L’heure n’est pas aux réjouissances avec une Belgique laminée par des égocentrismes lamentables, au Nord comme au Sud ou au centre. Mais, puisque j’ai fait mine de ne rien y comprendre (sans être sûr d’avoir été compris dans ma démarche ironique), je ne tiens pas à approfondir ce déchirement bien fâcheux.
La Belgique, comme d’autres pays, est confrontée à d’autres problèmes, peut-être encore plus navrants. Je veux parler de la pédophilie dans le clergé catholique.
Le numéro deux du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, qui avait créé la polémique début avril en liant les crimes de pédophilie à l’homosexualité, a remis ça. Il a affirmé dimanche que la multiplication des scandales de pédophilie parmi les religieux catholiques était sans lien « direct » avec le célibat imposé aux prêtres.
« Il n’y a pas de relation directe entre le célibat et la conduite déviante de certains prêtres. Au contraire, c’est précisément le non-respect du célibat qui produit une dégradation progressive de la vie du prêtre qui cesse d’être un exemple, un don, un guide spirituel pour les autres. »
En soi, il a raison : le célibat des prêtres peut contribuer à les rendre disponibles tant à leur propre spiritualité qu’aux « fidèles » dont ils ont la charge. On peut donc très bien être célibataire sans être nécessairement pédophile, que l’on soit prêtre ou non d’ailleurs.
Mais les déclarations du cardinal Bertone semblent montrer que l’Église ne s’interroge pas réellement sur les raisons du phénomène. Ce n’est sans doute pas le célibat qui crée la pédophilie, mais c’est peut-être la pédophilie qui crée le célibat. Comme je l’ai lu dernièrement dans un commentaire sur Facebook, sous la plume du journaliste André François, « si on est pédophile, c’est… qu’on est pédophile ». Pour des raisons que j’ignore, et vraisemblablement liées à l’histoire de chacun, certains sont – malheureusement – attirés par les enfants. Quand un jeune à l’aube de sa carrière ressent cette pulsion, cela doit lui poser de nombreux problèmes. Quelle issue ? L’une d’elles est peut-être le célibat ecclésiastique. Ne pouvant avoir de relations sexuelles « normales », ils peuvent se dire, tant qu’à faire, que le mieux est de ne pas en avoir du tout. Le célibat des prêtres, bien réglementé, leur offre alors une porte de sortie.
Une porte de sortie, peut-être. Mais pas une solution. Au contraire, les pulsions ne doivent être que plus vives et la seule solution qui s’offre à eux est alors de transgresser l’interdit et de s’attaquer aux faibles victimes qu’ils convoitent.
En d’autres termes, je pense que le célibat des prêtres n’est pas la cause de la pédophilie – et que la majorité des prêtres ne sont pas pédophiles -, mais qu’il n’aide certainement pas à déplacer les pulsions négatives sur des objets de désir plus sains.
En écrivant ceci, je ne cherche pas à influencer d’une quelconque manière l’Église catholique. Mais tant qu’elle n’acceptera pas de regarder en face sa propre réalité, elle ne pourra pas progresser. À ce stade de ma réflexion, c’est comme pour la Belgique : j’ai quelques doutes…
D'accord avec toi pour estimer que la pédophilie peut créer le célibat, mais je suis par contre convaincu que l'inverse est vrai aussi. On en revient toujours à des pulsions monstrueuses de toute façon. Je trouve ta réflexion intéressante quand tu sous-entends que certains prêtres se dirigent dans cette voie pour tenter de résister en se créant ainsi une pseudo abstinence. Mais je ne crois pas que ceux qui ont ce genre de pulsions fassent illusion bien longtemps, sans vouloir généraliser évidemment...
RépondreSupprimerAprès, comme tu dis, je ne pense pas que tous les prêtres soient pédophiles. Et que d'innombrables pervers de par le monde ne les ont pas attendu pour commettre leurs atrocités...
Mais quand on voit les valeurs qu'est censée véhiculer l'Eglise et qu'on voit tous les squelettes dans les placards, ça fait peur quand même...