mercredi 14 novembre 2007

Frontière linguistique

(Cliquer sur la photo pour l'agrandir)

Un des grands reproches que font les Flamands aux francophones (du moins ceux qui habitent en Flandre), c’est qu’ils ne sont même pas capables d’apprendre la langue de la région dans laquelle ils vivent.

Les Flamands ont tout à fait raison : lorsqu’on vit dans une région, la moindre des choses est d’en apprendre la langue. Si j’allais vivre dans un pays où on ne parle pas le français, j’imagine qu’après 10 ans je parlerais la langue du pays. Par nécessité.

Cela fait 21 ans que je vis en Flandres… et j’avoue que mon néerlandais n’est pas excellent. Cela ne veut pas dire qu’il est nul, mais enfin, je ne suis pas bilingue. Comme beaucoup de francophones qui sont à peu près dans la même situation que moi.

Oui, je vis en Flandre. Le long de la frontière qu’on dit « linguistique ». Sur la photo aérienne, j’habite au point bleu du milieu de l’image. La ligne rouge est bien sûr la frontière linguistique : tout ce qui est au nord de la ligne est en Flandre et tout ce qui est au sud est en Wallonie. Je vis dans une enclave : que ce soit à l’ouest, au sud ou à l’est de mon domicile, on est en Wallonie et on parle français. On ne parle flamand qu’au nord. La largeur de l’enclave est d’environ 3 km. Bref, j’habite en Flandres par accident.

Mais l’important n’est pas là. La réalité, c’est que je ne dois quasiment jamais parler flamand. La ville la plus proche est Wavre, du côté francophone. Je travaille à Louvain-la-Neuve, du côté francophone. Le village d’Ottenburg est à côté de chez nous : nous y faisons quelques courses. Tous les commerçants pratiquent les deux langues indifféremment. La plupart du temps (c’est-à-dire rarement), je leur parle en français, mais je reconnais que je pourrais le faire en néerlandais. Ce serait plus logique (sauf quand la caissière de l’épicerie est elle-même francophone !). Les seuls moments où le flamand est indispensable, c’est pour les contacts officiels avec la commune. Quelques mots par an… et on peut se comprendre autrement pour de nombreuses opérations.

En d’autres termes, il n’y a pas de raison impérieuse de maîtriser le néerlandais, puisque je ne l’utilise quasiment jamais. La plupart des francophones de la périphérie sont dans le même cas : ils habitent en Flandre, mais travaillent à Bruxelles ou en Wallonie, vivent entourés de francophones, etc. J’imagine que certains d’entre eux sont tout à fait opposés à l’idée d’apprendre le néerlandais. Si c’est le cas, c’est une attitude particulièrement stupide. Les autres n’y sont pas opposés, mais ne peuvent se situer dans un apprentissage fonctionnel.

Pour moi, le réel problème réside dans cette frontière linguistique que les flamands voudraient voir tracée sur le sol. Mais les frontières ne sont jamais tracées : ce sont des lignes imaginaires. Sauf lorsqu’elles séparent des « ennemis » : j’ai vu, il y a quelques temps déjà, la frontière entre l’Allemagne de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est. Ce n’était pas une frontière virtuelle ! J’espère que la frontière linguistique ne deviendra jamais une ligne de démarcation, concrétisée par des barbelés et surveillée par des miradors.

Je ne dis pas que la frontière linguistique ne doit pas exister. Des frontières, il y en a partout. Mais je dis qu’elle ne doit pas devenir un carcan, ni d’un côté ni de l’autre. Je ne suis pas sûr de pouvoir être entendu !

2 commentaires:

  1. J'ai lu avec beaucoup d'intérêt ces remarques sur la frontière linguistique.
    En France, on commence à parler pas mal de la crise qui secoue la Belgique en ce moment.Aussi, c'est très intéressant de recueillir un témoignage "de l'intérieur".
    Je vous souhaite de retrouver très vite le chemin de l'unité.
    Ce serait en effet trop bête (j'allais dire autre chose) de se battre pour une langue!
    Mais les hommes sont ce qu'ils sont, on le sait bien: il y en a toujours qui essaient d'éteindre les réverbères que d'aucuns s'efforcent d'allumer

    Amitiés franco-belges

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  2. Nous avons ressenti ce réel problème lors d'un séjour à Bruges, il y a deux ans. Au départ, en tant que français, nous ne nous étions pas posé la question de la langue....mais très vite nous avons remarqué une certaine hostilité de la part des commerçants à notre égard.
    La visite guidée de la ville en français par une flamande a renforcé ce sentiment par l'expression de remarques très "anti wallons" et "anti français".
    L'objectif était il de nous faire fuire? Nous étions venus en amis découvrir une très jolie ville, nous sommes repartis assez décus par l'accueil que nous avons reçu.

    Béa

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