Un agent de police me fit un signe péremptoire pour aller les rejoindre. Je ne pus que m’exécuter.
Très cordial, l’agent s’approcha et m’expliqua que plutôt que d’instaurer des zones à péage sur les routes, il avait été décidé de créer des zones à travail obligatoire. J’étais donc prié de rejoindre le groupe des travailleurs et – étant donné que ma vitesse avait été contrôlée à du 57 km/heure – de consacrer 57 minutes de mon temps à réparer quelques menus trous sur la chaussée. Charmant, il m’expliqua que j’avais beaucoup de chance, car la plupart des autres travailleurs roulaient au minimum à du 90 km/heure.
J’allai donc rejoindre le groupe où j’appris à manier pelle, brouette, cailloux et autre goudron. Non sans m’étonner de constater que non seulement certaines voitures continuaient à circuler librement sur la route, mais aussi que notre petit groupe de travailleurs forcés n’était composé que d’hommes, à l’exclusion de toute femme.
Après 57 minutes de travail effréné, l’agent vint me prévenir que je pouvais continuer ma route. Il m’offrit même un rafraîchissement, en me signalant que celui-ci était offert par la marque qui sponsorisait la dite action.
Le temps avait passé et, plutôt que de continuer ma route, je décidai de faire demi-tour et de rentrer chez moi. Me retournant une dernière fois pour contempler cette zone étonnante, je vis un signal auquel j’avoue n’avoir pas été attentif lorsque j’étais arrivé et qui expliquait bien des choses !
Ainsi donc, les femmes étaient exclues de cette contribution citoyenne ! Décidément, ne reste-t-il pas beaucoup de chemins à faire pour l’égalité des genres ?
Décidément cette rubrique est toujours aussi délirante !
RépondreSupprimerMoi elle me fait rire ou sourire plusieurs fois : en la lisant, en m'imaginant le tableau, les forçats de la route sur leurs tas de cailloux voyant passer leurs femmes vers quelque shopping ou tasse de café chaud !..
Et puis, la question subsidiaire que je me pose : mais où va-t-il trouver tout ça ? J'imagine la retouche des panneaux, et ça me fait encore sourire ! Ne me dis pas que tu les piques quelque part !!!?
L'égalité ? ah oui, j'étais hors sujet !
Bien sûr, d'aucuns diront que la galanterie est le dernier masque de camouflage du machisme... Mais elle est si charmante ! Je ne suis pas sûre d'être assez féministe pour vouloir son abolition ! Ou alors, quand on obligera les hommes à accoucher.
;-)